On ne casse pas un plafond de verre avec un PowerPoint

Le plafond de verre n'est pas un problème de conscience. C'est un problème de structure. Les freins sont connus :

- Biais dans l'évaluation de la performance.

- Réseaux informels d'accès aux opportunités.

- Modèles de leadership par défaut fondés sur des normes masculines.

- Absence de critères clairs dans les décisions de promotion.

Aucun PowerPoint n'a jamais suffi à changer un système. Et pourtant, la majorité des entreprises continuent d'investir dans des approches "soft", bien intentionnées mais peu transformationnelles. Parce qu'elles sont faciles à mettre en oeuvre, peu engageantes politiquement, et donnent l'illusion d'un engagement rapide.

Mais la réalité est plus dure : ce sont des actions à faible impact déguisées en leviers de changement.

La réalité, c'est que beaucoup d'initiatives sont symboliques.

Une conférence sur les stéréotypes ? Un webinaire sur "oser prendre sa place" ? Une masterclass "prendre confiance en soi" ?

Résultat : les femmes écoutent, prennent des notes... puis retournent dans un environnement qui, lui, n'a pas bougé d'un centimètre.

Le message implicite ?
C'est à elles de s'adapter.
Pas au système de s'ajuster.

Et quand elles ne progressent pas, on remet en cause leur posture, leur ambition ou leur visibilité... jamais les règles du jeu.

Ce qu'il faut, ce sont des leviers systémiques, pas des injonctions individuelles.

Si une entreprise veut de vrais résultats, elle doit changer les règles du jeu.
Cela implique :

- Des processus équitables de nomination : clairs, objectivés, transparents,

- Des managers formés à repérer et sponsoriser activement les talents féminins,

- L'intégration du leadership féminin dans la stratégie de succession, pas dans la boîte à outils DEI,

- Des indicateurs de suivi : qui progresse, qui reste bloqué, et pourquoi.

Et surtout : arrêter de faire reposer le "développement" uniquement sur les épaules des femmes.

Ce n'est pas un sujet de motivation. C'est un sujet de mécanisme.

Ce ne sont pas les femmes qu'il faut "outiller". Ce sont les environnements qu'il faut re-concevoir.

Ce que nous appelons "plafond de verre" n'est pas une métaphore magique.C'est un système reproductible, modélisable, et donc modifiable. Mais il faut avoir le courage de le traiter comme tel,pas comme un sujet périphérique.

On ne change pas une culture avec un discours. On la change avec des décisions.

Alors non, on ne cassera pas le plafond de verre avec une formation d'une heure ou une jolie infographie. Mais on peut commencer à l'éroder en alignant enfin ce que l'on dit... avec ce que l'on fait.

Adeline Segaux, Senior Behavioral Scientist chez CoachHub : Adeline Segaux allie plus de vingt ans d'expérience internationale en entreprise à une expertise profonde en coaching, développement du leadership et transformation organisationnelle. Elle intervient à la croisée de l'intelligence interculturelle, de l'alchimie émotionnelle et du leadership intuitif et stratégique.Elle accompagne les individus et les organisations dans la création de cultures du travail plus humaines, alignées et durables. Elle est particulièrement engagée auprès des personnes en transition, des profils neuro atypiques et à haut potentiel, qu'elle accompagne pour révéler leur puissance personnelle à travers une approche à la fois scientifique et profondément humaine.