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5 stratégies gagnantes pour protéger son innovation à l'export

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Construire une marque forte, s'allier à d'autres entreprises, préserver ses secrets de fabrication, bétonner ses contrats de licence, mener une politique de dépôt de brevet offensive... Pour défendre leurs innovations à l'export, ces PME françaises ont adopté des stratégies propres à leurs secteurs.

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Devialet opte pour des dépôts de brevet à la carte

De gauche à droite : Emmanuel Nardin, Manuel de la Fuente, Quentin Sannié et Pierre-Emmanuel Calmel, co-fondateurs de Devialet

Créée en 2007, la PME Devialet réalise 90% de son chiffre d'affaires à l'export (5 millions d'euros en 2013). Distribués dans 50 pays via 330 points de vente, ses amplificateurs audio de pointe sont couverts par 70 brevets. À l'international, ses cofondateurs - Pierre-Emmanuel Calmel, Manuel de la Fuente, Quentin Sannié et Emmanuel Nardin - ont adopté des approches différenciées selon le marché ciblé. "Nous protéger partout dans le monde de la même façon n'a pas de sens. Dans des pays comme l'Inde ou le Brésil, qui représentent des bassins de consommation à fort potentiel plutôt que des zones à risques de contrefaçon, nous privilégions le dépôt de brevet secondaire pour bloquer simplement les tentatives de copie éventuelles", précise le directeur général, Quentin Sannié.

En marge du dépôt de brevet, qui représente chaque année environ 5 % du chiffre d'affaires, les dirigeants recourent à une arme complémentaire imparable : le secret. "Sur nos technologies, nous ne publions volontairement pas tout dans le détail." Un risque de fuite à l'international d'autant plus maîtrisé que la production de la PME est, elle, totalement sécurisée en France.

Repères
Activité : fabricant d'amplificateurs
Ville : Paris (Ier arr.)
Forme juridique : SA à conseil d'administration
Dirigeants : Pierre-Emmanuel Calmel, 44 ans, et Quentin Sannié, 52 ans
Année de création : 2007
Effectif : 88 salariés
CA 2013 : 5 M€
CA 2014 prévisionnel : 12 M€

Mastrad verrouille ses contrats de sous-traitance

Ci-dessus : Mathieu Lion, dirigeant de Mastrad

Gants antichaleur en silicone, cuillère thermosonde, savon d'acier anti-odeurs... Ces quelques inventions ne sont que la partie émergée de la politique d'innovation de Mastrad. Au rythme d'une nouveauté par semaine, la PMI parisienne spécialisée dans la fabrication d'ustensiles de cuisine innovants, investit, ainsi, chaque année 10 % de son chiffre d'affaires dans la R&D. Si bien qu'en 20 ans, Mastrad, c'est 32 marques, 137 dessins et modèles déposés et des produits couverts par 23 brevets en France et à travers une cinquantaine de pays. Une politique de protection à la carte arbitrée selon le marché ciblé et la popularité des produits, qui représente chaque année environ 2 % du CA de la PMI (27 millions d'euros consolidé en 2013).

Si la conception de ses gammes est 100 % française, la production, elle, est basée en Asie, à travers un réseau d'une douzaine de fabricants. Pour endiguer toute tentative de contrefaçon, Mastrad verrouille ses contrats-cadres de sous-traitance avec des clauses de confidentialité sur les secrets de fabrication de ses produits. Des agréments qui relèvent, à chaque fois, du droit hongkongais, réputé pour être plus sévère que ses voisins en matière de protection industrielle. "Affirmer notre présence sur le terrain, via notre filiale à Hong Kong, est aussi un signal fort, pour nos sous-traitants", souligne Mathieu Lion, le fondateur de Mastrad, en lice pour les trophées de l'Inpi 2014. Il conçoit sa protection à l'international comme une savante alchimie entre anticipation, agilité et fermeté.

