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[Bonnes feuilles] Que nous dit Tony Soprano du leadership et de la co-construction ?

Publié par Aude David le | Mis à jour le
[Bonnes feuilles] Que nous dit Tony Soprano du leadership et de la co-construction ?

Les séries TV sont une source d'inspiration inépuisable, y compris dans le domaine professionnel, comme le révèle le livre De MacGyver à Mad Men, quand les séries nous enseignent le management. C'est le cas du mafieux Tony Soprano, leader d'un clan mafieux, qui a bien du mal à décider. Extraits.

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[...] La série [Les Soprano] interroge le sens du mot " leader " : Tony Soprano exerce un réel leadership, nourri par un charisme indéniable, mais il est constamment " empêché " par son entourage (ainsi que par sa sensibilité et une dépression chronique), lequel remet régulièrement en question sa position de leader naturel pour manager le business familial. Mais elle interroge tout autant le rapport au pouvoir et les jeux troubles qu'il installe entre les différents protagonistes qui se perçoivent comme autant de prétendants.

Un manager doit être au clair sur ses forces et ses faiblesses et donc savoir précisément pourquoi il occupe ce poste

Que pouvons-nous retenir de cela ? D'abord, qu'un manager doit être au clair sur ses forces et ses faiblesses et donc savoir précisément pourquoi il occupe ce poste ; mais il ne doit pas laisser percevoir le moindre doute quant à sa légitimité à occuper la fonction qu'il occupe ; il doit ainsi non pas se préoccuper de réaffirmer en permanence sa légitimité (notamment en retournant vers le registre de la " technique " au sens large qui l'a longtemps installé dans un rôle clair), mais bien plutôt s'affirmer en tant que leader - notamment sur le plan du processus décisionnel.

La question de la prise de décision : du libre arbitre et de la co-construction

Dans la série, Tony Soprano est amené à prendre quantité de décisions, certaines pouvant conduire à l'élimination de personnes, dont certaines lui sont très proches - la compagne de son neveu, Adriana, par exemple. Il sait donc décider, c'est-à-dire arbitrer et donner une indication claire quant à sa volonté. Et finir par prendre, lorsque cela s'avère nécessaire, des décisions qui lui coûtent énormément d'un point de vue émotionnel - comme le meurtre de son neveu.

Pour autant, notre personnage décide souvent... très mal. Pressé par son entourage, englué dans ses dilemmes moraux et ses affects, il repousse l'échéance et tergiverse ouvertement ; à d'autres moments, il aimerait que ses désirs soient des ordres, mais tel n'est pas le cas : ses lieutenants agissent parfois en toute autonomie, commettent des bourdes énormes (allant jusqu'au meurtre) et renâclent à obéir. Finalement, Tony Soprano sait-il décider ? Rien n'est moins sûr... même s'il sait consulter et prendre conseil auprès de certains lieutenants notamment.

[La série] aborde un autre dilemme tout aussi intéressant lorsqu'on envisage la question de la prise de décision : celui de la liberté, du libre arbitre. Dans la série en effet, Tony est souvent contraint de prendre des décisions qui lui pèsent, tout simplement parce que les codes (ceux de la mafia) et/ou les jeux de pouvoir (ne pas paraître faible aux yeux des autres) le lui imposent. C'est typiquement le cas lorsqu'il doit accepter de supprimer son neveu. Tony Soprano est-il libre dans sa prise de décision ? Assez rarement...

Un manager doit savoir ne rien imposer mais bien co-construire la décision avec ses N-1

Un manager doit savoir installer un processus décisionnel clair pour ses équipes, c'est-à-dire un processus qui définit clairement par qui et comment sont prises les décisions. Il doit savoir ne rien imposer mais bien co-construire la décision avec ses N-1. Il doit être le garant d'un processus décisionnel incontestable qui lui donne, en dernier ressort, une réelle légitimité lorsqu'il faut arbitrer. Il doit donc se positionner en animateur de ce processus et non en " juge suprême ". Il doit aussi savoir reconnaître le degré de maturité d'une organisation et de ses N-1 lorsqu'ils ne sont pas encore prêts pour telle décision et veiller à accompagner, à son niveau, le changement. Car décider est une chose, voir les actions qui en découlent se mettre en place en est une autre.

Tous les managers se voient imposer des décisions qu'ils aimeraient mieux ne pas prendre.

Pour viser l'efficience, mieux vaut donc se donner le temps d'installer un consensus - cela fait gagner du temps par la suite. Enfin, tous les managers, y compris les dirigeants, se voient imposer des décisions qu'ils aimeraient mieux ne pas prendre. Ils doivent en assumer tout le poids, faire preuve de pédagogie pour expliquer pourquoi ils doivent prendre telle ou telle décision, sans donner le sentiment de subir eux-mêmes des arbitrages non souhaités.


Par Benoît Meyronin, professeur senior à Grenoble Ecole de Management et associé fondateur de l'Académie du Service


A lire

De MacGyver à Mad Men, quand les séries TV enseignent le management est un ouvrage collectif codirigé par Benoît Aubert, directeur de l'ICD (Groupe IGS), et Benoît Meyronin, professeur à Grenoble Ecole de Management et associé fondateur de l'Académie du Service.

Dunod - août 2017 - 203 pages, 19 € TTC.


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