Recherche
S'abonner à la newsletter S'abonner au magazine

Réussir en France : confiance, croissance et curiosité

Publié par le | Mis à jour le
Réussir en France : confiance, croissance et curiosité

Dans son livre "Réussir en France", Jean-Philippe Girard, PDG d'Eurogerm, nous explique en 26 chapitres (une par lettre de l'alphabet), ses retours d'expériences et ses astuces personnelles pour bien réussir lorsqu'on est entrepreneur. Premier extrait avec la lettre C.

Je m'abonne
  • Imprimer

Dans ma vie, j'ai la sensation qu'il y a eu un avant et un après mes 23 ans. À 23 ans, j'ai eu une crise articulaire subaiguë; quelque chose d'assez rare.

Cela ne pouvait tomber que sur moi. Ce qui me bouscule aujourd'hui, lorsque je repense à cette période, c'est qu'avec cette crise articulaire, brutale et très douloureuse, j'aurais dû me retrouver, comme pratiquement 70 % des personnes touchées, très diminué, voire en chaise roulante. En fait, je me demande si je le dois à la détermination ou la confiance dans la possibilité de m'en sortir, mais cette tuile qui m'est tombée dessus m'a aussi fait grandir. Après réflexion (et consultations), l'origine de cette crise articulaire n'est pas innocente.

C'était un signal. Le corps a son langage. Je payais le surentraînement et le surmenage. Le corps a dit stop ! Fini la Transjurrassienne, la Vasaloppet et la Marcialonga; ski de fond à fond. Les articulations ont dit stop. Une page se tournait, mais quelle incroyable page !

Avoir confiance et se faire confiance dans la résolution d'un problème est indispensable pour accueillir le futur.

À 23 ans, je n'allais pas me laisser tomber. Avoir confiance et se faire confiance ne signifient pas forcément qu'on va réussir. Ça signifie juste que si on ne réussit pas, on n'aura rien à regretter puisqu'on aura tout essayé. Après ces trois années passées aux Minoteries dijonnaises, j'avais à la fois confiance en l'avenir et le désir d'avancer. Je me souviens d'une anecdote avec le directeur général de l'époque.

J'avais émis un souhait : créer un laboratoire de recherche et de développement orienté filière céréales –demande probablement avant-gardiste, mais qui semblait intéresser mon interlocuteur. À l'étage, il y avait une salle, la salle du conseil d'administration, une grande salle souvent vide.

À mes demandes reformulées plusieurs fois, j'avais reçu la même réponse: « Cette salle sera bientôt à toi », sous-entendu « Tu pourras y installer ton laboratoire. »

J'étais assez impatient et je me rappelle avoir partagé ce projet avec ceux qui m'avaient très tôt fait confiance dans l'entreprise. Pour moi, c'était précieux. J'avais confiance en mon idée, j'y croyais énormément mais, finalement, le peu de retours concrets m'agaçait. Je ressentais une déception. Certes le directeur général ainsi que le P-dg m'avaient fait confiance (à mes débuts), mais l'inertie à agir me perturbait.

Ma décision était prise: quitter l'entreprise. Je suis donc monté dans le bureau du directeur général pour lui dire que j'allais partir. En moins de quinze minutes, il m'a convaincu de rester.

Je suis redescendu et je n'ai pas envoyé ma lettre de démission. Il m'avait promis une nouvelle fois cette salle de réunion qui deviendrait mon laboratoire de développement. Une fois de plus, ma confiance en l'avenir fut mise à l'épreuve. Seulement six mois après, rien n'avait bougé. Et pour moi qui débutais, six mois, c'était bien trop long. Les mois me semblaient des années... À ce moment précis, je décidai de changer de stratégie.

J'envoyai ma lettre de démission puis, après seulement, me rendis à l'entretien. Sans le savoir, je venais d'expérimenter l'art de faire ce que je disais et dire ce que je faisais. En procédant de cette manière, j'étais en harmonie avec moi-même.Cela ne retire rien au fait que ce directeur général était quelqu'un de véritablement attachant. Les Minoteries dijonnaises disposaient d'une équipe au top. Je repense à Christian, technico-commercial talentueux et si humain, ainsi qu'au directeur technique et à ma chef de labo. J'avais une superbe équipe autour de moi, j'apprenais et je me réalisais.

C'est un merveilleux souvenir qui m'a fait comprendre que pour assouvir ma soif d'avancer et trouver ma vitesse de croisière, il me fallait trouver le bon contexte d'entreprise. Pas facile.

Ma curiosité l'emportait sur tout. Je m'interrogeais sur le « comment faire mieux ». J'avais envie de progresser, de monter en compétence, de créer, de bâtir; cependant, la vitesse de mes aspirations personnelles ne correspondait pas à la vitesse de l'environnement professionnel dans lequel j'évoluais. Je possédais en moi la confiance, la curiosité, et je visais la croissance.

