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Station F décryptée par les entrepreneurs

Publié par Amélie Moynot le | Mis à jour le
L'équipe de la start-up GarantMe : Thomas Reynaud, Mylène Romano et Emile Karam
L'équipe de la start-up GarantMe : Thomas Reynaud, Mylène Romano et Emile Karam

Ces entrepreneurs ont fait partie des premiers à intégrer Station F, en juillet 2017. Entre avantages pour leur business et leur image, ils témoignent de leur expérience après bientôt une demi-année passée dans l'incubateur géant.

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Faciliter la vie des entrepreneurs, favoriser leur croissance, faire en sorte de créer des champions. C'est l'ambition de Station F, l'incubateur imaginé par Xavier Niel et dirigé par Roxanne Varza, inauguré fin juin 2017 à Paris. Une véritable fourmilière, qui a vocation à accueillir un millier de start-up et 3000 entrepreneurs, et à les accompagner au travers de programmes d'incubation "maison" et via une vingtaine de partenaires (Facebook, Microsoft, Vente Privée, etc.).

Rencontres

En rassemblant tous les acteurs de l'écosystème entrepreneurial au même endroit (start-up, investisseurs, experts, services publics, etc.), Station F favorise le partage. "Ce que je préfère, ce sont les échanges avec les autres boîtes, témoigne Laure Bouguen, dirigeante de la start-up Ho Karan, qui propose des soins et produits de beauté à base d'huile de chanvre. L'écosystème nantais [où la jeune pousse a son siège social, ndlr] est hyper bienveillant et solidaire, mais c'est à Paris que tout se passe. Si vous avez un problème, quelqu'un aura la clé, si vous cherchez un contact, il y aura quelqu'un pour vous le donner".

Les guilds, rassemblements réguliers de start-up aux stades de développement différents, permettent aux entrepreneurs de se retrouver pour échanger. "Hyper intéressant", pour Laure Bouguen. "Toujours bien pour ouvrir ses chakras, abonde Jérémie Toledano, directeur des opérations de Self-Med, logiciel de comptabilité dédié aux professionnels de la santé. Toutefois, vu la maturité de l'entreprise créée en 2013, je ne m'attends pas à ce que ça révolutionne mon canal commercial".

Un avis partagé par Florian Laroumagne, cofondateur de Prevision.io, qui propose une plateforme de machine learning automatisée, et a récemment levé 1,5 million d'euros. "L'écosystème est très bien pour les jeunes start-up. Dans le cadre des guilds, nous conseillons sur la levée de fonds".

Laure Bouguen, Ho Karan

Laure Bouguen, Ho Karan

En parallèle, l'incubateur donne aussi accès à des entrepreneurs plus accomplis, qui viennent partager leur expérience. "Je rencontre des gens incroyables, comme Céline Orjubin, la cofondatrice de My Little Paris, raconte Laure Bouguen. Elle m'a conseillé sur la façon de construire une marque forte. Moi, j'étais très focalisée sur le e-commerce. Je me suis rendu compte qu'il ne fallait pas négliger l'histoire de la marque". Une façon aussi de lever les inhibitions en rendant accessibles des dirigeants ayant déjà fait leurs preuves, sources d'inspiration pour les plus candidats à la réussite.

Accès à des expertises

D'autres types d'experts sont également conviés à livrer leurs retours, à travers des conférences -pas toujours fréquentées par les entrepreneurs interrogées, selon leurs centres d'intérêt- ou dans le cadre de rendez-vous individuels. Jérémie Toledano a, par exemple, suivi une intervention sur le RGPD et rencontré une personne en one-to-one pour discuter design d'applications.

Une offre également déclinée, selon des modalités qui leur sont propres, par les partenaires écoles, entreprises ou organisations de Station F. "En ce moment, j'échange régulièrement avec deux experts, un directeur artistique qui nous aide sur les problématiques de design, et un spécialiste en marketing qui nous oriente sur la construction d'une image de marque vis-à-vis des bailleurs", illustre Thomas Reynaud, incubé par HEC et dirigeant de GarantMe, un service de garantie de loyer dédié aux étudiants (à gauche sur la photo d'ouverture, avec les autres associés).

Une collaboration permanente, qui crée de l'émulation. "L'avantage, c'est aussi la confiance dont vous témoignent les acteurs sur place, poursuit l'entrepreneur. Le fait d'avoir été pris, la confiance qu'on vous transmet à propos de votre produit, l'énergie globale, l'optimisme qui se dégage..."

