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Langues étrangères & employabilité : un fossé entre aspirations et réalités

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Langues étrangères & employabilité : un fossé entre aspirations et réalités

Dans un monde où les frontières économiques s'effacent, les langues étrangères devraient être un atout naturel dans le bagage de tout professionnel. Pourtant, en France, elles restent trop souvent un point faible. Ce paradoxe est criant : les actifs reconnaissent l'importance des langues, mais peu se sentent réellement capables de les utiliser en contexte professionnel.

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Dans un monde où les frontières économiques s'effacent, les langues étrangères devraient être un atout naturel dans le bagage de tout professionnel. Pourtant, en France, elles restent trop souvent un point faible. Ce paradoxe est criant : les actifs reconnaissent l'importance des langues, mais peu se sentent réellement capables de les utiliser en contexte professionnel.

Une compétence clé... marginalisée

Les langues étrangères font partie des « soft skills » que l'on évoque volontiers dans les discours, les CV, les entretiens. Mais derrière cette omniprésence apparente se cache une réalité préoccupante : la compétence linguistique opérationnelle est rarement acquise, encore moins certifiée.

Cela s'explique en partie par le fait qu'elles restent peu intégrées dans les parcours de formation initiale, surtout en filières non linguistiques. Apprendre une langue, c'est encore trop souvent accumuler du vocabulaire, valider une note, passer à autre chose. À l'arrivée sur le marché du travail, les jeunes diplômés savent dire « Hello » mais peinent à tenir une réunion ou rédiger un mail professionnel.

Un décalage croissant avec les attentes des employeurs

Le marché du travail évolue, vite. Avec l'essor du télétravail international, des équipes hybrides, des fournisseurs et clients étrangers, les entreprises ont besoin de collaborateurs opérationnels dès le premier jour. Pas dans six mois. Pas après un stage linguistique. Maintenant.

Or, selon plusieurs études, moins de 30 % des actifs français se disent capables de travailler efficacement dans une langue étrangère. Un chiffre en total décalage avec l'ouverture internationale de notre économie.

Un levier d'employabilité largement sous-exploité

Ce décalage crée un effet ciseaux : d'un côté, des entreprises qui peinent à recruter des profils compétents linguistiquement ; de l'autre, des candidats qui sous-estiment l'impact réel que pourraient avoir les langues sur leur employabilité.

Parler anglais, espagnol, allemand ou portugais, ce n'est pas « un plus » sur un CV. C'est une condition pour décrocher certains postes, pour évoluer, pour s'adapter. Et à l'inverse, ne pas parler ces langues est un frein puissant, parfois invisible, aux mobilités internes, aux promotions, aux reconversions.

Une réponse existe : des parcours ciblés, professionnalisants, certifiants

Il est temps de sortir d'une logique académique déconnectée des usages. Les langues doivent être enseignées et développées comme des compétences professionnelles, ancrées dans le métier, évaluées sur la base de cas concrets, et reconnues officiellement.

Salariés, indépendants, demandeurs d'emploi ou en reconversion, l'objectif est clair : rendre les compétences linguistiques immédiatement mobilisables en situation professionnelle par le biais de parcours s'adressant aussi bien aux cadres qu'aux publics les plus éloignés de l'emploi, y compris dans les zones rurales ou les secteurs en tension.

L'accompagnement doit débuter par une évaluation contextualisée avant de se poursuivre avec des sessions individuelles dispensées par des formateurs natifs. Avec des contenus conçus pour correspondre aux réalités du poste de travail et aux secteurs visés, qu'il s'agisse de la logistique, de l'hôtellerie, de l'industrie, de la santé ou du commerce.

In fine, les compétences acquises devront être validées par une certification professionnelle reconnue par l'État et éligible au CPF. Ce cadre permet à chaque apprenant de justifier concrètement de sa capacité à travailler dans une langue étrangère, avec un fort impact sur son employabilité.

Il s'agit ni plus ni moins, grâce à une collaboration étroite avec des entreprises, des OPCO et France Travail, de contribuer à faire des langues un véritable levier d'insertion et de mobilité professionnelle.

Miser sur les langues, c'est miser sur l'avenir

Dans un marché du travail en tension, chaque compétence compte. Les langues étrangères ne sont pas un « supplément culturel ». Elles sont un accélérateur de carrière. Un facteur d'inclusion. Un levier de compétitivité.

Si l'on veut une jeunesse prête à relever les défis du XXIe siècle, une reconversion réussie, une économie résiliente, il faut faire des langues un pilier de l'employabilité.

Et pour cela, il est temps d'agir : dans les formations initiales, dans les entreprises, et dans les dispositifs publics de formation.


Arnaud Portanelli est co-fondateur de Lingueo, entreprise de formation, créée en 2007 avec Guillaume le Dieu de Ville. Il a été administrateur du Forum des acteurs de la formation digitale (FFFOD) et de la fédération des Acteurs de la Compétences. Il est également intervenant dans le programme Startup Launchpad » d'HEC, qui aide les jeunes à créer les entreprises de demain.




Guillaume Le Dieu De Ville est co-fondateur de Lingueo aux côté d'Arnaud Portanelli. Ancien élève de l'Institut de l'Internet et du Multimédia (IIM) au pôle universitaire Léonard-de-Vinci où il poursuit un Master 2 de Gestion de projet internet, il travaille, parallèlement à ses études, pour l'agence Euro RSCG à Londres. En 2003, il part travailler dans la Silicon Valley pour Luc Julia, créateur de SIRI et maintenant à la tête de l'innovation de SAMSUNG Monde. En 2005, il poursuit son cursus à HEC Paris en intégrant la majeure Digitale, en partenariat avec Télécom ParisTech (Promo 2006). En parallèle, il développe les activités européennes de la société Orb Networks qui sera rachetée par Qualcomm. Guillaume est également actif en tant que Business Angel. Il est par ailleurs Master of Science École Polytechnique - HEC Entrepreneurs Academic Director.



 
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