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3 règles d'or pour travailler avec un micro-entrepreneur

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3 règles d'or pour travailler avec un micro-entrepreneur

S'il séduit les DRH par son apport en ressources plus flexibles, spécialisées et orientées "projet", le statut de microentrepreneur présente quelques contraintes. Avant de sauter le pas, garder en tête ses limites évite d'y perdre plus que d'y gagner. Voici trois règles d'or à suivre.

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Lorsque Take Eat Easy, la start-up belge de livraison de repas à domicile, décide majoritairement de faire appel à des coursiers à vélo inscrits comme autoentrepreneurs, c'est avec la tête dans le guidon de son modèle économique. L'accessibilité à des ressources qui ont l'initiative et la maîtrise de leur comptabilité, modulables et peu coûteuses représente un critère de choix pour une entreprise qui croît de 30 % par mois et affiche des variations d'activité encore trop aléatoires pour être anticipées.

Mais après trois ans d'existence, dans un contexte d'accroissement concurrentiel du secteur, la société baisse le rideau. Une faillite qui incitera certains des 2 500 coursiers à vélo recrutés en France à se rassembler en collectif pour faire valoir leurs droits. Certains de ces coursiers ont réagi en adressant un dossier aux prud'hommes pour obtenir une requalification de leur mission en contrat de travail.

De tous les risques inhérents au recrutement de micro-entrepreneurs figure, au dessus de la pile, le risque juridique. Les mauvaises pratiques révèlent la méconnaissance du statut et aboutissent parfois à un échec en matière de recrutement ou à l'ouverture de procédures pour régulariser la situation. Voici quelques règles d'or à garder à l'esprit pour éviter les


Règle n°1 : Vous n'êtes pas le patron

Premier vecteur d'incompréhension : le lien de subordination. Le prestataire micro-entrepreneur n'a aucun lien de subordination avec celui qui est appelé son "donneur d'ordre" (son client). La relation établie entre les deux parties ne relève pas d'une situation de travail classique. Ainsi, l'établissement d'un contrat entre les deux parties, notamment par souhait de protection, n'est pas valide s'il y est fait mention de clauses relevant du code du droit du travail.

À la minute où est nouée une relation de travail où le micro-entrepreneur doit rendre des comptes à une autorité ou un supérieur hiérarchique, il y a sortie de la relation prestataire-client et entrée dans le salariat déguisé. Ne pas oublier que le micro-entrepreneur n'est pas un salarié en version plus souple. Il est chef d'entreprise, mais bénéficiant d'un statut raccourci à l'essentiel. Le seul contrat envisageable à nouer avec lui est un contrat de prestation de services définissant les obligations de la mission et le cadre des conditions de travail (à domicile ou dans les locaux de l'entreprise, par exemple), une ­deadline pour les livrables et le forfait appliqué (taux journalier ou forfait à la mission).

Ce contrat de prestation doit être co-rédigé par les deux parties en accord et sans qu'aucune des clauses ne fasse appel à celles inscrites au code du droit du travail. Sont donc à exclure les mentions de contrainte d'horaires de travail dif­férentes de celles qu'a choisies pour exécuter ses missions le micro-entrepreneur lui-même. Aucune contrainte sur le lieu de travail, l'organisation et la méthode employée pour réaliser le ­travail ne peuvent y figurer. Le micro-entrepreneur ne s'expose à aucune sanction de son donneur d'ordre s'il venait à ne pas accepter de se plier à certains des cadres imposés par son client au cours de la mission qui n'auraient été validés au préalable.

D'où l'intérêt d'un recrutement intelligent et ciblé dès le début. C'est là que tout se joue. Les profils de micro-entrepreneurs sont à ­préférer pour leur expertise sur un domaine et non comme une alternative au salariat. Fred Nassar a fondé la plateforme de recrutement de free-lance 404Works, qui compte aujourd'hui une majorité de micro-entrepreneurs sur l'ensemble des 15 000 prestataires inscrits. Pour lui, "recruter ce type d'indépendants correspond à une tendance de fond autour de l'autonomisation du monde du travail. C'est un vrai besoin, une gestion totale de l'expertise métier, juridique et administrative par le prestataire. En cas de ­différend entre les deux parties, nous intervenons en médiation et nous invitons les parties à dialoguer". Sur sa plateforme, le client paye à l'avance et la somme est débloquée à la livraison de la prestation.


