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Pour financer vos innovations, jouez la carte du collectif

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Pour financer vos innovations, jouez la carte du collectif
© AlexOakenman - Fotolia.com

Vous cherchez des fonds pour vos projets R & D, mais banques et investisseurs privés vous tournent le dos ? D'autres acteurs peuvent vous aider : des entreprises aux compétences complémentaires ou désireuses de profiter de votre expertise. Passage en revue des partenariats possibles.

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L'essentiel

- Qu'il s'agisse d'un groupement d'entreprises, d'un apport financier d'un grand compte ou du corporate venture, traitez vos interlocuteurs comme de réels partenaires et non de simples financiers.
- Pour convaincre, détachez-vous d'une approche produit et adoptez une posture commerciale.
- Ne vous précipitez pas et négociez vos contrats pour en tirer le meilleur parti.

Non, les subventions publiques, l'emprunt bancaire ou encore les levées de fonds ne sont pas les seules alternatives au financement de vos inventions! Qui mieux que d'autres entreprises pour appréhender vos préoccupations sur cette question? Groupement d'intérêts économiques (GIE), partenariat financier avec un grand groupe, corporate venture... Ces collaborations financières avec d'autres entreprises présentent le précieux avantage de mutualiser les coûts et risques liés à la R & D tout en vous en garantissant la future exploitation commerciale. Ajoutez à cela que ces partenariats peuvent aussi s'étendre au partage de ­matériels ou encore de main-d'oeuvre. Ce cofinancement entre entreprises suppose néanmoins de prendre de nombreuses précautions, bien en amont du processus R & D lui-même. "Ne vous arrêtez pas à vos seuls besoins de financement. Pensez avant toute chose à vendre", conseille Emmanuel Leprince, directeur général de l'association Pacte PME, qui facilite les mises en relation entre grands groupes et PME. À qui sera vendue votre innovation? Qui détiendra les droits de propriété industrielle ou intellectuelle? Sous quelles conditions tarifaires et quelles garanties? Ces questions fondamentales vous aiguilleront dans le choix de votre / vos ­allié(s) financiers aussi bien que sur les modalités ­contractuelles d'un éventuel partenariat.

Groupement d'entreprises

Si le groupement d'entreprises a le plus souvent pour vocation de mutualiser les coûts de communication et de prospection commerciale de sociétés aux expertises complémentaires non concurrentes, certaines alliances portent plus particulièrement sur le cofinancement de projets R & D. "Ce type de projets à la fois industriels et opérationnels débouche généralement sur la mise en place d'une société ad hoc ou d'un contrat partenarial, détaille Nicolas de Witt, associé au cabinet d'avocats Taylor Wessing France. Toute la difficulté étant de bien délimiter les rôles, les missions, les parts ou actions de chacun et les modalités de rémunération liée à l'exploitation finale de l'innovation. L'intérêt étant également de pouvoir bénéficier d'aides publiques." Plusieurs groupements de PME français s'adossent ainsi, dans le cadre de projets R & D, à des organismes publiques, à l'instar du GIE Albatros, membre de l'Institut de recherche technologique nantais Jules Verne, spécialisé dans les technologies avancées de production, ou encore le GIE PME Numériques avec l'IRT breton B-com.

Alternative aux groupements : la participation financière d'un grand groupe au développement de votre innovation. "Afin de garder une longueur d'avance sur la concurrence, les grandes entreprises se tournent de plus en plus vers ce type de partenariats à haute valeur ajoutée", explique Marc Charlet, directeur général adjoint du pôle de compétitivité Mov'eo, spécialisé dans les projets R & D liés à l'automobile et à la mobilité. Attention à ne pas vous précipiter. Ce type d'engagement n'est réellement intéressant pour votre société que si vous conservez la propriété industrielle de votre innovation. "Il existe souvent une distorsion d'intérêts entre les deux parties. La petite société voit souvent le grand compte comme un porte-monnaie quand les grands groupes se montrent eux, plus frileux à investir, surtout quand ils sont seuls", nuance Nicolas de Witt (Taylor Wessing France). Selon Emmanuel Leprince, directeur général de l'association Pacte PME, qui facilite les mises en relation entre grands groupes et PME, vous devez ainsi les rassurer sur deux sujets sensibles : la sécurité du processus d'innovation d'une part, et vos conditions tarifaires concernant le produit ou service une fois finalisé, d'autre part. "Vous pouvez notamment prévoir un tarif plafond au-delà duquel le grand groupe pourra ouvrir un nouvel appel d'offres si cela ne lui convient plus", cite Emmanuel Leprince.

