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Les méthodes de l'aventurier Olivier Soudieux pour développer un management agile

Publié par Barbara Prose le - mis à jour à
Les méthodes de l'aventurier Olivier Soudieux pour développer un management agile

De chef de projet informatique dans un grand groupe à "promeneur du monde et expert de l'efficience en milieu incertain", Olivier Soudieux a opté pour une vie qui faisait sens pour lui. De son expérience, il extrait des conseils pour les entreprises.

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"Tous mes projets viennent de grands rêves que j'ai à un moment ou à un autre et qui font écho en moi. Je sens que je vais me réaliser." En 2009, Olivier Soudieux quitte ses fonctions de chef de projet dans un grand groupe. Passionné d'alpinisme et déjà nourri de son ascension du sommet Himlung Nimal au Népal en 2001 avec une équipée de dix autres alpinistes amateurs, il se lance dans un nouveau projet : une expédition d'un an pour arriver au sommet de l'Himalaya, à pied.

Ses premières amours avec la haute altitude croisées à ses précédents acquis lui font tisser un lien avec le monde de l'entreprise dont il emploiera les méthodes pour mener à bien son expédition. Mais ­l'expérience ne le satisfait pas : "J'ai réalisé que les approches de l'entreprise n'étaient pas efficaces dans des environnements changeants, incertains et complexes."

Olivier Soudieux


Le sens, moteur de l'action

Pourtant, les contours étaient similaires : un projet en entreprise requiert un objectif, une équipe, des clients, un budget et de l'organisation. En montagne, il y a un point de départ et un point d'arrivée, une équipe, des clients " sponsors " et un budget à respecter. Mais cette mise en pratique des techniques de l'entreprise lors d'une ascension en montagne a conduit l'explorateur à un résultat nul. " Le temps que l'on choisisse quelle méthode il fallait adopter, l'environnement avait changé. On avait toujours un coup de retard. "

L'aventurier tire de cet échec un enseignement fort. Comment réaliser une performance optimale, sur la durée, dans un environnement changeant ? Pour Olivier Soudieux, la réponse est claire comme de l'eau de roche : en entreprise comme en montagne, l'issue positive d'un projet est à attribuer au sens donné à ce projet. " Si l'on ne crée pas d'engagement, si ça ne résonne pas et que l'on n'a pas le projet dans les tripes, on trouvera toujours des excuses en disant que, si c'est raté, c'est parce que c'était impossible ", énonce-t-il. Il incite désormais les chefs d'entreprise et collaborateurs dans ses conférences et ateliers de maîtrise des risques à prendre du recul et à interroger le sens qu'ils donnent à leurs projets.

Le message qu'il transmet : changer d'état d'esprit pour se mettre en configuration " agile " et s'ouvrir à l'incertitude pour mieux la gérer. Mais cette agilité doit émerger du collectif pour porter ses fruits. " Il suffit qu'un ou deux acteurs ne soient pas impliqués pour que cela vienne pénaliser l'ensemble ", explique-t-il. Un autre facteur de succès entre en ligne de compte : le mode de gouvernance adopté. " Avec un management hiérarchique et un fonctionnement en silo, on crée des freins à l'agilité. Il faut passer d'une posture de directeur des opérations à celle d'un commandant de contrôle concentré sur l'action et facilitateur des relations ", détaille Olivier Soudieux. Un modus operandi qui permet de donner du pouvoir sans en perdre, c'est-à-dire une gouvernance par l'holacratie.


Crédits photo : O.Soudieux


Évoluer dans un environnement volatile, incertain, complexe et ambigu

Dans les années quatre-vingt-dix, l'armée américaine a créé une expression pour qualifier les paramètres d'une situation ou d'un contexte. "VICA" (ou "VUAC" en anglais) pour Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu. L'essor exponentiel des technologies et l'injonction de se digitaliser pour survivre ont conféré à cette expression une résonance actuelle pour les dirigeants. C'est aussi pourquoi Olivier Soudieux a décidé de parler d'incertitude avec les entreprises. " Mes conférences ont pour but d'ouvrir l'esprit, donner des clés et expliquer qu'il y a des réponses face à l'incertain. "

Crédits photo : O.Soudieux


Il propose également des ateliers où le chef d'entreprise et son équipe sont amenés à prendre des risques "réels". " Je fais passer une équipe au-dessus d'une crevasse recréée dans une salle, où ils se retrouvent en appui les uns sur les autres. Ils doivent progresser sur un pont tendu fait de lignes de scotch et finissent par se retrouver paume contre paume avec un écart de 2,50 mètres entre eux, dans un équilibre précaire " , décrit le conférencier. But de l'opération : inciter les personnes à trouver des solutions dans un laps de temps bref, puis faire un debriefing de ce qui s'est joué à ce moment-là. Quels ont été les signes de confiance ? Quel type de communication a été adopté ? Une manière efficace de prendre le pouls des stratégies naturellement mises en place, donc de la bonne santé des échanges entre les collaborateurs.

Construire une intuition collective

L'obstacle majeur à la résolution des problématiques, pour Olivier Soudieux, ce sont les croyances limitantes. " Je constate la récurrence d'une croyance chez les entrepreneurs. Une forme de découragement lorsque des choses ont été tentées, le résultat de ces actions semblait prometteur mais elles n'ont finalement rien donné. À ce moment-là, le chef d'entreprise se dit : " À quoi bon faire des efforts ? " " raconte-t-il. Une solution existe pourtant, d'après lui : " Face à des problèmes complexes, on a besoin de créer notre meilleure intuition collective et d'avoir des processus qui nous permettent de faire émerger l'intelligence situationnelle de chacun. " Comment ? En créant le collectif. " Pour créer le collectif, on part du sens et on le partage en créant une mission collective, forte et incarnée. Si l'objectif est de doubler le C A et que cette mission ne parle pas à tout le monde, cela sera un échec. Pratiquer le management incantatoire et gesticulatoire ne fonctionne pas non plus " , s'amuse l'alpiniste. C'est-à-dire, déclamer à ses équipes des phrases de motivation sous forme de mantras sans prendre en compte l'humain et ce qui le motive.

Créer le collectif, c'est donc, en résumé, avoir une véritable mission, éviter de plaquer sa vision sur celle des autres, apprendre à s'adapter, se doter d'une gouvernance réellement participative, prendre en compte l'humain et le relationnel et ne pas hésiter à se réinventer en permanence.

En 2017, Olivier Soudieux se prépare à un nouveau défi : réaliser en un à plusieurs mois la traversée de lacs gelés au Québec à skis et tracté par cerf-volant sur plus de 1 000 km. Pour un niveau d'incertitude... Puissance 1 000 !

Pour en savoir plus :
Via L'Aventure
, le site d'Olivier Soudieux où l'on peut, entre autres, recevoir des nouvelles de ses explorations en temps réel en s'abonnant à sa newsletter.

 
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