Les TPE, vigies locales en quête de reconnaissance

Malgré un environnement économique encore fragile, les très petites entreprises (TPE) affichent une résilience impressionnante au premier trimestre 2025. Selon la 79e édition du baromètre Fiducial-IFOP, elles manifestent un regain modeste de confiance en l'avenir, tout en réaffirmant leur ancrage territorial, à la fois comme acteurs économiques et comme relais sociaux de proximité.

Un soupçon d'optimisme malgré la défiance persistante

Alors que l'exécutif peine toujours à convaincre, avec seulement 26 % des dirigeants de TPE déclarant avoir confiance dans le gouvernement (dont 3 % « tout à fait »), on note néanmoins une progression notable (+9 points par rapport au dernier trimestre 2024). Ce frémissement, bien qu'encore faible, marque une rupture avec la tendance baissière constatée depuis plus d'un an. Il est néanmoins à nuancer : 74 % des chefs d'entreprise restent défiants, et plus de la moitié d'entre eux (51 %) affirment ne pas avoir du tout confiance.

Le moral des patrons suit une courbe similaire : si le pessimisme à l'égard du climat général des affaires reste majoritaire (78 %), il recule de 7 points, signe d'une amélioration lente mais réelle. L'optimisme quant à l'activité propre de leur entreprise atteint 48 %, un retour au niveau du T1 2023.

Un tissu économique local dynamique, mais sous tension

Ce regain de moral s'appuie largement sur le dynamisme perçu du territoire. Les dirigeants de TPE interrogés sont 87 % à considérer leur entreprise comme bien intégrée localement, et 75 % estiment contribuer activement à l'essor économique et social de leur zone d'implantation. Un attachement fort qui se reflète dans le choix assumé de leur localisation : 88 % affirment avoir volontairement choisi leur territoire, et seuls 12 % disent regretter ce choix.

Toutefois, cette dynamique locale ne masque pas une réalité plus rude : 59 % des TPE perçoivent une concurrence forte, voire très forte (17 %), dans leur secteur. Ce ressenti est particulièrement vif pour celles dont la clientèle est essentiellement locale (commune, agglomération ou département), soit 76 % des répondants.

Une reprise timide de l'emploi et moins de tensions financières

Du côté de l'emploi, la tendance reste prudente. Seuls 10 % des dirigeants déclarent avoir embauché ou envisager de le faire au T1 2025. Un chiffre stable, qui s'explique en partie par la taille des structures : plus l'entreprise est grande, plus les perspectives d'embauche sont élevées (47 % pour les TPE de 10 à 19 salariés). À l'inverse, 7 % des entreprises ont supprimé des postes.

Bonne nouvelle en revanche sur le plan financier : seules 36 % des TPE évoquent des difficultés financières, un recul de 10 points depuis la fin 2024.

Des attentes fortes en matière de simplification

Si les TPE saluent en majorité l'implication des collectivités locales - 60 % jugent leur action efficace pour l'animation économique locale -, les interactions concrètes restent faibles. Seuls 6 % échangent régulièrement avec leur chambre de commerce et 9 % avec les associations professionnelles.

Les chefs d'entreprise expriment une forte attente de simplification administrative. Trois priorités émergent nettement : la création d'un guichet unique pour les services publics (29 %), l'accompagnement dans les démarches administratives (28 %) et des formations adaptées pour dirigeants et créateurs d'entreprise (24 %).

Un signal à saisir pour les pouvoirs publics

Ce baromètre confirme que les TPE sont des acteurs clés du tissu local, à la fois enracinés, résilients et encore optimistes, malgré des vents contraires. Pour les décideurs publics, ces signaux doivent être entendus : plus qu'un soutien financier ponctuel, les dirigeants attendent de la lisibilité, de la proximité et surtout, une simplification concrète du cadre administratif. C'est à ce prix que l'optimisme encore fragile pourra se transformer en dynamique durable.