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Emmanuel Macron : "Nous devons amplifier les réformes"

Publié par Eloïse COHEN le | Mis à jour le
Emmanuel Macron : 'Nous devons amplifier les réformes'

À peine sa première loi promulguée qu'Emmanuel Macron en annonce une seconde. Le voilà qui s'attelle à la transformation numérique des entreprises. Pour le ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique, les conditions sont réunies pour réformer le pays.

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Chefdentreprise.com : votre loi, celle pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, a été publiée au journal officiel le 7 août. C'est la fin d'un parcours législatif mouvementé, marqué par l'article 49-3, 400 heures de débats et des dizaines d'amendement. Êtes-vous soulagé ?

Emmanuel Macron : Soulagé, ce n'est pas le terme. Certes, le chemin a été mouvementé. Il a fallu expliquer souvent et se battre à plusieurs reprises. Mais l'enjeu de cette loi est de taille : moderniser des pans entiers de notre économie en déverrouillant plusieurs secteurs d'activité. Nos réformes, à la fois efficaces et justes, redonnent des opportunités et des droits à des travailleurs, à des investisseurs, à des entrepreneurs. J'ai bien conscience que, pour changer la réalité d'une économie, la loi n'est qu'un levier parmi d'autres. Mais mon travail est désormais de prendre rapidement les décrets d'application et de continuer à faire de la pédagogie sur ces réformes.

Vous avez annoncé mercredi 15 juillet l'ouverture d'un nouveau chantier "pour voir comment le numérique peut moderniser l'économie". Est-ce la base de la loi Macron 2 ?

Peu importe son nom : l'essentiel, ce sont les objectifs que ce second texte doit permettre d'atteindre. La première loi a déverrouillé l'économie et corrigé, sans n'enlever aucun droit, les rigidités de nombreux secteurs. Aujourd'hui, un autre train de modernisation permettra à la France de saisir toutes les opportunités de la nouvelle économie du numérique, de l'innovation et de la transformation des métiers. Certes, nous devons aider les start-up à se développer et à créer plus d'emplois. Mais il nous faut également accompagner les entreprises existantes à se numériser pour gagner en productivité et en compétitivité. C'est l'objet de la deuxième saison de la French Tech, lancée avec Axelle Lemaire. C'est également le défi de l'industrie du futur, que j'ai placé au coeur de la nouvelle France industrielle, et qui vise à rendre la production française plus rapide, plus digitale, plus décarbonnée et plus internationale.

Le monde se transforme. Et pour s'adapter, nous devons améliorer l'allocation du capital, la formation ou encore notre cadre juridique. Si nous n'accompagnons pas le changement maintenant, nous le subirons. Et nous créerons soit des blocages qui nous empêcheront de saisir de formidables opportunités, soit des rigidités que de nouveaux acteurs contourneront, qu'on le veuille ou non. Voilà pourquoi nous devons continuer à lever les verrous qui limitent les initiatives et trouver le bon cadre qui organisera les activités nouvelles.

Cette rentrée est également marquée par les chiffres, loin d'être réjouissants, de la croissance : 0 % pour le 2nd trimestre. Cette nouvelle, qui vous a plutôt surpris, va-t-elle modifier le rythme des réformes ?

Absolument pas. Il faut rappeler qu'au premier trimestre, la croissance révisée à la hausse était de 0,7 %. Au-delà des à-coups, cela signifie qu'il y a une reprise. Ces chiffres sont en ligne, non seulement avec nos anticipations de croissance, mais également avec la moyenne des pays européens. Ce qui n'était pas le cas les années précédentes. Pour autant, ils ne sont pas satisfaisants : nous ferons baisser le chômage à condition d'atteindre 1,2 à 1,5 % de croissance. Plus que jamais, nous devons donc poursuivre et amplifier les réformes.

Le conseil d'Emmanuel Macron aux patrons :

Parallèlement, vous vous attelez également à réformer la commande publique dont les PME ne bénéficient jusqu'ici que très peu. Pénalisées, elles ne captent que 30 % de leur valeur, alors qu'elles décrochent 58 % des contrats...

