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Emmanuel Freund (Blade) : "Je veux conquérir le monde"

Publié par Julien van der Feer le | Mis à jour le
Emmanuel Freund (Blade) : 'Je veux conquérir le monde'

La start-up Blade a levé 51 millions d'euros en juin. L'entreprise qui propose des ordinateurs dans le cloud vise 100 000 utilisateurs à fin 2018. Emmanuel Freund, l'un des trois cofondateurs, explique sa stratégie et ses ambitions.

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Pouvez-vous nous dire, en quelques mots, ce que fait votre entreprise ?

L'ordinateur, tel que nous le connaissons, ne fait pas sens. Il n'a pas vraiment évolué depuis une vingtaine d'années. Il est devenu plus petit, plus beau, portable, mais ses composants sont toujours à peu près les mêmes, avec les mêmes limitations.

Notre idée, c'est de prendre ces composants et de les mettre dans des data centers ultra-sécurisés. Le but ? Avoir accès à son ordinateur, c'est-à-dire à ses dossiers et son interface, d'absolument n'importe où. À la fois à partir d'un boîtier design que nous fournissons, mais aussi depuis son téléphone portable, sa tablette, une télévision, un Mac ou encore un ordinateur portable. Et ce, à pleine puissance.

C'est-à-dire ?

Notre ordinateur est équivalent à une machine d'environ 1 500 euros sur le marché. Sauf qu'ici, vous le louez en payant un abonnement mensuel de 29,95 euros. C'est un service hébergé dans le cloud. Le résultat : nos clients bénéficient d'un ordinateur toujours à jour, avec les derniers processeurs et cartes graphiques existants.

Plus besoin de changer son PC parce qu'un composant casse, parce qu'il est lent et vérolé ou parce que les évolutions technologiques l'ont rendu obsolète. Nous comptons bien, un jour, remplacer tous les ordinateurs du monde, mais aussi les montres et les tablettes.

Vos ambitions sont élevées...

C'est vrai. Mais notre produit crée une vraie excitation auprès des personnes qui peuvent le voir fonctionner ou le tester. Ils ont l'impression que c'est magique.

Tout d'un coup, nous changeons l'ordinateur qui est lourd, encombrant - même pour les portables -, qui chauffe et qui fait du bruit, par quelque chose de plus petit, plus beau, plus puissant, plus rapide, qui ne fait pas de bruit et qui permet d'avoir accès, à partir de n'importe quel écran, à ses photos, dossiers, logiciels, jeux, etc. Nous créons de nouveaux usages.

Pouvez-vous nous donner les chiffres-clés de Blade ?

Nous sommes une soixantaine de collaborateurs, mais nous serons autour de 90 personnes d'ici fin 2017. À titre de comparaison, nous étions dix-sept en décembre dernier. Plus de la moitié de nos collaborateurs ont un profil technique, notamment dans le développement.

Nous recrutons principalement des personnes qui correspondent à notre culture d'entreprise, même si je n'aime pas cette expression. Nous venons de lever 51 millions d'euros en juin. Nous avons cinq mille abonnés actifs et à peu près neuf mille en liste d'attente.

Ça paraît peu...

C'est volontaire. Nous avons limité les commandes à cinq mille clients. Notre but était de faire une proof of concept sur la France et sur un nombre limité d'utilisateurs pour montrer que la technologie fonctionne. Et qu'il y avait une appétence pour elle. Désormais, grâce à notre levée de fonds, nous voulons atteindre cent mille utilisateurs d'ici fin 2018 !

Comment comptez-vous y parvenir ?

Nous avons conquis nos cinq mille premiers clients actifs uniquement grâce au bouche-à-oreille et aux articles dans la presse spécialisée. Alors que notre produit était en bêta au départ. Nous espérons atteindre nos objectifs grâce à un déploiement en Allemagne et au Royaume-Uni dans un premier temps, puis dans toute l'Europe de l'Ouest d'ici fin 2018, et à une communication massive dès septembre.

Quel public ciblez-vous ?

Pour le moment, nous souhaitons rester sur notre public de base, c'est-à-dire les gamers, même si ce n'est pas notre positionnement à terme. Aujourd'hui, nous avons environ 60 % de hardcore gamers qui jouent plus de quinze heures par semaine, 20 % de casual gamers qui jouent plus de trois heures par semaine, et environ 20 % de personnes qui veulent seulement avoir un ordinateur très puissant pour faire de la bureautique.

Enfin, nous réfléchissons très fortement à un développement en B to B.

"Nous créons de nouveaux usages."

Vous avez reçu des demandes d'entreprises ?

Oui, et c'est naturel. La première raison : notre service évite les problèmes de maintenance du parc informatique. Sans compter qu'il existe de nombreux secteurs qui nécessitent d'avoir des ordinateurs puissants et à jour.

Un autre avantage, c'est que notre solution facilite le télétravail ou le travail collaboratif puisque je peux ouvrir l'accès à mon ordinateur à distance. Bref, les applications business sont multiples.

