La pistache à la conquête de la Provence

Il mise sur un arbre millénaire pour redessiner l'agriculture locale. Avec la Maison de la Pistache, Olivier Baussan (fondateur historique de L'Occitane) invente une filière française autour de ce fruit sec, entre passion patrimoniale, vision climatique et stratégie de terroir.
Je m'abonneFace au dérèglement climatique, Olivier Baussan s'est tourné vers le pistachier, un arbre venu d'Asie centrale, aussi résilient que méconnu : "Il résiste au froid comme à la sécheresse. C'est une piste d'avenir pour les agriculteurs de Provence, d'Occitanie et de Corse." Il initie en 2021 l'association Pistache en Provence, puis la structure France Pistache, avec une idée simple : inciter les agriculteurs à planter des pistachiers sur leurs terres pour répondre à la demande croissante d'un marché dominé par les importations.
Une stratégie de filière locale maîtrisée
Pour sécuriser la filière, l'entrepreneur propose des contrats-cadres aux producteurs : prix d'achat fixé, engagements de volumes, accompagnement variétal. Un modèle déjà éprouvé dans la filière amande avec Le Roy René. Le tout adossé à une première boutique pilote ouverte en juillet 2024 dans les Alpes-de-Haute-Provence, au coeur des champs. Succès immédiat. Aix-en-Provence a suivi, puis Lyon cette semaine, et Paris en septembre. "Tout est financé en fonds propres. Je veux garder la main."
Circuits courts et artisanat maison
Côté produits, la Maison de la Pistache s'appuie sur les savoir-faire de son groupe Territoire de Provence : calissons, glaces, chocolats, biscuits... Toutes les recettes sont élaborées dans ses propres manufactures. Olivier Baussan mise sur une offre de "crus rares" : pistaches d'Italie, d'Iran, d'Anatolie, ramassées à la main, sans irrigation, sélectionnées pour leurs arômes singuliers. "On ne rivalise pas avec la monoculture américaine. On propose autre chose. Une alternative respectueuse du temps long."
Réconcilier terroir et modernité
Son objectif : créer une filière française haut de gamme, ancrée localement, capable de redonner un sens économique et culturel à l'agriculture de demain. "Ce projet valorise les petits producteurs. Il est profondément anti-industriel. C'est une réponse artisanale, écologique et économique." Et les chiffres suivent. En 2025, deux à trois nouvelles ouvertures sont prévues.