Corporate venture

Au-delà du partenariat financier, vous pouvez aussi opter pour le "corporate venture" ou "capital-risque d'entreprise". Il s'agit pour le grand groupe de prendre une participation minoritaire dans une PME pour accompagner ses projets d'innovation sur le plan financier et opérationnel. Bonne nouvelle, depuis juillet 2014, ce dispositif est plus incitatif fiscalement. "Il permet aux grands groupes d'amortir sur cinq ans leurs souscriptions minoritaires au capital des PME innovantes, si la valeur des titres ne dépasse pas 1 % de leur actif", précise Nicolas de Witt. Ils ne pourront, par ailleurs, détenir plus de 20 % des parts ou actions de la société ciblée, et ce, sur deux ans maximum. "Afin de mutualiser et d'amplifier leurs investissements, de plus en plus de groupes s'allient à d'autres grands comptes, via des fonds multicorporate", ajoute Marc Charlet. Parmi lesquels on peut citer Aster Capital (Alstom et Schneider Electric), Ecomobility venture (Orange, Total et SNCF), ou encore Iris Capital (Orange et Publicis). Notez que quel que soit le montage privilégié, la prudence est de mise dans ce type d'associations très poussées. Le risque? Perdre votre indépendance sur le plan opérationnel, mais aussi au niveau de votre gouvernance.

Témoignage

"Avec la FDJ, nous avons conclu un contrat hybride équilibré"

Marc Devillard, président de Motivation Factory

Motivation Factory se spécialise dans le conseil et l'édition de logiciels de stimulation commerciale et de motivation RH. Alors quand, en 2012, la Française des jeux (FDJ) contacte la PME de 15 salariés pour refondre le système d'animation de son réseau de 37000 revendeurs, son dirigeant Marc Devillard aurait dû se réjouir. Eh bien non. "Nous avons décliné l'offre, lâche-t-il. Notre logiciel ne répondait pas aux exigences de la FDJ, en particulier sur le plan de la sécurité." Le dirigeant propose alors une alternative originale : que la FDJ participe au financement d'une nouvelle plateforme innovante. "Nous avons pris le temps de négocier toutes les clauses. Ce qui a débouché sur un contrat hybride équilibré, balisant l'ensemble du partenariat."

D'un côté, la PME bénéficie d'une précieuse carte de visite et d'un apport conséquent. Elle conserve aussi la propriété intellectuelle de son innovation pour la commercialiser auprès d'autres clients par la suite. De l'autre, la FDJ peut disposer d'un logiciel ultra-personnalisé à des tarifs préférentiels, en étant protégée par de solides garanties (maintenance, accès au code source en cas de litige...). Coût total du développement qui dure 19 mois: 1 M€, "dont une part significative financée par la FDJ", souligne Marc Devillard. "Nous avons dû néanmoins gérer d'importants décalages de trésorerie, les règlements intervenant après chaque phase de livraison." Depuis fin juin 2014, la plateforme est opérationnelle. "Cet outil beaucoup plus puissant va nous permettre de retourner voir nos clients historiques tout en ciblant de nouveaux marchés."

Motivation Factory

Activité : conseil et édition de logiciels
Ville : Suresnes (Hauts-de-Seine)
Forme juridique : SAS
Dirigeant : Marc Devillard, 47 ans
Année de création : 2001
Année de reprise : 2011
Effectif : 15 salariés
CA 2013 : 2,5 M€, CA 2014 : 2,8 M€

Pour aller plus loin

- Décrochez des financements publics
- Financement : osez le crowdfunding
- Apprenez à séduire votre banquier

 
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