Comment Tony Estanguet s'inspire des compétences de tous pour remporter des challenges
Avec trois titres de champion du monde et de multiples médailles d'or aux Jeux Olympiques, le palmarès du canoéiste Tony Estanguet a de quoi impressionner. Président du comité Paris 2024, il a désormais pour objectif de fédérer ses équipes autour de l'organisation d'un événement mondial.
Je m'abonneDes souvenirs émus des Jeux Olympiques, Tony Estanguet en a des dizaines. Sa première participation, à Sydney en 2000, le voit couronner de succès avec un premier titre olympique. Il renouvelle l'exploit en 2004 et 2012. En 2008, il prend même le lead de la délégation française, puisqu'il est nommé porte-drapeau. Définitivement, les Jeux représentent quelque chose d'unique et de magique dans la vie d'un athlète, surtout pour un Tony Estanguet qui cumule les succès.
Comment obtenir un tel palmarès ? "Mental, préparation, entourage : c'est une combinaison de tous ces facteurs qui permettent de mener une carrière de sportif de haut-niveau. Être athlète, c'est s'imposer une rigueur et une envie de se dépasser permanente qui vont vous guider tout au long de votre carrière. Le succès est à ce prix, et c'est souvent dans les détails que la différence se fait", répond Tony Estanguet.
Au même titre que le chef d'entreprise qui, à la tête de ses équipes, doit montrer l'exemple et insuffler le goût du travail bien fait. "Il faut savoir où l'on veut aller et partager largement cette vision pour embarquer ses équipes, commente Tony Estanguet. Comme athlète hier et, aujourd'hui, comme président du comité d'organisation, je reste guidé par la même envie d'embarquer les gens autour de moi."
Réunir des acteurs de tous horizons
Son nouveau défi est en effet d'organiser les Jeux Olympiques qui se tiendront à Paris en 2024. Après avoir raccroché les pagaies en 2012, Tony Estanguet rejoint le comité international olympique l'année suivante. En 2017, il est nommé président du comité d'organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024, événement qui doit insuffler un état d'esprit positif. Pour cela, son chef d'orchestre a un maître-mot : fédérer.
"Ma mission, au quotidien, est de conduire l'équipe qui organisera les Jeux en France, et ce dans les meilleures conditions possibles. C'est aussi de réunir autour du projet un maximum d'acteurs : le mouvement sportif évidemment, les acteurs publics mais aussi les entreprises, les associations, les collectivités territoriales, les ONG. Ce sont tous ces acteurs qui contribueront à la réussite de cette aventure", développe Tony Estanguet.
Le président de Paris 2024 doit, de plus, tenir des délais très courts : cinq ans pour un événement qu'observera la planète entière. Les Jeux Olympiques représentent l'équivalent de 43 championnats du monde organisés en deux semaines. Ils réuniront plus 15 000 athlètes et 206 délégations.
C'est pourquoi, dès le lendemain de la réunion du CIO à Lima au Pérou, et de l'attribution des Jeux à la France, Tony Estanguet et son équipe se sont mis au travail. Vecteur de la France à l'étranger, ce genre de rendez-vous est d'un enjeu considérable. Tous les regards seront braqués sur la capacité tricolore à mener à bien un tel projet. Même si son savoir-faire est reconnu, comme toute entreprise ayant une forte expertise, chaque nouvelle opération est un défi.
Et comme toute société désireuse de rayonner à l'international, il faut savoir s'entourer. "J'ai eu la chance d'être accompagné par des personnalités comme Bernard Lapasset, [NDLR ancien Président de la Fédération Française de Rugby], et Guy Drut [NDLR Champion du 110 mètres haies], qui détiennent tous deux une grande expérience de l'organisation d'événements sportifs, souligne Tony Estanguet. Je peux aussi compter au quotidien sur une équipe diversifiée qui mêle athlètes, spécialistes de l'organisation de grands évènements, experts du monde public, de la société civile et dirigeants économiques." Il s'appuie également sur des compétences déjà présentes en transports, hébergements ou encore divertissements, cherchant à faire des Jeux un "laboratoire d'idées, d'expérimentation et d'innovation."
Adopter le mode agile
En parallèle, Tony Estanguet doit aussi gérer l'hypercroissance des effectifs. Il y a un an, 30 personnes étaient mobilisées sur Paris 2024. Aujourd'hui, l'organisation réunit plus de 150 salariés. Elle verra ses rangs grossir jusqu'à 4000 collaborateurs en 2024. Forcément, l'heure est à l'adaptation. "Nos locaux ne sont pas extensibles et nous pouvons nous retrouver à l'étroit. Aujourd'hui nous accueillons entre deux et cinq salariés par semaine. Avec la direction des Ressources Humaines, nous testons un certain nombre de pratiques, comme par exemple le télétravail. Nous cherchons des solutions", affirme Tony Estanguet.
Ce dernier cherche aussi de l'aide dans le partage d'expériences, rencontrant régulièrement des Comités d'organisation de précédentes éditions de Jeux, et le Comité International Olympique. Tous diffusent ainsi leurs bonnes pratiques, comme dans un réseau de dirigeants où chaque conseil est précieux.