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François Asselin : "Je veux avancer sur les seuils sociaux"

Publié par Julien van der Feer le - mis à jour à
François Asselin : 'Je veux avancer sur les seuils sociaux'

Le gouvernement enchaîne les réformes à un rythme effréné. François Asselin, président de la CPME, revient sur les principales mesures actées et souhaite aller plus loin sur certains sujets, comme les seuils d'entreprise.

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Chef d'Entreprise : Pouvez-vous nous présenter la CPME en quelques chiffres-clés ?

François Asselin : La CPME, c'est 150 000 adhérents et une centaine de fédérations professionnelles affiliées, ce qui représente 3 millions de salariés. Nous sommes présents sur environ 120 territoires. Concrètement, il y a une CPME dans chaque département français, y compris ceux ultramarins. Nous représentons les quatre grands secteurs de l'économie, à savoir : les services, l'industrie, la construction et le commerce. Nos adhérents sont, dans l'immense majorité, des patrons à la tête d'entreprises patrimoniales.

Le gouvernement semble prendre en compte les problématiques des PME. Est-ce un discours de façade ou une réalité ?

Globalement, il y a toujours eu de la bienveillance pour les PME. La différence, c'est qu'auparavant nous basculions rapidement dans le champ dogmatique. Avec le nouveau gouvernement, nous basculons dans le champ pragmatique. Et cela change radicalement les choses. Néanmoins, nous sommes au début du quinquennat d'Emmanuel Macron et il reste encore à faire. Mais je préfère voir le verre à moitié plein et j'espère que cet élan réformateur et pragmatique restera le même tout au long de sa mandature.

Pourtant, lorsque le président de la République a invité 140 grands patrons du monde entier à Versailles, en janvier, les PME ont été oubliées...

Nous ne remettons pas en cause l'action d'Emmanuel Macron. Il est le premier de nos représentants sur le champ économique et, il faut l'avouer, il le fait plutôt bien. Aujourd'hui, à l'étranger, être français, c'est tendance. Une réalité qui facilite le travail des entreprises exportatrices. Et qui donne confiance aux entrepreneurs. Ce que j'ai regretté, c'est qu'autour des grandes entreprises, il existe tout un écosystème formé par des sous-traitants, qui sont bien souvent des PME. J'aurais simplement aimé les voir rassemblés avec ces grands patrons.


Depuis six mois, le moral des dirigeants de PME et PMI est au beau fixe. La croissance est plutôt bonne. Comment l'expliquez-vous ?

Notre président de la République comprend l'économie. Nous avons connu par le passé des affirmations délétères pour la confiance, comme "je n'aime pas les riches" ou "mon ennemi, c'est la finance". Des mots qui ont touché les patrons, même ceux à la tête de petites entreprises.

Heureusement, par la suite, il y a eu la politique de l'offre qui a été un changement radical d'orientation politique et nous remercions François Hollande pour cela. D'ailleurs, Emmanuel Macron surfe peut-être sur cette vague de réalisme. Ne l'oublions pas, sans le développement économique du secteur marchand, le pays ne peut pas s'en sortir. Or, 99 % du tissu économique français, ce sont les TPE et PME.

Il faut dire que la feuille de route du gouvernement est claire...

C'est vrai. Les promesses de campagne sur le champ social étaient très claires, à travers une légifération par ordonnances. Nous sommes allés au bout avec une méthode efficace et respectueuse des partenaires sociaux. Encore une fois, les mesures sont très pragmatiques, notamment sur la sécurisation de la rupture du contrat de travail. À terme, cela créera de l'embauche.

C'est toujours étrange d'entendre cela, mais il faut voir d'où nous partons. Je suis chef d'entreprise depuis 25 ans, et sur le champ social, je n'ai connu que des complications supplémentaires, avec un dialogue social de plus en plus judiciarisé et financiarisé.

Est-ce vraiment un frein ?

Bien sûr ! Plus d'un patron, surtout dans les petites entreprises, est tétanisé à l'idée d'embaucher un collaborateur car, en cas d'erreur de casting, la rupture peut être extrêmement douloureuse. Il fallait rééquilibrer les choses. Le plus important consiste à rebondir le plus rapidement possible, que ce soit pour le salarié ou l'entrepreneur.

Dans ce cadre, le plafonnement des indemnités de licenciement est, certes, supérieur à la moyenne qui existait précédemment, mais il permet de maîtriser son risque. Par ailleurs, le fond l'emporte désormais sur la forme. Un point essentiel quand on sait que deux tiers des contentieux portent sur celle-ci. Enfin, le délai de recours a été ramené à un an.

Il y a au eu une avancée sur les accords d'entreprise...

Effectivement, pour les PME de moins de 50 salariés, en l'absence de syndicat, il est désormais possible de négocier un accord d'entreprise avec ses salariés. Quand on parle de contournement syndical, je ne vois pas qui on contourne avec seulement 4 % de présence syndicale dans ce type d'entreprise. En outre, de nombreuses PME faisaient déjà des accords, mais ils n'étaient pas formalisés. C'est un outil de démocratie sociale directe très intéressant.


Que pensez-vous du projet de la loi Pacte dont l'un des buts consiste à redéfinir le rôle de l'entreprise dans la société ?

