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Matthieu Beucher, CEO de Klaxoon : "Nous avons besoin de développeurs ­d'affaires"

Publié par Julien van der Feer le | Mis à jour le
Matthieu Beucher, CEO de Klaxoon : 'Nous avons besoin de développeurs ­d'affaires'

Doucement mais sûrement... C'est en quelque sorte la philosophie de Matthieu Beucher, CEO de Klaxoon, éditeur d'une solution de travail collaboratif. La structure a levé 50 millions de dollars en mai 2018.

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Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?

Notre objectif est de faciliter le travail en équipe, notamment lors des réunions. Les entreprises qui font des meetings efficaces sont aussi celles qui sont performantes. Pourtant, c'est un moment très critiqué par les salariés, notamment parce qu'ils estiment ne pas pouvoir s'exprimer assez. Il y a aussi moins d'une réunion sur quatre qui aboutit à une prise de décision. Enfin, les collaborateurs pensent que le temps passé en réunion est trop long.

Votre plateforme répond à ces enjeux ?

Oui. Nous avons développé un outil standard pour accélérer et faciliter le travail en équipe. Et ce, lors des réunions, mais aussi en dehors. Les collaborateurs n'ont plus besoin de se réunir au même moment et au même endroit pour se synchroniser. C'est une nouvelle forme de réunion asynchrone, qui ne nécessite pas d'avoir des qualités d'orateur exceptionnelles pour exprimer son point de vue.

Pouvez-vous décrire Klaxoon en quelques chiffres ?

Le produit a été lancé en mars 2015. Nous avons un peu plus de 200 salariés entre Rennes, Lyon, Paris et New York, ainsi que plusieurs millions d'utilisateurs dans 120 pays environ. Nous avons levé 50 millions de dollars l'été dernier et reçu de nombreux prix, notamment au CES de Las Vegas mais pas seulement. Ce sont d'ailleurs ces trophées qui ont développé la notoriété de Klaxoon dans le milieu des RH et du management au niveau international.

Vous avez attendu longtemps avant de lever des fonds ...

C'est vrai. Nous nous sommes toujours autofinancés et nous sommes rentables depuis le début. L'entreprise avait sept ans et plus de 100 salariés quand nous avons réalisé notre levée de fonds.

Pourquoi avez-vous choisi d'installer votre entreprise à Rennes ?

C'était un choix très osé en 2009, surtout pour attaquer les clients parisiens. Je ne vous cache pas que ça a été un peu compliqué au départ. Mais, aujourd'hui, ce n'est plus un sujet. Au contraire. Nous sommes sur un bassin d'emploi différent, nous avons la capacité d'avoir nos propres bureaux, de grandir et de recruter sans dépenser une fortune.

Quid des problèmes de recrutement ?

Nous mettons en avant notre projet etle cadre de vie agréablede la région pour attirer les talents. Surtout,nous ne sommes pas victimes des forts taux de turnover que peuvent connaître les entreprises basées à Paris. Et Rennes est très bien placée en termes de bassin d'emploi sur les profils d'ingénieur développement. La raison ? La ville est, à l'origine, un bastion d'Orange. Il y a donc une dizaine d'écoles d'ingénieurs en informatique. Je suis ingénieur télécom à la base et je savais qu'en venant ici,je trouverais les bonnes personnes pour participer à notre projet.

La difficulté porte sur le profil commercial ?

Oui, c'est un sujet. Nous avons besoin de développeurs ­d'affaires. En 2015, c'était vraiment une difficulté de trouver, à Rennes, des personnes à l'aise sur le développement à l'international, habituées à se battre contre des grands groupes. Mais, depuis 2017, c'est plus facile, car nous travaillons avec des équipes qui ne sont pas forcément basées ici. Par exemple, nous avons créé notre antenne à Lyon pour cette raison. Il y a aussi de plus en plus de personnes qui veulent quitter les grandes villes, en France et à l'étranger, pour venir en région. Nous recherchons surtout des personnes prêtes à s'investir sur le long terme.

Vous êtes présent aux États-Unis. C'est obligatoire de se développer outre-Atlantique ?

Nous sommes sur un marché mené historiquement par les Américains. Dès 2015, nous pensions que notre idée était bonne et nous voulions la défendre partout, notamment sur le sol américain. C'est pour cela que nous sommes allés au CES de Las Vegas, un salon B to C avec notre ­solution ... B to B.

