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[Dossier] 8 dispositifs pour optimiser votre financement

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[Dossier] 8 dispositifs pour optimiser votre financement

Parce que l'heure n'est plus à une source unique de financement, mais à l'ingénierie financière, voici un guide pour optimiser votre stratégie en la matière. Crowdfunding, affacturage, prêts bancaires, fonds d'investissement... Apprenez à les marier pour dégager les liquidités dont vous avez besoin.

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Si l'argent est le nerf de la guerre, il l'est aussi pour le business. Le besoin en liquidités est un enjeu crucial, que ce soit pour amorcer, développer ou tout simplement maintenir son activité. Et ça tombe bien, les possibilités d'augmenter sa trésorerie sont multiples. Pour s'orienter dans cette jungle du financement et actionner les bons leviers, il est essentiel de bien identifier ses besoins. La littérature abonde concernant l'amorçage et les sources de financement alternatives.

1. Crowdfunding

Effet de mode ou tendance de fond, le secteur commence en tout cas à se structurer, avec la création d'intermédiaires en financement participatif (IFP), des plateformes agréées par l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), pour aider les entreprises à bien mesurer les risques de ces opérations.

Parmi elles, Lendix, une fintech qui oriente l'épargne des particuliers vers les PME dont le besoin de financement se situe entre 30 k€ et 1,5 M€. Sébastien Astre, directeur d'investissement, estime qu'on est "face à un phénomène durable qui vise à combler les trous dans la raquette". Cette marketplace en ligne s'est engouffrée dans la brèche pour permettre aux entreprises de "trouver la bonne ressource au bon endroit au bon moment".

2. Fonds d'investissement

"Le contexte global a évolué", estime Benoist Grossmann d'Idinvest, également vice-­président de l'Afic (Association française des investisseurs pour la croissance), qui regroupe 287 fonds de capital investissement. Il se félicite que l'image des fonds évolue favorablement : "On n'est pas là pour faire un coup financier sur un ou deux ans et s'en aller. On est le meilleur ­supporter de l'entreprise pendant cinq à dix ans, que ce soit une start-up qui va révolutionner un marché ou une petite PME au fin fond du territoire."

Plus l'argent est disponible, plus il pourra s'investir.

Au-delà des fonds, il estime que le principal atout est d'introduire "de la cohérence et de la transparence dans l'entreprise. Si on lui demande de se structurer, ce n'est pas pour l'embêter. On s'aperçoit que ça l'aide à grandir". Le secteur, en plein essor, s'est professionnalisé avec une spécialisation des acteurs, "signe d'une maturité du marché qui a investi 10 milliards l'an dernier dans 1650 entreprises. Notre position, c'est que plus l'argent est disponible, plus il pourra s'investir."

Laurence Méhaignerie dirige Citizen Capital, un fonds d'investissement tourné vers l'"impact investing" (impact social positif, NDLR), créé en 2008. "Nous allons certainement accompagner des entreprises qui ont levé des fonds via le crowdfunding, note-t-elle.Ce mode de financement est très vertueux. Même si le ratio est limité, rarement plus de 150 k€, l'impact en termes de marketing et de notoriété est fort." Pour le reste, le fonds citoyen investit entre 1 et 5 millions en fonds propres dans des entreprises en phase de croissance dont elle a identifié le modèle économique... "de plus en plus dans le secteur du digital". Elle l'avoue: "L'an dernier, nous avons étudié environ 200 opportunités. Nous ne signons qu'avec une à trois entreprises par an, après une étude de deux à trois mois. On dit beaucoup non, mais quand on dit oui, c'est pour cinq ans!"

