La méditation au secours des dirigeants
La méditation a ses adeptes dans la Silicon Valley mais aussi en France. Qu'est-ce qui séduit les dirigeants dans cette pratique ? Eléments de réponse à l'occasion d'une conférence d'Akayogi jeudi 15 octobre 2015 à Paris. Matthieu Ricard, moine bouddhiste, interprète du Dalaï-lama, était présent.
Je m'abonne"On devrait prendre plus de temps inutile comme cela !". Voilà le souhait qu'aurait exprimé un cadre dirigeant du groupe de restauration Sodexo après une réunion de top managers placé sous le signe de la méditation, à laquelle l'entreprise a, comme nombre de sociétés notamment américaines, commencé à se convertir. C'est du moins ce que raconte Sébastien Henry, ancien dirigeant d'entreprise à l'international, devenu consultant spécialisé dans l'accompagnement de managers, présent à ce moment-là.
"J'ai observé lors de cette réunion plus d'authenticité, plus de proximité entre les participants, et il y avait également la sensation de se centrer sur l'essentiel..." Des mots creux ? Loin de là. Car plus qu'une simple technique de gestion du stress, la méditation a de nombreux bénéfices à apporter aux dirigeants. Ce sont des spécialistes qui le disent, à l'occasion d'une conférence d'Akayogi, organisateur de programmes de méditation, qui s'est tenue jeudi 15 octobre 2015 à Paris.
Mieux maîtriser son stress
Même s'il serait très réducteur de la présenter uniquement comme cela, la méditation peut avoir des effets bénéfiques sur le stress. Elle permet dans le même temps de retrouver une meilleure concentration. "Lorsque j'ai commencé à méditer il y a cinq ans, j'étais oppressé, submergé, anxieux. Je faisais beaucoup de choses, je voyageais beaucoup, témoigne Christopher Guérin, directeur général Europe de Nexans, fabricant de fibres et câbles électriques industriels. J'ai depuis appris à maîtriser ce que j'appelle ''l'effet jacuzzi'' : à calmer mon esprit en ébullition de façon permanente, à voir le fond de la piscine, à trouver la sérénité".
L'occasion de battre en brèche une idée reçue sur la méditation. "Méditer ne veut pas dire arrêter de penser. Ceci est impossible à faire, la pensée est déjà là. La question est : qu'en faire ?", interroge Matthieu Ricard, moine bouddhiste, interprète du Dalaï-lama.
Cultiver la bienveillance
"Un lieu où il fait bon travailler, c'est un lieu où il y a une bonne qualité des relations humaines, où chacun a la liberté d'exprimer sa créativité et où il règne un climat de confiance mutuelle, explique encore l'auteur de Plaidoyer pour l'altruisme (2013), avant de poursuivre : La qualité du lien social peut s'amener essentiellement par la pleine conscience bienveillant, qui permet d'entrer en résonance avec les autres". Si "nous avons naturellement cette empathie, cette résonance, cette faculté à venir en aide à autrui", la méditation permet d'accentuer cela. Par exemple : celui qui pratique la méditation devient, à terme, vraiment capable d'écouter un collaborateur - ne se contente pas de lui prêter une oreille distraite tout en préparant sa réponse avant même qu'il ait fini de parler.
Autre bénéfice : "La bienveillance est la meilleure façon de désamorcer les conflits, assure Matthieu Ricard. Si vous rentrez dans un processus d'escalade, tout le monde y perd. En revanche, la bienveillance permet d'apaiser les tensions."
Par ailleurs, en plus d'améliorer la relation aux autres, la méditation transforme aussi de l'intérieur tout en diminuant l'ego de chacun. " Cette technique permet d'être en lien avec la meilleure partie de soi-même et des autres, témoigne Sébastien Henry, qui, avant de pratiquer la méditation, estimait qu'il avait " davantage d'ego, une vision plus étroite et un coeur plus limité ".
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