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Scénario de sortie de crise : cap sur l'optimisme

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Scénario de sortie de crise : cap sur l'optimisme

La crise actuelle devrait être marquée par un fort rebond de l'économie en 2021. La confiance sanitaire, le comportement des ménages ainsi qu'une politique économique ambitieuse restent toutefois essentiels pour garantir une sortie de crise d'ampleur.

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Le quoi qu'il en coûte a plutôt bien fonctionné. En 2020, le PIB français a diminué de 7,9%, selon les dernières estimations de l'Insee publiées en mai 2021. La récession est cependant moins brutale, puisque Bercy prévoyait en octobre 2020 une chute de 11% du PIB.

Si les estimations sont meilleures, c'est parce que l'économie a mieux résisté au deuxième confinement qu'au premier. Un scénario rassurant qui pourrait se confirmer en 2021 et 2022. " Le gouvernement a plutôt bien calibré les dispositifs et les aides. Il a notamment fait évoluer le fonds de solidarité pour prendre en charge une plus grande partie des pertes des entreprises. Le tissu productif reste assez préservé avec très peu de faillites. En 2020, nous avons observé lors de la levée des contraintes sanitaires, un fort rebond de l'économie, un des plus forts des pays européens. Nous nous attendons plutôt à de bonnes surprises et pensons donc que le scénario économique de sortie de crise sera positif ", estime Mathieu Plane, économiste et directeur adjoint au sein de l'OFCE.

En 2021, la croissance a été estimée par l'OCDE à 5,8%. Selon l'OFCE, elle s'élèverait à 5% en 2021. " Nos prévisions sont assez raisonnables. L'économie pourrait retrouver, au cours de l'année 2022, un niveau de PIB par habitant équivalent à celui de la fin de l'année 2019 ", précise Mathieu Plane.

Résilience

Les entreprises, qui ont eu largement recours aux mesures de soutien, ont clairement été un atout. Elles se sont montrées plus robustes que prévu. " C'est assez surprenant. Les chefs d'entreprise n'ont pas intégré cette crise comme une crise durable ", assure l'économiste.

Pascal Ferron, vice-président du réseau de cabinets d'expertise comptable Walter France, constate lui aussi une résilience très forte des dirigeants. " Nous remarquons sur le terrain un décalage par rapport aux prévisions alarmistes. Une grande majorité d'entreprises, dans l'industrie, la communication s'en sont déjà sorties et enregistrent un chiffre d'affaires en 2021 supérieur au premier trimestre 2019. Beaucoup ont mis à profit cette période pour investir, redéfinir leur stratégie client, repenser leur mode de travail. Quand ils ont senti que la vaccination a commencé à prendre de l'ampleur, ils ont lâché la bride ", commente-t-il.

Si l'OFCE parie sur un rebond vigoureux, cette sortie de crise solide est réalisable si l'agenda sanitaire est respecté, et si, d'ici fin juin, la réouverture complète des secteurs, la diminution progressive des jauges avec une reprise de la consommation assez forte sont maintenus.

L'autre enjeu majeur pour les trimestres à venir, selon Mathieu Plane, repose sur le comportement des ménages en sortie de crise et l'utilisation qu'ils feront de leur épargne. Depuis la pandémie, les Français ont mis de côté 100 milliards d'euros d'épargne pour la seule année 2020. " Si les ménages renoncent au petit bas de laine pour consommer 20% de leur épargne, la croissance serait de 6% en 2022. Soit un écart de deux points supplémentaires de croissance, par rapport à un scénario conservateur de stockage, analyse l'économiste. Le nombre d'emplois créés ou préservés serait supérieur de 200 000 à celui d'un scénario sans désépargne et le taux de chômage finirait à 8,7 %. "

Productivité

Cette croissance potentielle dépend aussi de la productivité des facteurs de production, du traitement de sortie de crise pour les entreprises. " Le tissu productif a été préservé, mais le reste à charge n'est pas négligeable. Il y aura, au cours des années 2020 et 2021, 90 milliards de pertes qu'il faudra absorber dans les bilans des entreprises, ce qui peut mettre en cause la solvabilité de beaucoup d'entre elles qui évoluent dans les services de transports, l'hébergement, restauration, le BTP, le spectacle, l'événementiel ", précise Mathieu Plane. Ces branches enregistrent encore des pertes comprises entre -12 et -28 % en 2021 (par rapport à 2019), alors que la moyenne des autres branches d'activité est inférieure à -2 %. Elles ne représentent que 12 % du PIB, mais contribuent à 60 % des pertes d'activité en 2021. " Cela dépendra donc de la capacité financière de ces TPE et de PME à rembourser et à gérer les 140 milliards de PGE, si de nouveaux dispositifs d'aides ne sont pas mis en place d'ici là ", ajoute l'économiste.

Politiques sociales

Pour accélérer encore plus la sortie de crise, les politiques sociales seraient bien placées pour répondre aux enjeux de moyen terme. " Il faut redonner confiance aux gens par une communication rassurante et la mise en place d'aides supplémentaires pour les ménages les plus en difficulté, les jeunes, les indépendants ", estime Pascal Ferron.

Les trajectoires de sortie de crise dépendent aussi de mutations structurelles, plus globales. " Au deuxième trimestre 2021, le PIB de l'économie américaine sera revenu à son niveau pré-Covid. Les Etats-Unis utilisent la dette comme un levier pour transformer leur économie et renforcer leur croissance. Le pays affiche, avec le plan Biden et les plans votés depuis la pandémie, un soutien à l'économie de 23 points de PIB sur trois ans, alors que la France est à dix points. Il faut certainement aller plus loin, mettre en place des plans d'investissement vers l'offre productive, vers la transformation économique, la R&D, la formation, le numérique, les transports et l'énergie ", parie Mathieu Plane, qui envisage ainsi la question d'un nouveau modèle de croissance.

En chiffres

10 %

5 à 10% des entreprises surfent la vague de la crise sanitaire par effet d'aubaine. Si elles semblent minoritaires, ces grandes gagnantes ont connu une explosion de leur chiffre d'affaires. (source : étude Walter, mai 2021)

20

Les entreprises encaisseraient une perte de revenu de l'ordre de 20 Mds en 2021 mais ne verraient pas leur taux de marge baisser. Le besoin de financement des entreprises augmenterait de 0,4 point de PIB en 2021, par rapport à 2019 (source : OFCE)

88 000

Rebond de + 88 000 emplois salariés au second semestre 2021 dans le commerce, la restauration et les services aux ménages, sans que ces professions retrouvent leur niveau d'emploi d'avant-crise. (source : OFCE)

213 000

Malgré les créations d'emplois attendues au second semestre, l'emploi resterait encore dégradé fin 2021, par rapport à la situation pré-Covid. Au total, le nombre de chômeurs augmenterait de 213 000 sur l'année 2021. (source : OFCE)

 
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