Votre produit n'est-il pas limité par la connexion internet de vos clients et les infrastructures des pays ?

Au départ, nous demandions à nos utilisateurs d'avoir la fibre. Désormais, nous avons développé une nouvelle technologie qui permet d'avoir accès à notre service, de façon parfaite, à partir d'un débit de dix mégabits par seconde. Et ce pour des jeux très puissants. En Allemagne et au Royaume-Uni, la connectivité moyenne est de quinze mégabits par seconde. C'est donc suffisant.

Mais la difficulté reste d'avoir un maillage efficace de nos data centers vers le client final.

N'avez-vous pas peur qu'un géant du Web décide de vous concurrencer ?

C'est une bonne question. Déjà, notre levée de fonds nous assure de garder notre avance technologique. Il y a six mois, quand nous parlions de notre projet, tout le monde pensait que c'était impossible.

Aujourd'hui, c'est différent et nous savons que des acteurs vont forcément venir sur notre marché. Il faut donc que nous gardions cette avance technologique sur les autres. Ensuite, nous partons à l'international pour augmenter rapidement nos parts de marché et conserver l'avantage d'être le premier entrant sur le secteur

"Nous réfléchissons très fortement à un développement en B to B."

Mais est-ce suffisant ?

Nous ouvrons aussi des bureaux dans la Silicon Valley pour montrer que nous détenons cette technologie et que nous sommes ouverts aux partenariats. Après, nous n'avons pas vraiment peur de l'arrivée d'un Google sur notre marché.

Les grandes entreprises américaines innovent, au final, assez peu et préfèrent racheter des entreprises car ce sont des mastodontes. À moins qu'elles travaillent déjà sur le projet, il y a peu de chances qu'elles décident de venir nous concurrencer.

Enfin, nos vrais concurrents ne sont pas les acteurs du cloud, mais les fabricants d'ordinateurs classiques. L'année dernière, 270 millions d'ordinateurs ont été vendus.

Quelle est votre ambition ?

Le concept rigolo et un peu ridicule des start-up, c'est de vouloir changer le monde. Reste qu'il y a un vrai fondement derrière, il s'agit de savoir à quoi nous servons. Je ne pense pas que l'invention du smartphone ait amélioré la vie des gens ou ait contribué à leur bonheur.

La technologie dispose d'un vrai rôle pour améliorer le quotidien des individus. Et si nous voulons pouvoir le faire, il faut que nous devenions une entreprise mondiale. Pour quelqu'un comme moi qui adore créer et inventer des bidules, une entreprise comme Blade est un rêve. Notre ambition finale, avec humour, est de conquérir le monde et d'avoir une île secrète.

Pour atteindre vos objectifs, le recrutement est clé...

Nous recrutons des profils atypiques. Par exemple, nous voulions embaucher un community manager mais, lors des entretiens, nous avons rencontré une personne qui faisait des vidéos très amusantes sans pour autant être calée en community management. Nous avons décidé de la recruter et de créer un blog vidéo à la place. Et c'est pareil pour tous nos recrutements, même plus techniques.

Autre exemple : nous avons une cellule de R & D hardware sans raison spécifique à la base. Nous avons rencontré deux personnes très compétentes avec des idées folles et c'est pour cela que nous avons décidé de les mettre à plein temps sur de la R & D.

Avez-vous des problèmes pour trouver des développeurs ?

Pas du tout. Nous sommes le rêve des développeurs. Les meilleurs Français travaillent en général chez Thales et Orange, ce sont des divas et ils font ce qu'ils veulent. Mais ils regardent avec envie ce qui se passe chez Google et Facebook. Quand nous allons les voir, nous leur expliquons qu'ils gagneront à peu près la même chose chez nous et que dans un an, soit nous sommes le nouveau Google, soit nous disparaissons. Si nous mourons, ce n'est pas grave, ils retrouveront un poste le lendemain. Si nous réussissons, ils seront dans les vingt premières personnes qui ont fondé un nouveau Google.

Quel conseil donneriez-vous à Emmanuel Macron ?

Il faut reconstruire les pyramides d'Égypte en France ! Nous avons besoin d'un vrai grand projet qui puisse unir tout le monde. Quand nous travaillons tous ensemble pour faire quelque chose de grand et de beau, ça redonne de l'espoir. Les projets pharaoniques ont été utilisés dans tous les pays et à tous les âges pour détruire les crises.

Biographie

1977 : Naissance d'Emmanuel Freund, le 16 juin.
1983 : Découverte de son premier ordinateur et d'un jeu proche d'Arkanoid. Une révélation.
2004 : Arrêt de son DEA à l'École normale supérieure pour créer Isidor, une entreprise spécialisée dans la fabrication d'ordinateurs pour seniors.
2013 : Vente d'Isidor au groupe suédois Doro.
2015 : Création de Blade avec les premiers pas du développement de Shadow.

 
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