[Inspiration] Rémi Camus a traversé l'Australie en courant pour le climat

"Je suis aventurier et explorateur depuis plus de 12 ans et je travaille essentiellement sur la problématique de la préservation de l'eau. C'est une cause qui me tient à coeur." Voilà comment Rémi Camus résume son parcours en quelques mots.

À l'autre bout du fil, sa voix est posée et les mots sincères. Pragmatique et inspirant, l'homme a un vaste CV et des histoires à raconter. Parmi ces expéditions les plus mythiques, le baroudeur cumule la traversée de l'Australie en courant en 2011, la descente du Mékong en hydrospeed (flotteur qui se dirige avec des palmes, N.D.L.R.) en 2013 ou encore le tour du littoral Français à la nage en 2018.

Il est notamment rendu célèbre en tant que présentateur dans l'émission "On vous embarque !", sur France 3 Centre-Val de Loire. Mais pourquoi axe-t-il ses aventures autour de l'économie de l'or bleue ? Là encore, Rémi Camus fait appel à son passé... "Ma traversée de l'Australie s'est étendue sur près de 5 400 kilomètres. À certains moments, j'ai manqué d'eau. Je suis allé jusqu'à boire mon urine pour survivre. Depuis, c'est devenu un combat".

L'aventure dès l'enfance

Avant ces exploits, l'aventurier naît dans un petit village au coeur du Cher. Tout jeune, il s'acclimate à la nature. "La ville était hostile pour moi", se rappelle-t-il. Plus tard, alors qu'il est maître d'hôtel dans la restauration, le Chérien quitte la France pour voyager et se sentir libre.

Il dessine alors sa philosophie : "Faire les choses à fond, ou ne pas les faire". Ce leitmotiv, le livre du coureur français Jamel Balhi, qui a traversé un continent en courant, l'exacerbe. "S'il a réussi, je peux en faire autant", s'est-il dit. Le sportif avait alors couru à travers l'Australie.

"Nous pouvons tout faire, cela dépend de la motivation et de la discipline", assure l'explorateur de 37 ans. Rémi Camus lie aussi la motivation à la création d'entreprise : "Elle réside dans le premier projet, puis, il y a les moments difficiles. Il faut alors se remotiver et ne rien lâcher afin de retrouver son objectif. Dès lors, la discipline devient nécessaire".

Oser et au pire apprendre

Si la théorie peut paraître simple, la pratique diffère lors d'imprévus. C'est là qu'intervient l'adaptabilité... Par exemple, lorsqu'il descend le Mékong, du Tibet au Vietnam afin de comprendre l'accès à l'eau dans ces régions, Rémi Camus rencontre des difficultés pour échanger avec les populations.

"Il fallait dépenser beaucoup d'énergie dans le but de communiquer. Alors je dessinais pour échanger", affirme-t-il. Idem au cours de son tour des côtes françaises à la nage au cours duquel il se désole de la pollution du littoral. "Ça a été une aventure interne, sans vue, ni toucher, ni odorat, ni ouïe. Il fallait se focaliser sur soi-même afin d'être apaisé et en fusion avec les éléments", ajoute le trentenaire.

Lui, encourage les gens à oser. Mais qu'est-ce que cela signifie ? "C'est se lancer sans savoir si l'action que nous allons réaliser va être gagnante. Dans la vie, soit nous réussissons soit nous apprenons, explique l'aventurier. Il faut donc de l'expérience afin d'acquérir une expertise. Toutes mes expéditions ont été ponctuées d'épreuves et d'astuces pour les surpasser".

La préparation contre le stress

Bien sûr, toutes ces échéances et péripéties peuvent être vectrices de stress. Pour le minimiser, l'explorateur à ces recettes... "Il y a trois étapes à ne pas négliger en amont : la préparation, la réalisation et la restitution", énumère-t-il. Selon lui, chaque aventure est constituée par 70 % de préparation et 30 % de hasard. Ce dernier est en partie constitué d'imprévus qui peuvent être négatifs comme positifs. "Mais, en général, une idée n'est jamais une réussite à 100 % !" relève Rémi Camus.

Concernant ces trois parties phares, la préparation doit aussi inclure du temps pour soi, "car en ayant la tête dans le guidon, la performance n'est pas au rendez-vous", ajoute-t-il. Cette phase intègre aussi la communication qui va permettre de questionner son projet. "Pour être efficace dans l'organisation de mes expéditions, je tente de me fixer chaque jour un objectif. Ainsi, j'essaye de penser au futur et de vivre au présent", philosophe-t-il. Axé aussi sur le dépassement de soi, il a notamment écrit un livre, "Aventurier de la vie", aux éditions Robert Laffont.

Calvi-Monaco dans l'eau

Le prochain projet du baroudeur consistera à relier Calvi (Haute-Corse) à Monaco à la nage. Initialement prévu pendant deux semaines en septembre 2022, il a été repporté. Pour ce défi nommé The Next Exploration, il s'est entouré d'une équipe de 65 personnes. Cela va des communicants, aux ingénieurs, en passant par les préparateurs physiques.

"Je recherche des personnes capables d'apporter quelque chose à l'exploration tout en ayant un point de vue différent. C'est ce qui fait qu'un projet a du sens", détaille le nageur qui a fait le tour du lac Léman en 2021 pour s'entraîner. En collaboration avec le CHU de Grenoble, l'aventure vise à travailler sur le stress en milieu hostile et à alerter sur les rejets de déchets dans la mer.

Lorsqu'il se lancera dans la Méditerranée, Rémi Camus sera seul à tracter une embarcation de 3,80 mètres, sur laquelle il dormira. Cet épisode en solitaire, le trentenaire l'appréhende comme une retraite sur lui-même. "Je vais prendre du recul. Et vu que je suis papa depuis juillet, il faut que je réfléchisse", évoque-t-il avec fierté. À ses yeux, les défis valent la peine d'être vécues pour ensuite être partagées. "Nous avons tous besoin de transmettre. Un papa qui va avoir un enfant, c'est une transmission à une génération future", esquisse le rêveur avec optimisme.