7. Affacturage 3.0

Et au quotidien? L'affacturage, qui a longtemps joui d'une image négative comme solution de dernier recours pour les entreprises en difficulté, est de plus en plus vu comme "une solution complémentaire au crédit pour accompagner le développement", souligne Mélodie Clausse de Crédit Agricole leasing & factoring. Des start-up se sont développées sur ce segment. "On a voulu développer une offre plus souple et plus collaborative pour accompagner au quotidien, sans perturber les relations commerciales", explique Alexandre Weiss, président de Créancio, qui offre une solution de financement dédiée aux PME. "Comme l'affacturage, sans inquiéter le client", lit-on sur la plateforme où l'on peut ouvrir en quelques clics un compte de trésorerie sur lequel les factures vont être payées. Et surtout "sans perturber les relations commerciales", affirme le créateur de cette alternative qui se veut "une offre plus souple et plus ­collaborative".

L'affacturage est le premier moyen de financement en cours terme

Principaux utilisateurs de ce service de trésorerie à la demande, des TPE et PME dans le négoce, le bâtiment ou le transport. "Les coutumes sont différentes dans chaque ­secteur, mais on veut rester très diversifiés: de la crème fraîche bio à l'électronique", sourit Alexandre Weiss, qui se fait fort "d'assister l'entreprise dans la gestion de son poste client en l'incitant à relancer, bref, à se défendre. Ce qui me satisfait à la fin de la journée, c'est le sentiment qu'une entreprise se solidifie, se structure", explique le dirigeant de cette fintech qui se rémunère par un discount sur chaque facture et espère "en finir avec ces faillites de business rentables uniquement dues à des délais de paiement".

"Le mot affacturage sent la naphtaline, s'amuse Cédric Teissier, cofondateur de Finexkap. En réalité, c'est le premier moyen de financement en court terme." Sur cette plateforme en ligne créée en 2012, pas de frais de dossier ni ­d'abonnement, et un financement dans les 72 heures. "On est un peu des Robin des bois puisqu'on émane d'une société de ­gestion de ­portefeuilles, agréée par l'AMF, qui fournit ses excès de trésorerie." La start-up finance 250 entreprises de manière récurrente, c'est-à-dire pour l'intégralité ou presque du chiffre d'affaires, et a pris le parti "de rentrer dans le quotidien des dirigeants, en tissant un réseau de partenaires, notamment avec les comptables qui peuvent se connecter en quelques clics. Nos clients types, ce sont des entreprises qui font moins de 10 millions de chiffre d'affaires. Les factors traditionnels n'y vont pas. Ce n'est pas rentable pour eux."

8. Échanges interentreprises

Et si, au lieu de sortir de la trésorerie, vous vous livriez à des échanges interentreprises? C'est l'idée de France Barter, "marketplace de compétences" selon le mot de son dirigeant Samuel Cohen, qui a concrétisé son idée en juin 2014. Comment ça marche? "Quand une entreprise rejoint le réseau, elle ouvre un compte et met en ligne ses besoins et ses offres sur la ­plateforme. Grâce à cette mise en relation, elle peut acheter des prestations sans sortie de trésorerie, puisqu'elle reçoit une facture avec la mention "paiement par compensation". On ­l'enregistre et on lui trouve des clients pour qu'elle puisse faire à nouveau des ventes."

Une solution pour ­financer des dépenses courantes directement, en échange de sa production, et ainsi se faire connaître. "On recense plus de 500 entreprises dans des secteurs très variés, du nettoyage aux relations presse en passant par des start-up ­innovantes, qui sont susceptibles d'avoir besoin les unes des autres à un moment."

Si les gestionnaires de la plateforme ne mettent pas la pression aux entreprises ­utilisatrices, Samuel Cohen souligne: "Idéalement, le compte ne doit pas rester ­excédentaire trop longtemps: ­l'intérêt, c'est qu'il y ait du mouvement." Ce dernier y voit aussi un moyen de sortir de ­l'immobilisme: "Il y a tout un tas de choses ­(shooting photos, campagne de communication, etc.) qu'on ne fait pas à cause de la contrainte ­budgétaire. Là, on peut se le ­permettre en échange de sa propre expertise." France Barter, qui prélève un pourcentage (5% du côté de l'acheteur et autant du côté du vendeur), croit beaucoup, pour les dépenses courantes, à ce "financement par la compétence".

