Influenceurs : votre marque est-elle prête à affronter le bad buzz ?

Contrats flous, partenariats douteux, et santé publique mise en danger : le marketing d'influence peut rapidement devenir un champ de mines pour les marques mal préparées. Audrey Chippaux, fondatrice du compte @vostarsenrealite, tire la sonnette d'alarme et donne les clés pour éviter la catastrophe.
Je m'abonneLe marketing d'influence est devenu un levier incontournable de la stratégie digitale. Pourtant, cette jungle numérique est truffée de pièges : placements de produits douteux, dérives médicales, arnaques à peine voilées... Audrey Chippaux connaît bien ces dérives. Avec son compte @vostarsenrealite, elle démonte les rouages d'un système qui manque encore cruellement de transparence.
Informer, alerter, éduquer
« En 2019, je suis en pause pro, et une amie me pousse à découvrir Instagram », raconte Audrey. Ce qui commence comme une recherche de loisirs pour enfants devient vite un espace de veille critique. Rapidement, elle se heurte à des pratiques préoccupantes : « Les dérives qui me marquent le plus sont celles qui touchent à la santé : pratiques illégales de médecine, compléments alimentaires aux compositions douteuses... »
Avec son compte, elle vise large : consommateurs, marques, influenceurs. Son objectif ? Éduquer chacun à son niveau. « Les consommateurs apprennent à décrypter ce qu'ils voient. Les marques et les créateurs de contenu découvrent des règles souvent ignorées. »
Pour les marques : vigilance extrême exigée
Le marketing d'influence n'est pas un jeu. Depuis la loi du 9 juin 2023, les marques sont coresponsables de ce qui est diffusé. Une story douteuse, une promesse exagérée ? La sanction peut tomber aussi sur l'entreprise.
Première erreur fréquente selon Audrey : ne juger un influenceur qu'à ses chiffres. « Le nombre d'abonnés ou la visibilité ne suffisent pas. Il faut vérifier que l'influenceur incarne les valeurs de la marque. Et surtout, bien borner le brief. » C'est là qu'intervient le contrat, outil indispensable souvent négligé.
Clauses à ne pas zapper
Un partenariat influenceur ne se signe pas à la légère. Pour sécuriser la collaboration, Audrey insiste sur plusieurs clauses incontournables : respect strict du brief, validation préalable du contenu, rappel des lois publicitaires, clause de confidentialité, et droits à l'image. « Mentionner la loi dans le contrat appuie l'intention d'une publicité responsable », précise-t-elle.
Bonne nouvelle : il existe des moyens d'encadrer les collaborations. Audrey recommande de passer par des influenceurs certifiés par l'ARPP, qui ont reçu une formation sur les bonnes pratiques. Côté juridique, l'accompagnement par un avocat spécialisé reste la meilleure garantie.
Prochain sujet chaud pour Audrey : TikTok. Avec le psychologue Antonin Atger, elle interviendra pour expliquer le fonctionnement du réseau, ses mécanismes d'influence, et ses dérives, notamment les "lives" ou "matchs" qui tournent au concours d'argent ou d'humiliation. « Il faut comprendre l'algorithme, mais surtout comprendre ce que l'on propage », insiste-t-elle.
Le message d'Audrey est clair : influenceur ou entrepreneur, vous êtes responsables de ce que vous diffusez. Le marketing d'influence peut être puissant, mais il exige rigueur, éthique et stratégie. Sinon, le retour de bâton peut être violent - et public.