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[Mentore] Justine Dupont surfe l'appréhension

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[Mentore] Justine Dupont surfe l'appréhension

À 30 ans, Justine Dupont surfe les plus grandes vagues du globe. Lorsqu'elle saute sur sa planche pour s'engager à plus de 60 kilomètres/heure dans un mur de 20 mètres, la championne regorge de confiance en elle, et en son équipe qui l'épaule en mer. Pour réussir, elle décrit la nécessité de se préparer correctement et de bien s'entourer.

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"J'ai 30 ans, je suis surfeuse professionnelle, j'aime l'océan et les grosses vagues". Justine Dupont donne le ton. Mais ne vous méprenez pas... Parmi ces vagues qu'elle dévale en funambule, certaines mesures plus de 20 mètres. Dans ces monstres de la nature, où la préparation est primordiale et la chute dangereuse, la surfeuse nous confie quelques bribes de sa gestion du stress, du risque, ainsi que des sensations sur le fait d'être une femme dans un milieu à majorité masculine.

Native de Bordeaux, elle commence le surf en famille à l'âge de 11 ans. 4 ans après, elle devient vice-championne du monde de la discipline. Sa planche, elle ne la quittera plus, tout comme les récompenses. Mais celle qui aurait pu s'épanouir en compétition se dirige vers l'inconnue... En 2013, Justine Dupont surfe une vague de 15 mètres et signe le record de la plus grosse vague descendue par une femme.

Liberté

Xabi Barreneche / Red Bull Content Pool

Xabi Barreneche / Red Bull Content Pool

Justine Dupont in Nazaré, Portugal on November 8, 2018 // Xabi Barreneche / Red

"Lorsque j'ai goûté à cette sensation, j'ai voulu partir dans le surf de grosses vagues. Au sein de ce nouveau sport, nous ne sommes pas dépendants des compétitions, mais plutôt de la houle, précise la surfeuse. En revanche, si les conditions s'y prêtent, nous pouvons être prévenus 48 heures à l'avance d'une session qui se déroule à l'autre bout du monde". Au coeur de cette pratique, Justine Dupont à trouver de nouveaux repères qui lui sont chers. "Avec Fred (son compagnon et associé, N.D.L.R.), nous cherchons les vagues qui nous plaisent, en fonction de la passion et de l'envie. Nous sommes beaucoup plus libres », explique-t-elle. Depuis 2018, le couple s'est installé sur le spot mythique de Nazaré au Portugal.

L'activité impose également un côté entrepreneurial au sport. Car en voyageant toute l'année aux quatre coins du monde, la surfeuse et son équipe sont amenées à gérer des plannings souvent serrés et des budgets pour l'achat de planches ou des jet-skis. "Nous dirigeons à deux avec Fred en se répartissant les tâches. Lui s'axe sur la partie jet-ski pour m'emmener au point de départ de la vague et me récupérer après. D'autres personnes nous épaulent, notamment sur la partie vidéo, comptabilité ou préparation mentale", confie-t-elle.

La chute

Malgré tout, ce riche quotidien n'empêche pas de passer à côté des difficultés... "En 2018, lors des championnats du monde sur l'Île de Maui à Hawaï, la vague de Jaws m'a luxé l'épaule et déchiré les ligaments du genou, se rappelle-t-elle avec amertume. En 2019, j'y suis retourné pour prendre ma revanche, mais mon corps ne voulait pas. Ça a été un deuxième échec".

Pour se relancer à l'assaut de cet énorme rouleau, la prodige de 30 ans se prépare physiquement et psychologiquement. Sur ce point, la sportive est accompagnée par des spécialistes et notamment un coach dédié à la préparation mentale des sportifs de haut niveau, une psychologue, un magnétiseur et un acuponcteur. En effet, qui dit plus grosse vague, dit aussi plus gros risque. Afin de les limiter, Justine Dupont s'intéresse à de nouvelles pratiques, à l'instar de l'apnée.

Fred Pompermayer / Red Bull Content Pool

Fred Pompermayer / Red Bull Content Pool

Justine Dupont on her jetski with partner Fred during the big wave season. // Fr

Rebondir

Alors que le Covid met entre parenthèses les rendez-vous du surf de grosse vague, elle finit par se créer l'opportunité en 2021. "Je suis retourné à Hawaï, j'ai persisté, j'y croyais encore, retrace-t-elle avec émotion. Le spot avait une houle inconnue depuis 10 ans... Et ça l'a fait. C'était magique. Mais il a fallu y croire pendant trois ans !"

La session représente à ses yeux l'une de ses meilleures performances en surf. Après cela, elle assure vivre sur un nuage. "Nous passons tellement de temps à nous entraîner. Alors lorsque tout s'aligne pour quelques secondes sur une vague, c'est magnifique. L'équipe et moi, nous ne faisons qu'un avec l'océan", s'exclame-t-elle.

Face à ce sport qu'elle qualifie de "violent, froid et hostile", la professionnelle remarque la nécessité de se retrouver dans des moments doux pour construire son équilibre. "Cela peut être très divers, comme allumer une bougie ou faire un gâteau", précise-t-elle. Ce cadre de vie, elle en est sûre, va lui permettre d'avoir un futur plus brillant.

S'entourer

"Dans la vague, il y a de la peur, mais aussi la sensation d'être une guerrière. C'est aussi une grande prise de décision, tempère-t-elle. Puis vient la sensation de se sentir au bon endroit, au bon moment". Mais pour ressentir tout ça, la confiance reste un socle primordial. "Il y a une grosse confiance avec Fred qui me positionne au bon endroit puis en moi-même pour surfer la vague", annonce-t-elle. Cette confiance, la surfeuse la cultive aussi dans l'eau avec des confrères comme le brésilien Lucas Chumbo, spécialiste du surf de grosses vagues.

En France, parmi les 80 000 licenciés à la Fédération Française de Surf en 2020, seuls 35 % sont des femmes. Aux yeux de la championne, ces chiffres sont en pleine évolution. "Il y a de plus en plus de femmes qui surfent. Mais je n'ai jamais regardé ça", remarque-t-elle. En effet, la recette de ce succès réside selon elle dans le souhait de faire mieux et différemment. "Parfois, les modèles étaient masculins, alors il fallait les dépasser. Je n'ai jamais perçu le fait d'être une femme comme un avantage ou un inconvénient. Le secret est d'oser et de s'entourer avec des personnes qui nous aiment et nous respectent. Ensuite, nous pouvons croire en nos rêves et les mettre en pratique", martèle-t-elle.

Dans cette vie comparable à celle des entrepreneurs, riche en échéances et en risques, elle recommande d'oser l'investissement. Pour gérer ses équipes, elle remarque la nécessité de passer du temps à communiquer avec afin de gagner la confiance de chacun. "Plus l'objectif est important, plus le chemin est riche", conclut Justine Dupont en pensant déjà à sa prochaine vague... À Tahiti cette fois-ci.

Fred Pompermayer / Red Bull Content Pool

Fred Pompermayer / Red Bull Content Pool

Justine Dupont gains speed on a huge wave at Jaws in Maui, Hawaii. // Fred Pompe


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