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DossierBusiness du sexe en France, un fantasme économique avant tout

Publié par Mathieu Viviani le

2 - Une innovation nécessaire

Sans innovation, aucune chance de lutter face à l'e-commerce... Le digital : la solution ?

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Même Beate Uhse AG, l'entreprise allemande pionnière de ce commerce au niveau mondial, a déposé le bilan en décembre 2017. Du côté de la presse de charme française, pas de chiffres précis non plus. Directeur de la rédaction du magazine de charme Union, Nicolas Clémence O. se désole : "La plupart des magazines français indépendants de charme ont soit été rachetés par Dorcel ou Jacquie&Michel, soit totalement disparu. L'arrivée des X tubes sur Internet au début des années 2000, donnant accès à la pornographie gratuite, a largement fait chuter la presse pour adultes."

"Innover dans le digital et proposer une offre de haute qualité" - Grégory Dorcel, directeur général de Marc Dorcel SA

L'épopée du leader français de la production et diffusion de films pornographiques débute en 1979. Marc Dorcel, alors éditeur de romans-photos de charme, a un déclic : il saisit le potentiel de la cassette vidéo pour diffuser à large échelle des films X. Quelques décennies plus tard, le DVD remplace la VHS. Le virage est bien négocié par la PME, qui conforte sa place de leader. Entre-temps, le fils de Marc, Grégory Dorcel, fraîchement diplômé de l'école de commerce parisienne ISG, commence à effectuer des "jobs d'été" dans l'entreprise paternelle, "sans y projeter un quelconque avenir professionnel", précise-t-il.

Après un passage à France Télévisions, il rejoint finalement Dorcel SA en 1995, pour s'occuper des droits de diffusion à l'étranger. Sept ans après, il est nommé dg et doit faire face à une crise : l'arrivée du X gratuit sur le Web et l'effondrement du DVD porno. Dorcel SA perd 40% de son chiffre d'affaires. "La clef à ce moment crucial a été d'innover et d'affirmer notre positionnement premium", explique Grégory Dorcel. Lancement d'une plate-forme de vidéo à la demande (VOD) en 2002, création de la chaîne Dorcel TV en mars 2006, du premier site de production de films X participatif Mydorcel.com en 2010, premières productions de films X en 3D... la PME se diversifie et s'adapte à l'ère du digital.

Aujourd'hui, la maison Dorcel, c'est 35 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018, 90 employés et une marque forte qui s'exporte à l'international. L'entreprise s'est aussi lancée dans la vente de produits érotiques via des magasins physiques et un site web. "Nous avons aussi lancé le premier incubateur français de start-up dans le domaine. L'idée est de soutenir les courageux qui veulent se lancer, indique Grégory Dorcel. Car il ne faut pas se leurrer. La concurrence des X tubes et live cam est rude. En France, trouver une banque ou des investisseurs dans notre secteur est très compliqué et les autorités nous attendent au tournant si on fait le moindre écart."

Marc Dorcel SA

  • Production et diffusion de films X et retail de produits érotiques
  • Paris (XVIè)
  • Grégory Dorcel, directeur général, 45 ans
  • SA > Création en 1979 > 90 salariés
  • CA 2018 35 M€

Lire la suite : "ghettos économiques"...

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Mathieu Viviani

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