En France, l'open space fait de la résistance!
A quoi ressemble la vie au bureau en 2015? Si l'open space fait de la résistance en France, les nuisances augmentent et le bruit devient la bête noire des salariés. Explications avec le 5e baromètre Actineo et CSA sur la qualité de vie au travail.
Je m'abonneSe sentir bien sur son lieu de travail est jugé plus important par les salariés que le niveau de rémunération (41% contre 34%). Tel est un des premiers constats du 5e baromètre de la qualité de vie au travail réalisé par le CSA pour Actineo.
"Aujourd'hui, il existe une guerre des talents au sein des entreprises. Elles cherchent à recruter les meilleurs éléments. Et la qualité de vie au travail est devenu un véritable critère RH", explique Isabelle de Ponfilly, co-présidente d'Actineo.
Plus d'un actif sur 3 considère que son entreprise n'accorde pas assez d'importance à l'aménagement de l'espace de travail. "L'attente des salariés est grande à l'égard de son cadre de vie au bureau et donc par conséquent les niveaux de satisfaction peuvent être plus bas", alerte Alain d'Iribarne, chercheur au CNRS et président du conseil scientifique d'Actineo.
"Avant les projets immobiliers étaient pilotés par la finance, avec pour objectif une réduction des coûts et bien souvent des déménagements en grande banlieue. Ce sont des choix que l'on paye aujourd'hui! Un déménagement est un projet d'entreprise qui implique la direction des services généraux et de l'immobilier mais aussi les RH, la DSI les achats, la finance et bien évidemment la direction générale", énumère Jean-Gabriel Carlier, président de l'Association des directeurs immobiliers (Adi).
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L'open space reste minoritaire
Moins de 2 salariés sur 10 travaillent aujourd'hui en open space en France.
Ainsi, 73% des actifs français travaillent aujourd'hui en bureau fermé, qu'ils soient seuls ou à plusieurs. Le bureau individuel fait de la résistance avec 34%, et plus encore chez les dirigeants, qui sont 71% à en disposer.
L'open space, à savoir un espace collectif ouvert d'au moins 4 personnes, dont on pouvait attendre une percée dans l'hexagone, reste encore minoritaire: seuls 18% des actifs déclarent travailler dans ce type d'espace. Enfin, en moyenne, les salariés sont 6 dans les bureaux qu'ils soient fermés ou en open space (4 dans un bureau collectif fermé et 10 en open space).
"Ces nouveaux open space arrivent en France très doucement contrairement au desk sharing très répandu en Suède ou dans les autres pays européens. Mais c'est une tendance qui se développe par le biais des grandes entreprises", précise le président du conseil scientifique d'Actineo, en citant l'enquête européenne Actineo réalisée sur le sujet en 2014.
Même les plus grandes entreprises (250 salariés et plus) ne se sont pas converties au tout open space puisque seuls 6% des actifs travaillent dans ce type d'espace de plus de 20 personnes (et toutes tailles d'entreprises confondues, ils ne sont que 3 %). Le bureau fermé collectif reste donc solidement ancré dans l'hexagone, sans doute parce qu'il s'adapte mieux à la manière de travailler des actifs français. En effet, 57% déclarent en effet travailler "en équipe" en 2015.
"Il existe une vrai distorsion avec la réalité", estime cependant Jean-Gabriel Carlier de l'Adi. "Aujourd'hui, il existe moins de 3% de bureaux fermés individuels". Et de prendre l'exemple du siège de Google France, situé rue de la Boétie dans le 9e arrondissement de Paris où 700 personnes travaillent en open space. Un siège de 10 000 m² avec seulement 3 bureaux individuels.
Le bruit, une nuisance en hausse
Les nuisances sonores (bruits de conversation,etc) sont le premier facteur de gêne pour les salariés (à 57%).
Les 3 facteurs de la qualité de vie au travail sont : la relation avec les collègues (71%), l'espace de travail (38%) et enfin l'absence de bruit (29%). A noter que l'absence de bruit au travail revient en force et se classe désormais en 3e position comme facteur de bien-être (contre la 4e position en 2013). "La problématique du bruit est bien souvent un corollaire des open space", explique Alain d'Iribarne d'Actineo.
Enfin, l'espace de travail a une réelle incidence sur le bien-être des salariés (jugé à 94% comme important), l'efficacité (92%) et la motivation (88%). Mais également la santé physique (87%), et les relations avec les collègues ou la hiérarchie. "Tous ces indicateurs sont en hausse par rapport aux années précédentes", fait remarquer Julie Gaillot directrice adjointe du pôle société de l'Institut CSA.
Si l'aménagement des bureaux permet de circuler, se concentrer ou se réunir pour plus de 70% des répondants, les à-côtés liés à la convivialité sont moins bien notés. Ainsi, le fait de pouvoir s'isoler ou se détendre franchit à peine la barre des 50% de satisfaits.
Échantillon de 1204 actifs des secteurs privé et public travaillant dans un bureau, issus d'un échantillon national de 2500 personnes en ligne du 18 au 25 septembre 2015.
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