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DossierBusiness du sexe en France, un fantasme économique avant tout

Publié par Mathieu Viviani le

3 - "Ghettos économiques"

Le business du sexe reste malgré tout un marché de niche, difficile à rendre économiquement attractif, à cause de son image encore entâchée.

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Difficilement mesurable et minoritaire par rapport aux autres secteurs, d'accord. Mais ce business joue-t-il dans l'arène du commerce avec les mêmes règles que les autres ? "Ce ­secteur est un vrai ghetto économique", lance sans hésiter Lilian, qui travaille pour Jacquie&Michel, le deuxième leader de la vidéo porno française (25 millions d'euros de CA en 2018). Elle n'est pas la seule à faire ce constat. Tous les entrepreneurs des PME tricolores interrogés dans cette enquête le confirment : même si le secteur adultes est considéré comme légal dans la plupart des pays occi­dentaux, qu'il soit porno­graphique, érotique, romantique, lié à la santé ou au bien-être, il souffre toujours en France d'un déficit d'image, qui le rend peu attractif économiquement. La plupart des investisseurs et des banques considèrent ce segment comme un marché "à haut risque".

Pour Christian Palix, fondateur de la marque de cosmétiques érotiques haut de gamme YESforLOV, ce phénomène est lié "à un certain conservatisme moral toujours d'actualité, malgré la libération des moeurs". Peut-être. En tout cas, les conséquences de cette défiance sont très concrètes : découragement des entrepreneurs souhaitant se lancer dans ce business, banques refusant d'ouvrir des comptes bancaires ou les fermant subitement sans motif, investisseurs refusant catégoriquement des dossiers de levées de fonds ... Le business du porno est tout particulièrement touché par ce phénomène.

Stephen des Aulnois analyse ainsi le problème des intermédiaires financiers : "Pour vendre du contenu sur Internet, un site porno doit pouvoir sécuriser ses transactions par carte bancaire. Tout irait pour le mieux si, en début de chaîne, Visa et MasterCard, les leaders mondiaux de systèmes de paiement qui refusent tout simplement les transactions porno depuis 2000, ne considéraient pas les activités pornographiques et plus largement le secteur adultes comme très risqués."

Selon le consultant, la raison est double : les fraudes à la carte bancaire sont plus élevées sur ce genre de sites et les impayés plus nombreux, occasionnant des frais de gestion de transactions trop coûteux. Pour les sécuriser, les sites web adultes doivent faire appel à d'autres intermédiaires de paiement spécialisés, comme les sociétés Epoch, CCBill, Verotel ou SecurionPay. Elles effectuent le même travail que les prestataires classiques, mais les commissions qu'elles ­facturent sont trois à dix fois supérieures. Exemple concret donné par le consultant : "Si l'activité mensuelle d'un site internet est de plus de 10 000 € par mois, PayPal prendra 1,8%, plus 25 centimes par transaction. À volume de transactions équivalent, dans l'industrie adultes, Epoch prendra 15% par transaction, non négociables."

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Mathieu Viviani

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