[Tribune] Être au codir n'induit pas seulement des droits, mais surtout des devoirs
Une nomination au comité de direction est certes un acte de management du chef d'entreprise vis-à-vis de certains de ses collaborateurs - mais pas seulement. Tel Hercule et ses 12 travaux, elle engendre aussi 12 devoirs fondamentaux pour ceux qui briguent ces fonctions à responsabilité.
Je m'abonneL'entrée au comité de direction est souvent perçue comme une promotion et une reconnaissance de l'engagement de managers pour leur entreprise. Mais il ne faudrait pas se méprendre : être nommé au codir n'est pas seulement une récompense pour faits d'armes passés, il s'agit avant tout d'une nouvelle fonction managériale et d'une nouvelle responsabilité avec son lot de nouveaux devoirs.
Le premier étage du système managérial
Au sein d'une PME, le codir a pour mission d'assurer la bonne exécution et le développement des activités. Il est une instance de direction opérationnelle, à ne pas confondre avec le conseil d'administration qui intervient dans le cadre de SA et de SAS. Le codir est en effet le premier étage de la fusée du " management system ", sa mise en place ayant à la fois un effet d'entraînement sur l'ensemble de l'organisation et permettant au chef d'entreprise de ne plus avoir tout à gérer lui-même. Les entreprises, qui s'en sont dotées, ont immédiatement vu l'impact positif qu'il a sur la gestion de l'entreprise, la détection d'opportunités et le suivi des actions.
La capacité des membres du codir à assumer le fait de se tromper est aussi essentiel pour avancer ensemble vers un but commun.
Le codir doit être un véritable levier à l'accélération du business. Si il ne l'est pas, c'est que les personnes qui le composent ne sont pas les bonnes. Un comité de direction réunit en moyenne 6 à 8 personnes qui vont prendre ensemble des décisions stratégiques et veiller à la capacité d'exécution de la stratégie par l'entreprise. Selon le secteur d'activité, il réunit des directeurs métier (finance, RH, marketing, communication ...) et/ou opérationnels (innovation, production, logistique, service client...).
Lire aussi : La minute du boss : Repérer les éléments de communication toxique entre associés et partenaires
Le codir se tient en moyenne 1 à 2 fois par mois, déroule un agenda précis, élabore et ajuste les plans d'exécution, s'assure de leur mise en oeuvre effective dans les délais prévus et pilote les résultats obtenus. Ses décisions portent sur l'action de l'ensemble des départements et collaborateurs, selon le calendrier qu'il a fixé. Les positions qu'il adopte donnent la voie à suivre pour atteindre le cap fixé.
Les 12 devoirs des membres du codir
Si appartenir au codir donne des droits - dont celui de décider - il confère aussi des devoirs à ses membres. Ce n'est pas le fait d'être dans une entreprise depuis de nombreuses années qui légitime un droit d'accès au codir, c'est sa capacité à apporter des idées, à enrichir les échanges avec les autres membres, à contribuer à des décisions collectives qui assurent la croissance de l'entreprise.
Plus précisément, les membres du codir doivent remplir 12 devoirs fondamentaux :
- arriver au comité avec une attitude rigoureuse et bienveillante
- écouter ses collègues et échanger sur leurs problématiques
- partager avec l'ensemble des participants ce que l'on a fait sur le dernier mois ou la dernière quinzaine et évoquer ses propres challenges
- assumer les décisions actées, les promouvoir et les défendre, en interne comme en externe
- acter le cap à atteindre et élaborer le plan d'ensemble
- s'assurer de l'exécution de la stratégie, de manière cohérente et efficace
- veiller aussi à la capacité d'exécution de l'entreprise et faire les choix qui s'imposent pour la renforcer
- piloter et ajuster le plan prévu en fonction des résultats concrets et mesurables observés
- mobiliser les équipes autour du projet établi
- informer les collaborateurs à bon escient sur certaines décisions
- respecter la totale confidentialité des décisions qui doivent être prises comme des informations partagées lors du codir
- avoir l'attitude et l'écoute que l'on est en droit d'attendre d'un cadre dirigeant envers les salariés et les personnes extérieures à l'entreprise.
Un but commun pour être performant
Ce type de sujets demande d'abord d'avoir un but commun qui fédère les énergies et les ambitions. Il est d'autre part essentiel d'échanger en parlant un langage commun qui ne laisse pas de place aux interprétations, de partager les retours d'expériences vécues, d'être dans l'écoute des autres et de travailler en équipe.
Autre point clé : structurer la prise de décision pour éviter que certains ne finissent par pencher pour " l'avis du chef " ou aient une approche trop binaire. La capacité des membres du codir à assumer le fait de se tromper est aussi essentiel pour avancer ensemble vers un but commun.
Tout cela est difficile, voire impossible quand les membres du codir sont trop nombreux, car la cacophonie menace vite...
D'expérience, on peut affirmer que transformer une PME demande de la structuration et aussi une équipe de direction compétente, investie et préparée au changement à venir. L'atteinte des ambitions de développement tient aussi beaucoup à la gestion de l'humain et au management.
Pour en savoir plus
Après un début de carrière en tant qu'ingénieur d'affaires, Patrice Arzillier crée, avec un associé, sa toute première entreprise en 1991 : Datalogie, société de distribution informatique. Elle fusionne en 1994 avec Distrilogie qui est rachetée en 2000 par Altimate Group (ex. DCC), lui-même racheté par Arrow Plc en 2012. En mai 2018, il quitte le groupe pour créer une nouvelle société : A3. Il devient également administrateur de la PME technologique AntemetA. Six mois après, soucieux de travailler en équipe et de partager ses savoir-faire, il décide de rejoindre les operating partners d'I&S Adviser.