Repères
Activité : fabricant d'ustensiles de cuisine
Ville : Paris (XIIe arr.)
Forme juridique : SA à conseil d'administration
Dirigeants : Mathieu Lion, 51 ans, et Thibault Houelleu, 52 ans
Année de création : 1994
Effectif consolidé : 140 salariés
CA consolidé 2013 : 27 M€
CA consolidé 2014 prévisionnel : 27 M€

Minima engage des actions judiciaires

Ci-dessus : Maurice Timon, dirigeant de Minima

Pour défendre ses innovations à l'international, Maurice Timon en est convaincu, il faut d'abord se bâtir une identité de marque forte. Lui, dirige la PME francilienne Minima, fabricant de montures de lunettes innovantes commercialisées dans 84 pays. "J'insiste auprès de nos distributeurs pour obtenir des parutions presse régulières, que notre nom de marque apparaisse partout ou que nos montures soient mises en avant en boutiques. Je me bats sur tous les axes qui nous différencient de la concurrence." Revers de la médaille, ce gain de visibilité l'expose aussi à la convoitise d'autres industriels peu scrupuleux qui copient ses innovations brevetées.

C'est la raison pour laquelle il mène une stratégie défensive rigoureuse. Qu'il s'agisse d'une tentative de contrefaçon ou d'une atteinte à sa marque, le dirigeant engage une action systématique. "Depuis le lancement de la marque, en 1994, nous avons adressé au moins 200 courriers d'alertes et de mise en demeure, dont 5 % ont débouché sur des procès en bonne et due forme. À chaque fois, nous avons gagné." Des procédures qui durent souvent des années. "Le plus difficile est de bien appréhender la diversité des systèmes juridiques de chaque pays en matière de protection industrielle", estime Maurice Timon, qui se fait accompagner par un cabinet spécialisé. Le chef d'entreprise a, ainsi, réussi à se tailler une excellente réputation sur le plan judiciaire qui en dissuaderait plus d'un de s'y frotter.

Repères
Activité : fabricant de montures de lunettes
Ville : Linas (Essonne)
Forme juridique : SAS
Dirigeant : Maurice Timon, 62 ans
Année de création : 1979
Effectif : 48 salariés
CA 2013 : 7,40 M€
CA 2014 prévisionnel : 7 M€

I-TEK s'allie à d'autres entreprises

De gauche à droite : Tanguy Pestel et Olivier Nicolas, dirigeants d'I-TEK

Depuis 1992, I-TEK (groupe Kasan) se spécialise dans la conception d'équipements innovants pour les élevages porcins (bacs à lisier, dispositifs de ventilation, systèmes de raclage, etc.). Aujourd'hui dirigée par Olivier Nicolas et Tanguy Pestel, la société bretonne axe son développement sur deux piliers : l'innovation et l'export. Dépositaire d'une quinzaine de brevets, la PME réalise, selon les années, 55 % à 75 % de son chiffre d'affaires à l'export (pour l'activité I-TEK en 2013), dans une trentaine de pays, dont la Russie et la Chine. "Le dépôt de brevet à l'international est important car il nous permet de conserver une longueur d'avance, mais il n'est pas essentiel pour nous", commente Olivier Nicolas.

Il faut dire que l'entreprise est parvenue à protéger ses innovations en misant avant tout sur une stratégie commerciale originale à l'international. Afin de limiter les risques de copie, I-TEK s'allie à d'autres entreprises aux compétences complémentaires, notamment dans les automatismes et les systèmes de distribution de l'aliment. L'objectif : proposer aux éleveurs étrangers un équipement total de leurs sites clés en main. "Il est beaucoup plus difficile de copier un concept global qu'un produit innovant en particulier. Si jamais certains sont tentés par la contrefaçon, les investissements seront très lourds. Comptez, par exemple, rien que pour la fabrication du moule de notre bac à lisier, au moins 250 000 euros", avance le dirigeant. De quoi dissuader nombre de copieurs en herbe.