Ce n'était pas à contre-emploi ?

En réalité, tout le monde a un problème avec les réunions. C'est donc un sujet qui intéresse le grand public, et nous l'avons constaté au CES. Nous avons vécu des moments forts avec 1 500 demandes de démonstration sur notre petit stand, dès la première année. Le salon nous a même mis une amende, car nous attirions trop de monde. Nous l'avons d'ailleurs gardée en souvenir !

D'où votre présence, cette année encore, au CES ?

Pour jouer intelligemment sur notre marché, il faut être incontournable. Pour cela, il faut être connecté avec les grandes entreprises américaines, comme Microsoft. Pour y arriver, il faut avoir un avantage concurrentiel, ce qui est notre cas sur l'axe de la réunion. Et les Américains l'ont apprécié très rapidement. Nous avons appris à nous interfacer avec leurs logiciels, mais en prenant notre temps pour bien le faire, comme toujours chez nous.

Pourquoi cette tournée en camion en 2019 ?

C'est déjà notre quatrième CES et nous voulions changer de dimension. Nous avons donc lancé une tournée aux États-Unis avec un énorme camion logoté Klaxoon. Cette année, une partie de l'équipe a géré notre stand dans le nouveau hall B to B du salon et, en parallèle, il y avait notre truck dans le désert, pour offrir une parenthèse de séré­nité à nos prospects.

La promesse : faire une réunion les pieds dans le sable. Au total, nous avons accueilli 500 personnes sur trois jours. Nous avons également invité une centaine de personnes, dont 45 médias internationaux, à assister au lever du soleil dans le désert à 6 heures du matin. C'était un vrai bonheur.


Votre levée de fonds permet de réaliser ce genre d'événement...

Tout à fait. Et c'est pour cela que nous l'avons fait. Notre focus est le développement commercial dans le monde entier. Aux États-Unis, vous avez Google et Apple qui achètent des murs d'immeubles entiers au CES pour faire leur communication. Nous sommes obligés de voir les choses en grand. Un tiers de notre levée de fonds nous permettra de développer la notoriété de notre marque, un tiers de développer notre produit - nous avons d'ailleurs doublé les effectifs en R & D avec une centaine de personnes -, et le dernier tiers servira à la relation client. Ce sont les trois axes clés de notre croissance.

Quelle est la plus grande difficulté rencontrée depuis le lancement de votre entreprise ?

J'ai créé l'entreprise avec 4 000 euros. Les 36 premiers mois ont été très difficiles, car nous n'avions pas d'argent. Nous avons donc réinvesti tous les bénéfices dans le capital de l'entreprise. Ainsi, nous sommes passés de 4 000 euros à environ 1 million d'euros de capital en trois ans, au moment du lancement de Klaxoon. Cela nous a donné une forte crédibilité auprès des banques et de Bpifrance. L'autre difficulté : nous sommes une entreprise d'inno­vation et il ne fallait pas tomber dans la case "gadget" auprès des investisseurs et des clients. Croyez-moi, ce n'est pas ­toujours évident...

Votre société grandit très vite depuis un an. Sa structuration est complexe ?

C'est là un sujet clé. En 2012, j'ai constaté qu'il existait déjà des silos dans l'entreprise. Pour les combattre, nous avons favorisé le partage d'informations. Nous voulions éviter que certains collaborateurs s'enferment avec leur savoir et se revendiquent comme les seuls capables d'avoir les bonnes solutions sur leur périmètre.

Nous avons cassé les frontières et cela fonctionne encore aujourd'hui, même avec 200 personnes et plus. La zone dangereuse, c'était lorsque nous étions 30 ou 50 collaborateurs. L'entreprise paraissait alors déjà grande, mais, en réalité, elle n'était pas très solide. Enfin, il y a peu de hiérarchie chez Klaxoon avec seulement deux ou trois niveaux au maximum. Cela nous rend très agile.

Bio

1980 : Naissance de Matthieu Beucher à Angers.

2004 : Débute sa carrière en tant qu'ingénieur véhicule autonome chez Daimler, en Allemagne.

2009 : Fonde sa première entreprise, Regards, éditeur de logiciel pour l'apprentissage.

2015 : Réinvestit tous les bénéfices de l'entreprise pour lancer Klaxoon.

2016 : 1er CES Innovation Award à Las Vegas.

2018 : Levée de fonds de 50 millions de dollars pour Klaxoon

 
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