Pour les petites entreprises, "commande publique" rime avec "complexité". C'est pourquoi nous avons engagé sa refonte profonde. Une première étape a été franchie avec la publication de l'ordonnance du 23 juillet 2015 applicable dès avril 2016. Cette réforme est profondément "PME-friendly".

Déjà, parce qu'elle généralise le principe d'allotissement, c'est-à-dire le découpage des marchés en lots accessibles aux PME. Cela représente 1,5 milliard d'euros de marchés nouvellement ouverts aux petites entreprises. Aussi, les PPP, contrats de partenariat qui représentent au total 15 milliards d'euros depuis 2005, devront obligatoirement comporter une part réservée aux PME.

Ensuite, parce que cette réforme simplifie. Toutes les règles relatives aux marchés publics seront réunies dans un seul et même texte : nous disposerons alors d'un véritable code dédié à la commande publique. De la sorte, nous réduisons de 40 % le volume des règles de niveau législatif qui s'appliquaient jusqu'à maintenant aux marchés publics. Or, simplifier, c'est bon pour les PME car leurs dirigeants n'ont pas le temps d'entrer dans la complexité du droit.

Enfin, cette refonte du droit des marchés publics vise à dématérialiser et à alléger les procédures. Une consultation a été lancée sur ce sujet : elle sera close le 30 septembre. Ses résultats seront pris en compte dans la rédaction des textes d'application de l'ordonnance de juillet.

Vous avez un parcours atypique pour un politique. Vous avez en effet commencé votre carrière comme banquier d'affaires au sein de Rothschild et Cie. Comment ce passage dans le privé impacte-t-il votre engagement politique ? Et vos propositions de réformes ?

J'ai commencé ma carrière dans la fonction publique avant de travailler dans le privé ! Et c'est tout mon parcours qui me sert aujourd'hui dans mes fonctions. De mes expériences passées, j'ai retenu trois enseignements très simples qui m'éclairent chaque jour dans mes décisions.

Déjà, il faut toujours faire simple, concret et perceptible. Les annonces vagues et les engagements à l'emporte-pièce, les gens n'en peuvent plus. Quant aux mesures, si elles ne sont pas immédiatement intelligibles, elles sont inopérantes. Car les chefs d'entreprise ont 10 000 autres choses à penser que s'adapter en permanence à la norme.

Ensuite, la clef de tout, c'est la rapidité d'exécution. Le temps politique doit se plier à celui, très rapide, des affaires. La compétition va vite et les réformes doivent suivre ce rythme.

Troisième point, il faut penser chaque sujet à son bon niveau. Au niveau de l'entreprise, à l'échelle nationale, européenne, mais aussi mondiale ! Car c'est un fait, tout est de plus en plus mondial : la compétition certes, mais aussi le marché et la capacité à innover. C'est ce qui rend ma fonction aussi exigeante.

Quels conseils donnez-vous aux dirigeants d'entreprise ?

Je suis là pour aider les dirigeants à prendre des risques et j'aurais des scrupules à les conseiller. Pour autant, je leur dis de croire dans l'avenir économique de la France et de l'Europe. Et de se saisir des dispositifs que les pouvoirs publics mettent à leur disposition pour investir, capter les sources potentielles d'emplois et conquérir les nouveaux marchés. Qu'ils profitent notamment du mécanisme de surinvestissement fiscal que nous avons créé : il leur permet d'amortir 140 quand ils dépensent 100. D'autant que les taux d'intérêt sont historiquement bas. C'est donc le bon moment pour moderniser l'appareil productif, gagner en compétitivité et réussir aujourd'hui et demain.

Mon autre conseil, c'est de penser vite et mondial. Beaucoup le font déjà et ne m'ont pas attendu. Aux autres qui hésitent, je dis de ne pas avoir de fausse pudeur : vous avez toutes les capacités pour réussir. Nous sommes un pays d'entrepreneurs, qui est un mot français et que les Anglo-Saxons nous ont chipé. À nous d'être à la hauteur de cet héritage. C'est ce que j'attends de nos chefs d'entreprise.

 
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