Un ratio encore plus élevé pour Laurence Méhaignerie: "Chez nous, cela se décide à 80% sur l'homme qui va porter le projet." Elle se souvient encore d'une de ses plus grandes fiertés: avoir parié sur la vision d'un entrepreneur du Web qui voulait reprendre et repartir de zéro avec la base clients et la marque de la Camif. "Son idée, c'était de quitter la vente par correspondance traditionnelle pour devenir un spécialiste de l'équipement de la maison sur le Net, avec un parcours client axé sur le sens qu'on donne à ses achats en termes d'emploi local, etc. On a pensé que c'était créateur de valeur."

L'investisseur, il faut le faire rêver

Victoria Dorgnon-Lambert, directrice des opérations chez E-loue.com, marketplace de location de tous types de biens lancée en 2009, met, avec Alexandre Woog et Benoît Wojciechowski, les deux cofondateurs, toute son énergie évangéliser le projet. Nous avons d'ailleurs pris un virage au moment de la deuxième levée de fonds de 2 M€ en 2014, en ouvrant le service aux entreprises". Après cette révision du business model, l'entreprise compte aujourd'hui une vingtaine de salariés et prépare un troisième tour de table qu'elle espère "plus conséquent". Une énergie qu'il faut dépenser sans compter: "L'investisseur, il faut le faire rêver", formule Hervé Bazin de Bpifrance.


5. Venture loan

Autre possibilité pour les entreprises en forte croissance, le venture loan, un financement innovant né dans les années quatre-vingt aux États-Unis, arrivé il y a quelques années en France, où il est pratiqué notamment par la banque Wormser Frères."Cette possibilité s'adresse aux entreprises en forte croissance, typiquement des start-up en post-amorçage", souligne Marc Wormser, directeur général délégué. Pour y répondre, il faut remplir quatre critères: apporter la preuve économique du concept - "on se base sur un chiffre d'affaires annuel de 500 k€ minimum" -, présenter des perspectives de développement significatives, avoir déjà atteint la rentabilité ou être en passe de l'atteindre dans les prochains mois, réaliser simultanément ou juste avant des investissements en capital.

La banque peut alors apporter de 250 000 à 1,5 million d'euros dans deux cadres. "Soit on vient en complément d'une levée de fonds, à hauteur maximale d'un euro pour deux euros d'equity, ce qui permet d'augmenter la levée en diminuant au maximum la dilution; soit, pour des sociétés plus matures qui réalisent déjà quelques millions d'euros de chiffre d'affaires, un bridge to profitability." Au coeur de l'analyse du projet, "quels que soient le contexte et le secteur, la société doit être capable de nous rembourser par son activité, et nous, nous sommes là pour la pérenniser. Le prêt est signé pour quatre ans, avec une année de franchise en capital, où elle ne paye que les intérêts, et ensuite un remboursement du prêt avec des échéances constantes." Les sociétés ainsi financées alors qu'elles ne sont pas encore éligibles à des prêts classiques rémunèrent la banque à un taux fixe de 8 à 10%, et via l'émission de BSA.

6. Fiducie

Autre outil introduit récemment en droit français, la fiducie, "reine des sûretés" selon Stéphan Catoire, fondateur d'Equitis gestion et président de l'Association française des fiduciaires. Et ce, tant pour le prêteur que pour l'emprunteur. "À l'échéance du crédit, le bien revient dans son patrimoine. En revanche, s'il est défaillant, la convention est résistante aux procédures collectives." Elle peut porter sur des biens immobiliers mais aussi des stocks de produits finis, qui vont sortir du bilan. Un dispositif encore sous-­utilisé, à hauteur de 10 milliards d'euros, mais "plus sécurisant pour tout le monde, notamment en cas de difficulté". Le fiduciaire "est là pour faire respecter l'accord entre les parties, des contrats qui peuvent durer d'une journée à 99 ans".

