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[Tribune] De la tension dynamique au leadership de chacun

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[Tribune] De la tension dynamique au leadership de chacun

S'approprier la notion de tension permet aux individus de passer un cap et de devenir de vrais entrepreneurs. Ainsi peut naître en eux cette capacité à identifier et se projeter vers un idéal, ce qui les met en mouvement pour solutionner leur tension.

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Avant de s'intéresser à la notion de tension dynamique, commençons par préciser le cadre de notre propos. Il ne s'agit pas ici de traiter de tensions personnelles ou interpersonnelles mais de se positionner plutôt au niveau de l'organisation et des rôles qui la caractérisent et l'animent.

L'entreprise peut en effet être scindée en trois systèmes et six territoires. Le premier système a trait à l'individu, le second s'intéresse au collectif, au corps social, et le troisième à l'entreprise vue comme un organisme vivant.

Chacun de ces systèmes est scindé entre ce qui relève du visible - les comportements, les relations, la structure - et ce qui relève de l'invisible, les ressentis et croyances, la culture, le potentiel créateur de valeurs. C'est à ce troisième niveau, celui de l'entreprise, que la tension dynamique peut s'exprimer.

Elle est l'expression d'une tension organisationnelle, d'une limite réellement rencontrée dans le processus de création de valeurs d'un rôle. C'est celle-ci qui est amenée en réunion de gouvernance. Cette tension peut être définie comme un écart entre une situation qui est et une situation qui pourrait être.

Force est de constater la difficulté que beaucoup d'entreprises éprouvent à intégrer cette notion, faisant la confusion entre tension et problème. Le concept de tension se trouve souvent face à un mur, à un blocage intellectuel qu'il faudrait parvenir à lever.

Tout est une affaire de « focus »

Cette démarche est très bien expliquée et illustrée dans l'ouvrage « The Power of TED » de David Emerald. Un livre qui traite avant tout d'une question : comment passe-t-on du triangle dramatique – ou triangle de Karpman – créateur de malheurs à un triangle créateurs de de valeurs. Il y insiste sur un point essentiel. En fonction du « focus » choisi par chacun, son état intérieur va être différent, tout comme son comportement.

Pour illustrer cela, prenons un exemple. Lorsque les gens se centrent sur un problème, cela leur crée du stress et de l'anxiété. Pour y faire face, ils vont réagir. Non au problème mais plutôt au stress et à l'anxiété qu'il a générés. Dès lors, le problème n'est jamais vraiment traité de façon durable. Un peu comme cette personne qui se trouve un peu trop charnue et décide de perdre du poids pour pouvoir se mettre en maillot de bain sur la plage. Mais, dès les premiers effets constatés, et les premiers compliments reçus, le stress de cette personne diminue, celle-ci se remet à manger comme avant et se retrouve rapidement au point de départ.

A contrario, une personne à l'esprit entrepreneurial va se centrer tout autrement. Elle ne réagira pas par rapport à un problème mais se positionnera comme créatrice. Elle est obsédée par une vision, un idéal, la création de valeurs. Dès lors, son état intérieur n'est ni l'anxiété ni le stress mais la passion. Elle va chercher à construire, par petits pas, dans la durée. Elle se met en mouvement dans un cercle vertueux.

Comment faire passer les gens du problème à une tension dynamique ?

L'idée est d'aider chacun à passer d'un mode réactif à un mode créatif qui leur permette de créer à partir d'une tension. Bien sûr, il sera plus aisé d'y parvenir si l'entreprise s'appuie sur un management constitutionnel qui intègre nativement, grâce au moteur holacratie, cette notion de tension, permettant à chacun, d'intégrer progressivement cette nouvelle posture.

Partons de la théorie. Une personne perçoit un frein dans son quotidien et s'interroge sur la façon de tendre vers ce qu'elle voit comme un idéal, souvent de façon non consciente. La première étape nécessite de prendre conscience de cet idéal. C'est le préalable pour passer d'un focus sur un problème à un focus sur une tension. Car c'est l'écart qui existe entre la réalité actuelle et l'idéal souhaité qui constitue la tension.

En conscientisant, en ressentant les deux en même temps, cela procure à la personne une nouvelle énergie. Chacun regarde la réalité en face tout en ayant parfaitement conscience de son idéal. C'est la source d'une énergie créatrice. L'individu passe d'une posture de victime à celle d'un créateur de valeurs.

Il reste alors à se mettre en mouvement, en partant de la réalité. L'idée est de progresser par petits pas successifs qui cheminent vers cet idéal cible. En prenant cette action, chacun voit augmenter son énergie créatrice.

Pour illustrer cela, prenons maintenant un cas concret. Celui d'une entreprise industrielle où les équipes travaillent en 3/8. Dans l'équipe qui commence le matin à 6h, Pascal, pilote de machine, arrive à son poste de travail et ne peut cacher sa colère. Il a un problème : son prédécesseur dans l'équipe de nuit a laissé, comme chaque jour, le poste en désordre. Les outils ne sont pas à leur place, d'autres manquent. Il perd du temps, doit courir après ses objectifs. Difficile pour lui de cacher son exaspération.

Sa première réaction est d'aller en réunion de gouvernance l'après-midi et d'y amener, d'y imposer une politique. Une démarche pourtant vouée à l'échec car la contrainte n'est pas la bonne réponse. Une fois calmé, autre chose lui est proposé en lui expliquant que son problème n'est finalement rien d'autre qu'un frein vers un idéal qu'il poursuit. Question lui est posé : quel est cet idéal pour lui ?

Après une courte introspection, et s'être autorisé à rêver, il conscientise son idéal : que l'atelier soit toujours propre et bien rangé. Lui est alors demandé de se saisir simultanément de son rêve et de la réalité actuelle. De cette double polarité jaillit la créativité, et une forme de neutralité, de distanciation émotionnelle de la situation. Il prend alors conscience de ce qu'est une tension dynamique, que son problème n'est finalement rien d'autre qu'un frein vers un idéal qu'il poursuit.

Une fois cette première étape franchie, il lui est alors demandé de s'interroger sur un premier « petit pas » qu'il pourrait entreprendre pour aller vers cet idéal. Sa réponse : « il faudrait acheter des meubles de rangement ». Aussi simple que l'idée puisse paraître, personne n'y avait pensé jusque-là...

Pour son deuxième pas, il aimerait connaître la position de ses collègues. Comme lui, souhaitent-ils disposer d'un atelier bien rangé ? Tout le monde en réalité partage cet idéal et ce questionnement va ainsi permettre de créer une énergie collective positive. Celle-ci aboutit même sur un mouvement conjointpour aller vers cet atelier rêvé.

Par ce travail, on a donc pu passer d'une action en mode réactif à une démarche créatrice de valeurs, au niveau d'un individu initialement puis à celui du collectif. C'est ici la démonstration que si, à l'échelle d'une entreprise, qui s'appuie sur un management constitutionnel autour de l'holacratie, toutes les personnes abordent les choses de cette façon et se mettent en mouvement sur la base de leurs tensions dynamiques, une énergie créatrice incroyable sera libérée au sein d'une organisation où chacun se révèle désormais entrepreneur.

Pour en savoir plus

Chiquet

Bernard Marie Chiquet, fondateur de l'institut iGi. Il est formateur et consultant en organisations, spécialisé sur l'évolution des modes de gouvernance. Il accompagne les entreprises à travers leur changement systémique. Son Twitter.

 
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