Règle n°3 : Bien estimer les coûts

Autre dimension souvent ardue : le calcul du coût du micro-entrepreneur au vu de ses missions, mais également de sa conservation aux ressources de l'entreprise sur le plus long terme. D'office, le prestataire de services en microentreprise en statut BNC ­(bénéfices non commerciaux) ne peut dépasser un chiffre d'affaires global de 32 900 euros par an, calculé en fonction de la date de ­déclaration de son début d'activité. Pour la première année d'activité, le statut permet un ­dépassement à 34 900 euros pour les prestations de services.

Si vous atteignez ce montant, le prestataire sera contraint de freiner son activité en refusant par exemple de réaliser des prestations complémentaires pour vous ou d'autres clients, sous peine de devoir faire évoluer son statut. Une bonne évaluation de ce que le micro-entrepreneur va vous coûter est un gage de fidélisation et de bon entretien des relations entre lui et vous évitera de ­mauvaises surprises.

C'est pourtant la tâche qui s'avère souvent la plus complexe pour le client comme pour le prestataire. Diviser une mission en une série de livrables avec échéances courtes vous permettra d'estimer au mieux vos besoins, le tarif qu'il vous est proposé à chaque étape et d'éviter ainsi les surfacturations imprévues.

À prendre également en compte : le micro-entrepreneur ne peut ni déduire ni récupérer la TVA, ni déduire les frais générés par son activité (déplacements, frais de bouche...). Un micro-entrepreneur payé à sa juste valeur est facturé à hauteur de sa mission, charges comprises. Il pourra vous adresser en complément ses notes de frais à condition que les frais engagés soient encadrés par la mission donnée.

Pour Fred Nassar (404Works), le micro­-entrepreneur reste un gain financier par rapport aux services d'une agence, mais "il faut bien négocier les tarifs et la facturation, avec un TJM (taux journalier moyen) pour les missions longues ou un forfait" . Du côté des usages, il explique : "On constate un glissement progressif du TJM vers le forfait." Pourquoi ? Plus simple pour les clients comme les prestataires, le forfait englobe l'ensemble de la prestation. À inclure aussi, la commission de mise en relation du client et du prestataire que les plateformes prélèvent parfois. Pour 404Works, la commission représente 10 % de la mission.

Les + et les - :

+ : Le statut évite à avoir à s'engager... Utile dans un contexte évolutif encore instable !

+ : L'expertise des profils recrutés offre un apport en ressources compétentes sur des projets précis.

- : Évaluer et anticiper le coût des missions s'avère parfois complexe.

- : Attention au lien de subordination pour éviter les risques de requalification de la mission.


Règle n°2 : Entretenir la flamme

Aussi vrai que vous êtes libre de clôturer votre collaboration avec un micro-entrepreneur une fois la mission achevée, lui n'a pas l'obligation d'accepter une nouvelle mission de votre part. Et vous auriez eu beau avoir trouvé "la perle rare" en lui, si votre concurrent lui proposait une mission mieux payée ou plus intéressante, voire un contrat, vous perdriez, impuissants, un élément précieux.

À noter que pour sécuriser la confidentialité des données auxquelles vous donnez accès au micro-entrepreneur, et notamment en mobilité si télétravail il y a, il est conseillé de rédiger une obligation à ce sujet dans le contrat de prestation.

Vous ne pourrez en revanche pas exiger ­l'exclusivité. Le micro-entrepreneur est libre de choisir ses clients. Si vous avez fait appel à un micro-entrepreneur pour ne pas avoir à vous engager sur le long terme, il faudra finalement envisager l'éventualité d'une embauche ou d'un renouvellement de mission suffisamment attrayant pour votre prestataire afin de le garder. Parmi les motifs fréquents de départ des autoentrepreneurs, figure, selon Fred Nassar (404Works), "un meilleur salaire ailleurs, une mission qui évolue trop par rapport à la commande, une mauvaise relation établie entre les parties et un client mauvais payeur.

Il y a un important coût du recrutement raté dans les entreprises, surtout du côté des start-up" explique t-il . Solution ? "Il faut un pivot du modèle économique", espère-t-il. En cela, le micro-­entrepreneur est intéressant car il permet de venir en renfort des activités sur des projets ponctuels, sans augmenter la masse salariale et en répondant à un problème précis par une expertise poussée. Mais, comme ­partout, les profils les plus pointus sont aussi les plus rares.

 
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