Burn-out des dirigeants : l'alerte rouge est déclenchée !

Si le burn-out est un sujet de plus en plus discuté dans le monde du travail, il reste un angle mort quand il s'agit des CEO, CFO et membres de comex. Pourtant, leur niveau de stress explose, dans un environnement où la pression ne cesse de croître.

Un malaise grandissant au sommet

En 2024, 66 % des dirigeants français déclarent souffrir d'épuisement professionnel. C'est une progression spectaculaire par rapport à 2023, où ils n'étaient "que" 40 % à en faire état. Ce taux dépasse de dix points la moyenne mondiale (56 %), signe que le contexte français est particulièrement tendu.

Le tabou reste tenace : peu de dispositifs existent pour soutenir les dirigeants, alors même que les exigences qu'on leur impose augmentent sans relâche. Ils doivent jongler avec une instabilité permanente : turnover au sein des équipes dirigeantes, exigences stratégiques croissantes, résultats à livrer, attentes des collaborateurs à gérer. Un quotidien sous tension, auquel s'ajoutent des facteurs de stress externes - géopolitique, transition écologique, incertitudes économiques - qui achèvent de saturer leur charge mentale.

Des défis multiples, peu de soutien

Le paradoxe est frappant : on attend des dirigeants qu'ils soient des piliers de stabilité, mais ils évoluent dans un contexte particulièrement mouvant. Selon l'étude, 29 % des dirigeants identifient les enjeux environnementaux comme leur défi externe principal, suivis de près par les tensions géopolitiques (27 %) et les incertitudes commerciales (26 %). Du côté des facteurs internes, les difficultés se concentrent sur le développement des compétences (21 %), la performance des équipes (20 %) et la gestion des attentes des collaborateurs (20 %).

Malgré ces défis, l'accompagnement reste lacunaire. Près de trois quarts des dirigeants interrogés expriment le besoin d'un meilleur soutien : mentorat, parcours de formation, suivi individualisé, planification de la succession... autant de leviers qui restent encore trop peu activés.

Instabilité et perte de repères au sein des comex

La crise du leadership se double d'une instabilité structurelle. En France, près de la moitié des dirigeants (48 %) déclarent avoir connu un turnover supérieur à 50 % dans leur équipe de direction en 2024. Un chiffre qui rend toute construction d'équipe et de vision collective extrêmement difficile. Cette instabilité s'accompagne d'un fort désir de mobilité : 41 % des dirigeants envisagent de changer de poste d'ici trois ans, en interne ou en quittant l'entreprise. Chez les plus jeunes (18-24 ans), cette envie grimpe à 37 %.

Cette volatilité au sommet compromet la clarté stratégique. Un dirigeant sur trois pointe un manque de lisibilité sur les orientations de son entreprise, nuisant à sa capacité de décision et à la cohésion des équipes.

Le besoin d'une nouvelle culture du soutien

Face à cette situation, Anne-Caroline Moeller, directrice générale de LHH ICEO, appelle à un changement de culture : « On demande aux dirigeants d'incarner la stabilité, alors qu'eux-mêmes évoluent dans un environnement profondément instable. Il faut penser un accompagnement collectif et individuel, y compris au niveau des comités de direction. »

Le constat est sans appel : les dirigeants ne sont pas immunisés contre la pression. Leur bien-être est un enjeu stratégique pour l'avenir des organisations. Et leur offrir les moyens d'un leadership durable n'est plus une option, mais une urgence.