Quoi de mieux pour avancer? Arrêtons-nous quelques instants sur la curiosité. J'ai toujours été engagé et bosseur (hors contexte scolaire). Paradoxalement, on ne disait pas de moi que j'étais curieux. Ce mot n'avait peut-être pas le sens qu'il a aujourd'hui. « La curiosité est un vilain défaut » était une vieille croyance qu'on n'entend plus de nos jours, et c'est tant mieux.

Je dis toujours aux jeunes – ainsi qu'aux moins jeunes – que je croise: « Soyez ou restez curieux ! Et surtout, écoutez. Écoutez encore et encore. Même si, parfois, vous devez faire un effort face à telle ou telle personne, écoutez quand même. » J'apprends en croisant d'autres cadres, d'autres cadres dirigeants, d'autres patrons d'entreprise.

La curiosité permet de pousser plus loin la réflexion, elle alimente le questionnement. Sans même s'en rendre compte, chacun se constitue sa propre philosophie de l'entreprise. Lorsque viendra le moment du choix, l'avantage est de pouvoir décider soi-même vers quelle entreprise s'orienter et quelle culture épouser. Décider de son devenir s'effectue en grande partie grâce à la curiosité. Outil extraordinaire pour avancer, la curiosité est source d'inspiration.

En haute montagne, elle permet de sentir les évolutions du temps, de la neige et de la glace. Elle permet aussi de voir ce qu'a priori personne ne verrait sans aiguiser sa perception. Pour contempler un arc-en-ciel, il faut d'abord endurer la pluie. Je déjeunais récemment avec le président d'une importante société qui réalise 5 milliards d'euros de CA, nous discutions ensemble de développement, de marketing,de positionnement et, à un moment donné, nous échangeâmes sur la curiosité.

Sa curiosité n'était pas la mienne. Des différences se percevaient. Nous avons beaucoup appris l'un de l'autre. À mon grand étonnement, il me dit: «J'ai beaucoup appris de toi.» Je lui répondis la même chose. Être curieux de tous les métiers enrichit toujours son propre métier. Restez curieux, quel que soit votre âge. La curiosité est un moteur extraordinaire, indéniablement l'un des secrets de mon parcours. La curiosité s'entretient et la confiance se gagne. Faire confiance et se faire confiance, c'est déterminant pour atteindre ses objectifs.

C'est aussi éviter par tous les moyens de trouver sur son chemin les pires ennemis, à savoir : le doute et la peur. Dans quasiment toutes les entreprises, la recherche, le contrôle et l'analyse peuvent renforcer la confiance ou,à l'inverse – s'il y a surabondance –, créer un nouveau sentiment: la méfiance.

Reste au final la seule réalité des faits : la vérité. Cette vérité constitue toujours le socle de la confiance dans n'importe quel contexte économique, politique ou social. J'avais entendu un jour quelqu'un dire qu'« entre l'impossible et l'extraordinaire, la marge est extrêmement ténue. »

La vie d'un entrepreneur est faite d'aventures, souvent extraordinaires, jamais impossibles.

La confiance au sens large (en soi, en les autres, dans la société et en l'avenir) préconfigure le monde dans lequel nous évoluons collectivement. Choisir d'avoir confiance et le renvoyer aux autres, c'est se prémunir d'un mal qui freine la société : l'immobilisme.

Cet immobilisme – reflet d'un manque global de confiance – paralyse. J'invite les créateurs être preneurs d'entreprise, actuels et futurs, à ne pas avoir peur de bouger (y compris dans leurs certitudes) et à s'ouvrir au monde qui nous entoure en demeurant curieux et acteurs.

Connaissez-vous l'histoire d'un Jurassien âgé de quatorze ans qui, en 1835, décida de quitter son village natal. Baluchon sur l'épaule, ce jeune homme fit 450 km pour rejoindre Paris. Armé d'un caractère indépendant, volontaire, confiant et curieux de nature, ce n'est pas un hasard s'il arriva à destination et fit ensuite parler de lui. Son nom: Louis Vuitton. Dans une certaine mesure, la confiance peut aussi rencontrer le culot, qui n'est rien d'autre qu'une expression de la liberté. Soyez curieux, restez curieux tout en demeurant bienveillant.

Pour en savoir plus

Réussir en France de Jean-Philippe Girard. PDG d'Eurogerm qu'il a fondé en 1989, il dirige aujourd'hui plus de 200 personnes impliquées dans R&D et la commercialisation d'ingrédients destinés aux industriels de la meunerie et de la boulangerie. Voir la fiche sur le site de l'éditeur. Voir la fiche sur Amazon.









 
Je m'abonne

NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles

Chef d'Entreprise Newsletter

Artisans Newsletter

Commerce Newsletter

Event

Event

Event

Les Podcasts de Chef d'Entreprise

Lifestyle Chef d'Entreprise

Artisans Offres Commerciales

Chef d'Entreprise Offres Commerciales

Commerce Offres Commerciales

Good News by Netmedia Group

La rédaction vous recommande

Retour haut de page