Plus de 80 % des Français ont une vision positive des PME et de leur chef d'entreprise. Ce n'est pas un amour béat car ils nous renvoient aussi une certaine obligation, celle de donner du sens au capital. Dans une PME, on sait qui est le patron et quel est le projet de l'entreprise.

C'est un point essentiel, car les jeunes générations sont en mode projet et recherchent du sens dans leur travail. Pour les motiver, il faut un cap clair. L'entreprise, ce n'est pas un lieu d'affrontement et de rapport de forces. C'est d'abord un lieu où l'on peut se réaliser. À nous, chefs d'entreprise, d'être à la hauteur.

Le droit à l'erreur est aussi une façon de revoir les rapports entre l'administration et les entreprises ?

La réglementation est tellement bavarde que pratiquement tous les chefs d'entreprise sont des hors-la-loi potentiels. Il est impossible de tout maîtriser pour un patron de PME. Le droit à l'erreur n'est pas un droit à frauder, mais il donne une chance aux dirigeants de revoir leur copie. On touche ici à la culture de notre pays entre l'administration et ses administrés. C'est une révolution copernicienne. Mais la vraie réforme consisterait à simplifier la réglementation.

Le gouvernement travaille sur une réforme de l'apprentissage et de la formation professionnelle. Quel est votre regard sur ces réformes ?

Concernant l'apprentissage, nous souhaitons que le coeur de la réforme soit le financement du contrat d'apprentissage. Car le lien entre les centres de formation d'apprentis et les entreprises s'est effiloché et, désormais, il est plus productif pour un patron de CFA d'aller frapper à la porte de la région ou aux OPCA, plutôt que d'aller voir les PME de son secteur. Or, il ne faut pas oublier que les fonds n'appartiennent ni aux régions, ni à l'État, mais qu'ils proviennent des entreprises !

L'orientation n'est-elle pas le problème de fond ?

Tout à fait ! Aujourd'hui, on ne parlera jamais des filières professionnelles à un jeune qui a du potentiel. Si, malgré tout, il souhaite partir dans une filière professionnelle, il aura peut-être contre lui ses parents, voire le corps professoral qui pensera que c'est un gâchis. Après, pour être honnête, ce n'est pas totalement faux. Car en partant rapidement dans une filière professionnelle, pour atteindre le plus haut niveau de qualification, c'est un chemin long et complexe. Il faut une volonté de fer.

Pour réussir cette réforme, il ne faut pas que le choix du jeune en fin de troisième ou de terminale soit déterminant pour la suite. En clair, il faut pouvoir bifurquer facilement et à n'importe quel moment de la filière professionnelle à la filière académique, en fonction de ses capacités. C'est le schéma suisse, où l'on peut être médecin tout en commençant par l'apprentissage.


Que peut-on attendre de PME ! by CPME ?

L'événement aura lieu mardi 12 juin. Je voulais renouveler le concept sur le fond et la forme. C'est le carrefour de tout ce qui concerne la vie des dirigeants de PME et de leur entreprise. Il y aura donc des plénières et des business meetings avec des grandes entreprises. Les institutionnels, comme les ministres, viendront aussi à la rencontre des chefs d'entreprise. Enfin, il y aura de nombreux ateliers concrets et pratiques pour aider les dirigeants comme, par exemple, comment partir à l'export ou comment organiser la succession de sa société.

La France est devenue une vraie terre entrepreneuriale. Mais comment aider les start-up à grandir ?

Le sujet est vaste. Tout d'abord, il y a un problème de taille de marché. Une entreprise qui a de fortes ambitions doit forcément avoir une stratégie à l'export. Ensuite, certaines entreprises à très fort potentiel, appelées scale-up, ont du mal à grandir car nous avons des contraintes propres à la France.

Nous n'avons pas réglé nos problèmes de seuils sociaux. Il y a 2,4 fois plus d'entreprises de 49 salariés que d'entreprise de plus de 50. C'est une réalité car, en passant ce seuil, un chef d'entreprise change de métier. Et, bien souvent, il préférera rester petit.

Le financement est aussi problématique...

C'est vrai. Pour se développer, il faut des capacités d'innovation. Et pour cela, il faut de l'argent. Or, la pression fiscale sur les entreprises françaises est plus forte que sur celles des pays concurrents. Par exemple, il y a sept points de marge de différence entre une PME française et une PME allemande. Pour les financements externes, la culture française n'est pas l'ouverture du capital dans les PME, par peur de perdre du pouvoir.

Enfin, nous avons un souci sur la fiscalité de la transmission. En Allemagne, une entreprise patrimoniale cédée dans le giron familial n'est presque pas imposée. Ainsi, les sociétés perdurent dans le temps et ne s'arrêtent pas à la retraite du dirigeant. Il faut faire la même chose en France.

Bio

1993 : reprise de la PME familiale de charpente Asselin

1996 : signature de la première tranche du marché de l'Hermione, construction de la réplique de la frégate qui emmena le marquis de La Fayette aux États-Unis.

2000 : première affaire à l'export aux États-Unis

2015 : élection le 21 janvier à la présidence de la CPME

2015 : Parade de l'Hermione le 4 juillet dans la baie de New York

 
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