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Energie : les entreprises pour exemple

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Energie : les entreprises pour exemple

Face à une crise énergétique à son comble, la France doit se mobiliser et réduire sa consommation de gaz et d'électricité. Les entreprises sont les premières ciblées par le gouvernement qui les incitent à davantage de sobriété.

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C'est en quelque sorte un pari sur les mois à venir : cet hiver, devra-t-on subir des coupures intempestives d'électricité ? Les tensions d'approvisionnement en gaz avec la Russie, sur fond de guerre en Ukraine, inquiètent le plus grand nombre quant à la gestion énergétique de la France. A tel point que fin août, lors de la REF 2022 (la rencontre annuelle des entrepreneurs de France organisée par le Medef), la Première ministre, Elisabeth Borne, a exhorté les entreprises à plus de sobriété.

Les entreprises appelées à avoir plus de sobriété

Elle a rappelé l'objectif de réduction de la consommation énergétique des ménages, du public et du privé, de 10 % d'ici 2024. Et les entreprises doivent enclencher le pas. Mais est-il possible, pour elles, de réduire significativement leur besoin énergétique ? Les experts sont partagés. Alric Marc, CEO et fondateur d'Eficia (spécialiste du pilotage énergétique des bâtiments) se veut confiant : « Il faut différencier deux grandes familles : les entreprises qui produisent de celles qui ne produisent pas (comme les bureaux ou les commerces). Ces dernières consomment essentiellement de l'énergie pour l'éclairage et le chauffage. Si on baisse les températures des bureaux à 19 °C, par exemple, il est facile de réaliser de vraies économies. »

Pour les autres, difficile d'envisager une mise à jour de leur outil de production sans investissement conséquent. En revanche, l'arrêt ponctuel des chaînes devient une réalité. « Certaines entreprises réduisent leur production comme les entreprises du verre (Duralex et Arcopal). D'autre décident carrément de fermer pour se protéger, comme Vert Marine qui exploite une soixantaine de piscines municipales », mentionne Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic, spécialiste de l'économie responsable. C'est pour cela que, selon elle, les fameux 10 % relèvent de l'ordre de l'abstrait. « Il faut connaitre parfaitement les sources d'énergie utilisées, les besoins incontournables et ceux qui peuvent être réduits. En somme, il faut être capable de jouer sur plusieurs leviers. On voit le décalage entre un objectif global et la nécessité d'avoir un mode d'emploi secteur par secteur et entreprise par entreprise pour essayer de l'atteindre », développe-t-elle.

Même les entreprises vertueuses, qui ont misé sur l'énergie renouvelable pour alimenter leur outil de production, pourraient subir les conséquences de cette crise énergétique. « Un fabricant de cosmétiques comme L'Occitane a des usines en France approvisionnées en renouvelables. Il ne devrait pas être impacté, sauf que ses fournisseurs de flacons de verre, eux, pourraient l'être. Cela aurait donc des impacts sur ses capacités de production. Tout est lié », cite encore Anne-Catherine Husson-Traore en exemple.

« Ces efforts, on va les faire et on a intérêt à les faire »

Dominique Carlac'h, vice-présidente du Medef

Les solutions proposées pour suivre ce plan de sobriété énergétique

Ambassadeur. Alors comment les entreprises peuvent-elles se préparer ? Lors de son discours devant le patronat français, Elisabeth Borne a préconisé une série d'actions : dès septembre, chaque entreprise doit établir son propre plan de sobriété et nommer un ambassadeur dédié, sur le modèle des référents Covid en entreprise. Elle doit aussi favoriser « les nouvelles façons de travailler », suscitant par là des interrogations autour d'un nouveau télétravail généralisé. Le gouvernement donne l'impulsion, les entreprises doivent jouer le jeu.

Par exemple, durant l'été, les pouvoirs publics ont publié deux décrets : l'un pour réguler l'usage des enseignes lumineuses, le second concernant celui de l'usage des portes automatiques des lieux climatisés. Ils concernent donc essentiellement le commerce, ce qui traduit une avancée encore trop timide. « L'économie attendue sera de l'ordre de 0,2 à 0,5 %, estime Alric Marc. Ces décrets sont là pour l'exemple, ils n'apportent pas de réelle efficacité. » Rester à la marge de la consommation d'énergie en adressant un seul sujet ne permet pas d'avoir une vision systémique à la hauteur des enjeux.

« Il faut avoir en tête les ordres de grandeur. En France, la consommation annuelle d'énergie est de 56 TWh (térawatt-heure). Les commerces, c'est 7 TWh, deux de moins que le résidentiel. Mais l'enjeu dominant ce sont les infrastructures et l'éclairage. Si on additionne les besoins des collectivités locales et l'éclairage public, on est à 14 TWh. Les bureaux c'est 6 TWh. On voit bien que pour que toutes ces catégories d'usagers réduisent en même temps de 10 % leurs besoin en énergie, il faut un grand plan global », détaille Anne-Catherine Husson-Traore. Et l'experte de rappeler que pour préparer cet hiver difficile, l'Allemagne a commencé à travailler cet été avec les entreprises sur différents scenarios. « En France, les scenarios ne seront élaborés au mieux qu'à partir d'octobre. Cela va être difficile d'être prêts en temps et en heure ! », assure-t-elle.

En effet, en octobre, Elisabeth Borne reviendra alors vers les patrons, prenant en compte les différents plans engagés et les dernières prévisions des experts. Elle espère ainsi obtenir une vision plus claire du risque de rationnement. In fine, peut-être que cet épisode sera l'électro-choc qui permettra de remettre à plat les modèles énergétiques. « Tous les chefs d'entreprise, quel que soit le secteur et le métier, devraient en principe connaitre leur source d'approvisionnement énergétique, le volume dont ils ont besoin, les émissions de gaz à effet de serre que cela représente », précise Anne-Catherine Husson-Traore. Et ainsi élaborer dans les règles ce plan de sobriété tant attendu.

La société exploitante Vert Marine a fermé les portes d'une trentaine de piscines publiques, sur les 90 dont elle est gestionnaire. Et ceci pour « une durée temporaire ». Les salariés sont placés en chômage partiel.

Dans un communiqué publié début septembre, la société de verrerie Duralex a annoncé mettre son four en veille pour une durée minimum de quatre mois, à partir de novembre. Au risque sinon de « pertes intenables ».

Le télétravail, fausse bonne idée ? D'après RTE, plaques de cuisson, chauffage et éclairage sont les éléments sur-sollicités en télétravail. Certaines entreprises ont mis en place une indemnité de 10 euros maximum par salarié et par jour.

Pour les entreprises les plus pénalisées par la hausse du coût de l'énergie, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé la simplification du dispositif de soutien financier déjà existant. Renseignements sur le site impots.gouv.fr

« Si nous devions en arriver au rationnement, les entreprises seraient les premières touchées »

Elisabeth Borne, Première ministre


 
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