L'actionnariat salarié, un bon plan pour motiver ses équipes ?
Dans le contexte de crise économique, l'actionnariat salarié apparaît comme une solution pour permettre aux salariés de se constituer une épargne sans pour autant peser sur la compétitivité des entreprises.
Je m'abonneUn puissant levier permettant d'améliorer la compétitivité des entreprises, de renforcer le dialogue social. Mieux encore, un outil qui offre une meilleure productivité et une politique salariale plus généreuse. L'actionnariat salarié, qui associe les collaborateurs aux résultats de l'entreprise, a de quoi séduire.
Des avantages auxquels les dirigeants semblent de plus en plus sensibles. Jean-Philippe Debas, président d'Equalis Capital, qui gère l'actionnariat salarié de 50 entreprises non cotées (sur 200 en France), constate un engouement certain pour ce dispositif depuis le second semestre 2021. " Entre mars et septembre 2020, il ne se passait plus rien. Nous n'avons reçu aucun dossier. Pour éviter que les salariés ne perdent leurs économies et qu'ils subissent les soubresauts du marché financier, la plupart des entreprises ont gelé leurs opérations en 2020 et les ont reportées cette année car il y avait trop d'incertitudes sur la valeur de l'action. Dans le pire des cas, nous avons enregistré une baisse de valeur de l'action de 30% en 2020. Une fois que tous les impacts de la crise ont été comptabilisés, c'est reparti très fort. Depuis septembre, nous recevons de plus en plus de demandes, beaucoup plus que d'habitude. On vient de boucler un dossier d'une ETI de 500 personnes où 30% du capital a été détenu du premier coup par les salariés ", confie Jean-Philippe Debas, qui mise sur un rythme d'acquisition de 15 entreprises de plus par an.
Un outil de motivation
Pour les salariés, un tel dispositif représente un atout non négligeable en termes de revenus. Il permet d'acquérir des actions dans des conditions préférentielles : une décote (la différence entre la valeur nominale du titre et son cours de marché) sur les prix, l'abondement permettant à la fois de devenir actionnaire d'une entreprise à moindre coût et d'épargner plus grâce à l'aide financière qu'elle verse à ses salariés.
Et pour les dirigeants, c'est un outil de motivation dans le cadre de la politique globale de rémunération. " De plus en plus d'entreprises ouvrent leur capital à leur salarié car les dirigeants savent que c'est le meilleur investissement qu'on peut leur proposer. Ils peuvent rémunérer l'engagement de leurs salariés en actions à moindre coût. A la différence d'une augmentation de salaire qui augmente le coût fixe de l'entreprise, les sommes distribuées dans le cadre de l'actionnariat salariés ne transitent pas par le compte d'exploitation et ne pèsent pas sur le point mort de l'entreprise", ajoute le président d'Equalis Capital. C'est par ailleurs un signal très fort qui permet de faire adhérer les équipes au projet de l'entreprise et participer à certaines prises de décisions. " Un aspect essentiel en période de crise ", renchérit Jean-Philippe Debas.
Pour Equalis Capital, la dynamique doit être poussée encore plus loin pour que l'actionnariat salarié ne bénéficie pas qu'aux grands groupes. Le FCPE de reprise d'entreprise par les salariés, qui a été réformé par la loi Pacte pour lui donner plus de souplesse (relèvement du plafond de versement volontaire pour alimenter le PEE, diminution de la durée minimale de conservation de 5 à 3 ans, baisse du nombre de salariés impliqués dans la reprise), " est de plus en plus utilisé ", mais il reste trop contraignant. " Le Fonds Commun de Placement Entreprise doit évoluer pour proposer un compartiment ouvert à tous les salariés et un autre plus discrétionnaire, qui serait réservé au management. En leur permettant d'utiliser un seul et même dispositif, cette évolution répondrait à la problématique de nombreux dirigeants qui pensent que cet outil est lourd et coûteux ", conclut Jean-Philippe Debas.
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