3. Banque publique d'investissement

Crowdfunding, business angels, fonds d'investissement, sans oublier Bpifrance pour l'aide à l'innovation notamment...

Les CCI, avec leur maillage territorial et leur portail online Les-aides.fr, peuvent d'ailleurs vous aiguiller. "Les financements immatériels représentent un tiers de notre activité chaque année : dépenses en R & D, marketing, développement international", souligne Hervé Bazin, directeur régional de Bpifrance Paris-La Défense. Et bien sûr, les banques! "Nous sommes tous complémentaires, martèle Philippe Bailly, responsable des marchés professionnels et des petites entreprises à la direction du développement du Crédit mutuel, qui compte 5000 points de vente en France. Le timing n'est pas le même: avec le capital-risque, il y a un fort turnover, tous les trois ou quatre ans. Nous sommes plutôt des passagers au long cours."

"Nous travaillons beaucoup avec Bpifrance sur l'accompagnement de l'innovation", souligne Arnaud Manceron, responsable grands partenariats corporate chez BNP Paribas. Objectif commun: aider les entrepreneurs à être ambitieux.Bpifrance, qui depuis l'an dernier intègre les innovations liées aux usages, aux modèles d'affaires, au management ou au design, a vu le nombre de start-up accompagnées et les montants distribués doubler entre 2013 et 2015. Une évolution vers plus de cohésion d'autant plus profitable que l'augmentation des fonds propres, en bordant bien son pacte d'actionnaires, "améliore l'accès bancaire" selon Laurence Méhaignerie.

C'est ce qu'a vécu Cédric Williamson, fondateur de Kiwatch: "On a avancé par bribes." Créée en 2011, cette société, qui développe des systèmes de vidéosurveillance pour le grand public, a travaillé sur la R&D pendant un an et demi pour aboutir aux premières solutions, tout en cherchant à lever des fonds. "On a trouvé un petit fonds de capital-risque à Rennes qui nous a apporté 200, puis 50 k€."

L'entreprise installée à Orvault, près de Nantes, se développe alors en accrochant des partenaires comme Axa, "qui distribue notre produit auprès de ses clients avec un petit discount". Kiwatch séduit ensuite un leader européen de la domotique. "Entre eux et les associés historiques, on est monté à 400 k€", se félicite Cédric Williamson, qui prévient: "À l'amorçage, ça marche beaucoup au coup de coeur, de manière parfois pas très rationnelle. Rappelez-vous Coyote." C'est ensuite que les choses se compliquent et qu'il faut multiplier les investisseurs.

"On n'a pas le choix", estime ce dirigeant qui a dépensé beaucoup d'énergie à démarcher les business angels. "On n'est pas entrepreneur pour ça, mais il faut le faire et on en apprend beaucoup. Surtout quand on se tourne vers des gens qui vous font partager leur expérience et apportent du réseau, des compétences en même temps que du cash." Il se félicite aujourd'hui d'avoir "construit une cohérence et renforcé le projet en lui-même". Même s'il prévient: "On n'est jamais au bout!" Aujourd'hui, "en tirant les leçons des défis précédents", il prépare une nouvelle levée de 20 millions d'euros pour développer des pistes à l'international.

4. Ingeniering financier

Tous ces acteurs du financement s'accordent sur l'importance de bien présenter son projet. "Il faut le crédibiliser en montrant sa faisabilité, tant sur les aspects techniques, juridiques, fiscaux, qu'humains", insiste Agnès Bricard, présidente du Conseil supérieur de l'ordre des experts-comptables et auteur du Guide du routard du financement d'entreprise. C'est le moment de refaire votre CV... et de vous entourer. Pour Philippe Bailly, le meilleur rendez-vous est celui qui réunit le dirigeant d'entreprise, le banquier, et l'homme du chiffre. Car la décision se prend à 50% sur les chiffres, à 50% sur la confiance.

 
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