Repères
Activité : conception et commercialisation de matériels d'élevage porcin
Ville : Trémeur (Côtes-d'Armor)
Forme juridique : SAS
Dirigeants : Tanguy Pestel, 45 ans, et Olivier Nicolas, 42 ans
Année de création : 1992
Année de reprise : 2009
Effectif consolidé : 69 salariés
CA consolidé 2013 : 27 M€
CA consolidé 2014 prévisionnel : 27 M€

Siradel mise sur l'amélioration continue de ses créations

Ci-dessus : Laurent Bouillot, dirigeant de Siradel

Des brevets, Siradel n'en détient aucun. "En déposer reviendrait à dévoiler l'essentiel des codes sources de nos logiciels. Comme la plupart des petits éditeurs, pour nous, les meilleures protections de notre expertise sont le secret, l'innovation et l'amélioration continue de nos produits", explique Laurent Bouillot, président de la PME bretonne spécialisée dans la planification d'infrastructures des opérateurs télécoms et la modélisation géographique 3D. Afin de pouvoir revendiquer la paternité de ses innovations en France et à l'étranger, le dirigeant protège donc uniquement ses logiciels auprès de l'Agence pour la protection des programmes (APP). Puis, il les diffuse en les cryptant par le biais de contrats de licence aux clauses d'utilisation restrictives à ses quelque 300 clients répartis dans 60 pays.

En marge de cette politique interne, le chef d'entreprise planche, actuellement, sur une stratégie de protection intellectuelle partagée au sein de l'institut de recherche technologique (IRT) breton "B-Com". Créé en 2012 par des grands comptes, un groupement de PME et des organismes universitaires, l'IRT se spécialise dans le développement de briques technologiques dans les contenus multimédias, les réseaux haut débit et la médecine du futur. "Début 2015, nous devrions créer une SAS B-Com chargée de la valorisation et de la protection de nos innovations. Cette fois, nous recourrons au dépôt de brevet et nous partagerons les bénéfices des ventes via des licences d'exploitation des résultats." Il en est convaincu, pour se développer sur la durée à l'international, seule l'union fait la force.

Repères
Activité : planification d'infrastructures télécoms
Ville : Saint-Grégoire (Ille-et-Vilaine)
Forme juridique : SAS
Dirigeant : Laurent Bouillot, 48 ans
Année de création : 1994
Effectif : 58 salariés
CA 2013 : 4,5 M€
CA 2014 prévisionnel : 5 M€

Les laboratoires Horus Pharma cherchent à intégrer leur production

Ci-dessus : Martine et Claude Claret, dirigeants d'Horus Pharma

Développer des produits pharmaceutiques innovants sans conservateurs dédiés au traitement de la sécheresse oculaire et du soin des paupières. C'est sur ce créneau que les laboratoires Horus Pharma, basés dans les Alpes-Maritimes, comptent se faire une place auprès des plus grands à l'international. Avec, aujourd'hui, trois brevets en poche, Martine et Claude Claret ont débuté l'export en 2011. Ils commercialisent, à présent, plus de 90 marques dans neuf pays, dont les États-Unis, la Turquie ou encore l'Allemagne.

Entre les nombreuses barrières réglementaires à franchir et les autorisations de mise sur le marché, la route vers l'export est à chaque fois longue et périlleuse. "Une fois remplies, ces obligations nous protègent aussi. Déposer des brevets et des marques n'est pas une stratégie de protection absolue. Il faut, ensuite, être à même de les défendre vis-à-vis de la concurrence, ce qui suppose un budget important et une veille accrue. Pour cela, nous progressons pas à pas", explique Martine Claret, la cofondatrice d'Horus Pharma. Et d'ajouter: "Notre problème majeur, aujourd'hui, reste que nous ne sommes pas maîtres de notre fabrication, réalisée par des sous-traitants français et européens", regrette Martine Claret.

C'est pourquoi les dirigeants comptent, d'ici trois à cinq ans, ouvrir leur propre unité de production, "qui se chargerait au moins de la fabrication de nos produits innovants les plus sensibles", précise la dirigeante.

Repères
Activité : laboratoire pharmaceutique
Ville : Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes)
Forme juridique : SAS
Dirigeants : Martine Claret, 61 ans, et Claude Claret, 59 ans
Année de création : 2003
Effectif consolidé : 87 salariés
CA consolidé 2013 : 21,6 M€
CA consolidé 2014 prévisionnel : 27,5 M€

Marion Perroud

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