Salariés au travail : moins de stress, mais toujours pas heureux !

Bonne nouvelle : le stress chronique recule en France. Ils n'étaient plus que 11 % à déclarer ressentir un stress quotidien au travail en 2025, contre 19 % l'année précédente. Une baisse significative de 8 points, dans le sillage d'une tendance mondiale similaire. Mais ce progrès masque une réalité plus sombre : seulement 20 % des salariés français se disent épanouis dans leur travail, bien en dessous de la moyenne mondiale (27 %).

C'est un paradoxe de plus en plus visible : le niveau de stress diminue, mais l'insatisfaction persiste. En d'autres termes, moins de tension ne signifie pas plus de bien-être.

Un stress moins quotidien, mais toujours bien présent

Si le stress quotidien s'éloigne, le stress hebdomadaire reste élevé : 64 % des actifs français déclarent se sentir stressés au moins une fois par semaine. Les femmes sont davantage concernées (13 % stressées tous les jours, contre 8 % des hommes) et les plus jeunes (18-26 ans) affichent une fréquence plus élevée de stress modéré, bien que les plus âgés (55-64 ans) se sentent davantage stressés sur une base hebdomadaire (73 %).

En comparaison internationale, la France reste dans le peloton de tête des pays les plus touchés par le stress quotidien, aux côtés du Japon et de la Thaïlande.

Des salariés surchargés... et désengagés

Le lien entre surcharge, stress et désengagement est direct. En France, 18 % des salariés se sentent débordés. Et ce sont aussi ceux qui déclarent le plus faible niveau d'épanouissement. À peine 20 % des travailleurs français disent s'épanouir au travail, un chiffre qui stagne par rapport à 2024 (19 %).

Les jeunes actifs sont particulièrement concernés : seuls 13 % des 18-26 ans se sentent épanouis, contre 20 % pour les 27-64 ans. La Génération Z est également la plus sujette à la surcharge (23 %), bien au-dessus des seniors (16 % pour les 55-64 ans).

Télétravail : quand le regard des autres freine l'épanouissement

Le travail à distance, bien que démocratisé, reste une source de pression sociale. Près d'un tiers des salariés français (28 %) disent se sentir jugés lorsqu'ils travaillent depuis chez eux. Cette perception est un frein majeur à l'épanouissement : ceux qui se sentent jugés ou surveillés par leur manager ont respectivement 3,4 et 3,3 fois moins de chances de s'épanouir.

Le sentiment d'être sous contrôle reste fort : 31 % des salariés français estiment être constamment surveillés, un chiffre plus bas que la moyenne mondiale (36 %) mais suffisamment élevé pour affecter le moral et la motivation.

Le rôle central du manager de proximité

L'étude d'ADP souligne un point clé : l'absence de stress ne suffit pas à garantir le bien-être. La qualité de la relation avec les collègues et les managers, la reconnaissance, la liberté d'organisation et la charge de travail sont des leviers majeurs.

« Les managers de proximité sont les mieux placés pour détecter les signaux faibles », rappelle Carlos Fontelas de Carvalho, président d'ADP France. Encore faut-il leur en donner les moyens. Cela passe par la simplification des tâches administratives, un meilleur accompagnement RH, et des outils de pilotage humain adaptés.

Un défi organisationnel, pas seulement individuel

Le désengagement latent des salariés français n'est pas qu'un problème de stress ou de conditions de travail. Il révèle un besoin plus profond : celui d'un alignement entre objectifs professionnels et aspirations personnelles. Le rôle des entreprises est désormais de créer les conditions d'un vrai épanouissement, au-delà du simple confort psychologique. Un enjeu stratégique dans un marché de l'emploi en tension.