Avancées business

Pour les start-up en plein essor, des investisseurs sont également présents sur place (Daphni, Ventech, Kima Ventures) - d'autres passent périodiquement. "L'accès aux investisseurs est rapide. Ils sont joignables sur Slack, explique Paul Lê, dirigeant de La Belle Vie, épicerie en ligne, accompagnée Shakeup Factory, programme dédié aux foodtech. Il est ainsi possible d'accéder aux top VC de la place parisienne du matin pour l'après-midi, contre sept à dix jours actuellement pour obtenir ce genre de rendez-vous". Sans compter que Xavier Niel lui-même visite de temps en temps les bureaux.

Florian Laroumagne, Prevision.io

Florian Laroumagne, Prevision.io

Station F constitue, par ailleurs, un terreau idéal pour semer des graines pour des projets collaboratifs. C'est le cas par exemple pour Self-Med. "On discute avec des start-up du médical pour voir si on peut faire de la promotion croisée", illustre Jérémie Toledano. Et même aussi pour développer sa clientèle. "Notre solution est adressable aux start-up : nous rencontrons des prospects", témoigne Florian Laroumagne.

Image de marque

Sur un tout autre plan, être accueilli à Station F sert l'image des entreprises qui peuvent se targuer d'avoir été sélectionnées. Un gain de visibilité et de crédibilité, auprès des investisseurs, des partenaires bancaires, des clients, ou même des médias. "Avec la marque incubateur HEC et avec Station F, on nous écoute davantage", constate Thomas Reynaud. Une façon de bénéficier du rayonnement du lieu.

"Nous avons gagné en notoriété auprès des investisseurs, témoigne Jérémie Toledano. Certains nous ont proposé de nous revoir après avoir su que nous étions à Station F". Même impact sur les clients. " Notre présence ici, après sélection, les rassure, et beaucoup veulent venir pour voir les locaux ", complète Florian Laroumagne.

Avantages pratiques et financiers

Paul Lê, La Belle Vie

Paul Lê, La Belle Vie

Un autre avantage non négligeable porte sur l'aspect financier. "200 euros par mois et par personne, ce n'est pas cher pour des locaux", se félicite Florian Laroumagne, qui, auparavant, dépensait pour des bureaux à La Défense 600 euros par personne et par mois. Une façon de faire des économies, tout en bénéficiant de l'image positive de l'incubateur. D'autant que tout est accessible sur place. "J'apprécie la rapidité d'accès aux services ou contacts", souligne Paul Lê, qui apprécie aussi les outils pratiques de type intranet, mis à la disposition de tous pour faciliter les échanges et la circulation des demandes et des informations.

A cela s'ajoute l'avantage pratique. "J'arrive à faire mes rendez-vous ici car les gens veulent voir", affirme Laure Bouguen. " Les gens se déplacent, alors qu'avant, ils vous recevaient. Un vrai gain de temps ", estime Thomas Reynaud.

Revers de la médaille

Si l'incubateur est un tremplin extraordinaire, reste quelques (menus) points faibles. "Je pense que Station F correspond davantage aux besoins des jeunes entreprises, raconte Jérémie Toledano, qu'on peut en tirer le maximum quand on est en phase de structuration. Nous, par exemple, on est déjà passé par toutes les démarches accessibles au French Tech Central [un espace donnant accès aux services publics au sein de Station F, ndlr]".

Aux yeux de certains, l'accès à Station F reste restrictif. "Pour l'instant il y a HEC, [l'Edhec] mais pas d'ouverture aux autres écoles. Peut-être que ça va se faire, mais c'est encore très élitiste", regrette Paul Lê. Station F peaufine son programme Fighers dédié aux entrepreneurs des quartiers défavorisés, qui doit ouvrir dans quelques semaines.

Enfin, si l'environnement sert formidablement la collaboration, les open spaces géant charrient aussi leur lot d'inconvénients, notamment le manque de confidentialité. "Dans notre domaine, ce qui fait la différence, c'est la qualité d'exécution. On veut se prémunir contre ça", note, par exemple, Florian Laroumagne. A cela s'ajoutent le bruit et les nuisances sonores. "A notre arrivée, c'était très calme, aujourd'hui, ça pulule, difficile parfois de rester concentré... Station F c'est une ruche, une fourmilière ", explique Thomas Reynaud.

"Station F c'est un nid, mais à un moment il faut en sortir", conclut Paul Lê. Son entreprise est en train de finaliser des travaux dans des locaux de 500 m2 à Paris qu'elle prévoit d'intégrer en début d'année prochaine. Ce qui ne l'empêchera pas, aux dires de son dirigeant, de conserver un badge d'accès pour continuer à profiter du cadre de Station F.

 
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