[Tribune] Face à la crise, les PME tireront leur force de leurs collaborateurs
Pour miser avant tout sur leur capital humain, les chefs d'entreprise peuvent miser sur 3 axes : ajuster leur système de management, se remettre en question en tant que dirigeant et rester à l'écoute des opportunités de croissance externe pour capter de nouveaux talents.
Je m'abonneLe Covid-19 bouscule tout. Une seule certitude : on est entré dans une ère de changement perpétuel et accéléré. Les phases de longue stabilité sont en train de devenir la marque des siècles précédents. Mais aussi inédite soit-elle, cette crise va - comme toute crise - créer de formidables opportunités.
C'est la raison pour laquelle le chef d'entreprise doit rester mobilisé et engager rapidement la transformation pour construire le monde de demain.
Pour cela, il est essentiel qu'il mise sur la vraie force de sa PME : ses équipes ! La principale richesse d'une entreprise, qui est aussi un facteur majeur de différenciation, a toujours été et restera ses collaborateurs. A ambitions et business plan équivalents, une PME peut réussir quand une autre échoue : le résultat dépend en grande partie des talents réunis et de leur capacité à dérouler, à exécuter et à ajuster si besoin le plan prévu pour atteindre les objectifs fixés.
On peut vouloir se doter de multiples atouts (innovation, finance, équipement de production, modèle économique...) ; ce qui au bout du compte fait la différence, ce sont les hommes mobilisés pour mettre en oeuvre la stratégie du chef d'entreprise.
C'est par l'humain qu'on réfléchit, qu'on fait des plans et qu'on exécute.
C'est à travers le capital humain qu'on prépare l'avenir. Tout repose donc sur la capacité du chef d'entreprise à réunir, fédérer et motiver la bonne équipe autour de lui pour son projet, celle qui va l'aider à réinventer l'entreprise et qui saura exécuter le plan qu'il a élaboré.
Une fois cela dit, face à la crise, que faire de plus ?
Consolider son système de management
Première piste : réfléchir à son équipe de direction, la faire évoluer pour intégrer des profils et compétences nouvelles indispensables pour piloter la transformation de l'entreprise. D'autant qu'il y a beaucoup de gens de qualité disponibles sur le marché (ou qui le seront dans les prochains mois). Il faut profiter de la période pour capter les talents qui manquent.
Par exemple, le chef d'entreprise peut décider de se doter d'un comité de direction digne de ce nom. Le comité de direction est le premier étage de la fusée du " management system " d'une PME. C'est lui qui entraine l'ensemble de l'organisation et fixe le calendrier. Ses décisions déclenchent l'action de l'ensemble des départements et des collaborateurs. Les positions qu'il adopte donne la voie à suivre pour atteindre le cap fixé.
Se regarder en face, arrêter de chercher un responsable aux difficultés et avancer
Seconde piste : adopter la démarche des formations " 360 degrés " du manager. La question n'est pas de savoir qui est responsable de telle ou telle difficulté, mais de savoir qui va agir pour la lever. Pour cela, il faut que le chef d'entreprise arrête de regarder par la fenêtre ce que font les autres, il faut qu'il se regarde en face, dans le miroir, et endosse à plein temps son rôle de dirigeant et de capitaine d'équipe.
Par exemple, il peut questionner le plan à 3 ans qu'il a élaboré, l'ajuster, définir le plan d'exécution et s'assurer que les personnes dont il s'est entouré ont les bons profils pour le mettre efficacement en oeuvre dans les délais impartis.
Être à l'écoute et capter les opportunités du marché
Troisième piste : la crise actuelle va engendrer énormément de douleur, et notamment de faillites d'entreprises. La vague est attendue pour 2021, quand les Urssaf, les impôts et les banques vont demander le paiement des créances dues. Dans certains secteurs, beaucoup de PME sont actuellement sous respirateur artificiel et n'arriveront pas à se relever une fois débranchées.
Mais si on essaie de voir le verre à moitié plein, cela peut aussi être, pour certaines d'entre elles, l'opportunité d'une nouvelle vie dans le cadre d'un rachat, notamment pour celles qui ressentaient des tensions dès avant l'éclatement de la crise. Difficile à entendre quand on est chef d'entreprise, mais c'est aussi cela de diriger une PME...
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La crise sanitaire et économique actuelle peut ainsi être à l'origine de naissances et de renaissances. Si les opérations de fusions-acquisitions ont été ralenties depuis le printemps, des mouvements de consolidation entre entreprises pourraient s'accélérer. Car les PME françaises ont de belles cartes à jouer ensemble.
Outre des gains de parts de marché, les consolidations permettent de compléter et d'enrichir de leur capital humain de savoir-faire et de talents pour que " 1+1 = 3 ". Et il sera plus intéressant de créer ces nouvelles entités françaises en regardant les opportunités à côté de chez soi que d'attendre d'être mangé par des Américains ou des Chinois.
Les PME qui ont bien géré leur trésorerie et ont recouru au PGE vont pouvoir financer ces étapes. D'autres peuvent sans hésiter solliciter les fonds d'investissement : ces derniers ont du cash et sont en recherche d'entreprises avec un solide potentiel de croissance, soutenu par une stratégie de développement affirmée.
Ils n'hésiteront pas à financer les projets d'entrepreneurs faisant la preuve d'une sincère ambition de grandir, qu'ils attesteront en identifiant au préalable des cibles potentielles, en mettant en place une équipe idoine et en élaborant un plan d'exécution précis et " timé ".
Les PME françaises ont la chance d'avoir un gouvernement qui joue le jeu pour amortir les mesures contraignantes prises. En tant que chef d'entreprise, sachons tirer parti de l'ensemble des dispositifs mis en place pour se mettre en ordre de marche et réussir demain. On ne reprochera jamais à un chef d'entreprise d'avoir essayé de rebondir face à cette crise sanitaire et économique inédite en préparant l'avenir et en misant sur l'humain.
Pour en savoir plus
Après un début de carrière en tant qu'ingénieur d'affaires, Patrice Arzillier crée, avec un associé, sa toute première entreprise en 1991 : Datalogie, société de distribution informatique. Elle fusionne en 1994 avec Distrilogie qui est racheté en 2000 par Altimate Group (ex. DCC), lui-même racheté par Arrow Plc en 2012. En mai 2018, il quitte le groupe pour créer une nouvelle société : A3. Il devient également administrateur de la PME technologique AntemetA. 6 mois après, soucieux de travailler en équipe et de partager ses savoir-faire, il décide de rejoindre les operating partners d'I&S Adviser.