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[Tribune] Préparons tous les entrepreneurs à rebondir, surtout ceux pour qui tout va bien !

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[Tribune] Préparons tous les entrepreneurs à rebondir, surtout ceux pour qui tout va bien !

Les chefs d'entreprise doivent se préparer à rebondir. Tous connaîtront non seulement des hauts, mais aussi des bas et qu'il leur faudra gérer et surmonter. Pour les aider à renforcer cette " soft skill ", trois pistes apparaissent prioritaires...

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Alors que le ministre de l'économie, des finances et de la relance a annoncé le mercredi 25 août 2021 la fin du " quoi qu'il en coûte ", les chefs d'entreprise doivent se préparer à toutes les éventualités. Certes les indicateurs montrent un retour de la croissance et toujours peu de défaillances, mais cela ne garantit rien : un business peut toujours s'enrayer, pour plein de raisons. L'échec ne survient pas uniquement lors des grandes crises et c'est justement ce que révèlent ces crises qui doivent rendre plus résilients et permettre de surmonter n'importe quel type de difficultés.

Les multiples visages de l'échec entrepreneurial

Pour autant, l'échec de l'entrepreneur reste globalement mal appréhendé. Si les témoignages de chefs d'entreprise ayant rebondi sont plus fréquents, il est souvent associé à une " mise des clés sous la porte ". Or l'échec du chef d'entreprise est multiforme et ne se réduit pas au dépôt de bilan. Un entrepreneur en effet peut être confronté à un développement commercial qui achoppe, un désaccord avec un associé, une erreur de recrutement qui impacte et met à mal toute l'équipe, une acquisition ratée, un problème de trésorerie alors que le carnet de commandes est plein, etc. Sur ces sujets, personne n'est à l'abri. Or être dans le déni rend l'échec encore plus dévastateur quand il survient.

Dans toutes ces situations, il est difficile d'avouer qu'un projet ne marche pas comme prévu et d'assumer. Le chef d'entreprise doute et se méfie, de lui autant que des autres ; et en général, il s'isole. Il lui est difficile d'en parler à ses managers ou à ses proches. Parfois, souvent même, il ne veut pas regarder les choses en face, convaincu que le pire n'arrive qu'aux autres et qu'il fait tout pour ne pas sombrer. Pourquoi ? Certainement un mélange d'ego et de crainte quant à l'impact business d'un échec sur ses équipes et ses partenaires, notamment financiers. Car beaucoup le disent : le couperet des assureurs crédit et des banques tombe très vite et peut entraîner dans une spirale négative sinon destructrice difficile à enrayer.

Alors que faire ? Trois pistes.

Pour former et former encore

La première piste d'action est de former les entrepreneurs à la gestion de l'échec et au développement de leur capacité de rebond, ce dès leurs premiers pas dans le métier, voire sur les bancs de l'université et des grandes écoles. Ils doivent comprendre que l'échec ne se limite pas à la mort de l'entreprise, et que non réglées, de petites difficultés peuvent en entraîner de bien plus grandes. La CCI Ile-de-France a d'ailleurs mis en place dans les Hauts-de-Seine à l'automne 2020 le programme " Accélérateur du rebond entrepreneurial ".

Pour aller plus loin, ne pas hésiter à aller à des conférences et ateliers sur le rebond dans tous les événements, salons et formations dédiés à la création d'entreprise. Ils se tiennent prêts à contribuer en apportant leurs témoignages, car rien n'est plus efficace que de s'appuyer sur ceux qui l'ont vécu, qui en ont une approche concrète et non théorique, qui en parleront avec leurs tripes.

Pour écouter et aider

Le deuxième point est d'encourager les entrepreneurs à ne pas rester seuls. Il est vital de partager ses doutes et difficultés avec d'autres. Un entrepreneur estime qu'il n'a pas le droit échouer.

Il ne s'autorise pas à faillir, à montrer des signes de faiblesse. Les injonctions sociétales vont dans ce sens. Pourtant l'échec entrepreneurial est banal dans un parcours et le partage d'expériences l'aide à s'en rendre compte.

Des structures d'écoute comme SOS Entrepreneurs ou Apesa et, quand la situation s'est dégradée, des associations comme 60 000 Rebonds et Second Souffle se mobilisent ; mais ils ont certainement besoin d'être davantage portés à la connaissance d'un plus grand nombre d'entrepreneurs. Pourquoi ne pas imaginer aussi un numéro vert partagé entre tous ? Et pourquoi ne pas aussi donner la parole à l'entourage des entrepreneurs ? L'histoire sera racontée autrement, tout en ayant la richesse du vécu. L'important étant de pouvoir parler "échec et rebond", sans réserve et sans tabou.

Pour lutter contre la stigmatisation et donner enfin le droit au rebond

La troisième et dernière piste consiste à lutter contre la stigmatisation des entrepreneurs qui échouent. Un entrepreneur qui rate son projet porte certes la responsabilité du projet non abouti ; mais peu se préoccupent de lui, de la façon dont il traverse cette période, l'essentiel de l'attention étant dirigée vers ses salariés qui peuvent perdre leur emploi.

Or cela peut avoir des incidences graves et conduire les chefs d'entreprise les plus fragiles à l'irrémédiable. Comme cela se passe pour les agriculteurs d'ailleurs ... Si la sphère BtoB commence à parler du burn-out des entrepreneurs, il reste méconnu de l'opinion publique. Peu de suicides d'entrepreneurs sont relatés dans la presse...

Pour éviter ces situations irrémédiables, sachons faire preuve d'empathie et de bienveillance. Ce sont des moteurs pour avancer - i.e. comprendre ce qui s'est passé, assumer et redémarrer. Il est plus que jamais temps que les premiers partenaires des entrepreneurs que sont l'administration, les banques, les experts-comptables, les administrateurs judiciaires, etc. s'engagent à ne plus être dans l'accusation et l'abandon. Qu'ils prennent la mesure des mots et attitudes qu'ils ont à l'égard des chefs d'entreprise qui rencontrent des difficultés.

Sans verser dans l'angélisme et la complaisance des erreurs, il est important de ne pas réécrire leur histoire, de ne pas "mésinterpréter" ou surinterpréter des faits. Les entrepreneurs ont besoin que leurs partenaires s'engagent et soutiennent leur rebond.

En parallèle, il faudrait plus de dispositifs pour les entrepreneurs rencontrant des difficultés mais qui ne sont pas encore au bord du gouffre. Les Prêts Rebond de Bpifrance vont dans ce sens. La démarche des CRP de la DGE également ; elle s'enrichirait encore si elle s'appuyait sur ceux qui ont déjà vécu un échec et ont rebondi.

Plus que jamais, alors que les maîtres-mots de l'économie sont incertitudes et imprévisibilité, arrêtons de penser que l'entrepreneur est un super héros, un voyou ou un salaud comme l'écrivait en 2007 l'actuel Président du Medef.

Reconnaissons-lui enfin le droit de rater un projet et aidons-le à développer une solide capacité de rebond pour qu'il consacre son énergie à (re)créer et non à ses justifier.

Pour en savoir plus

Anne-Laure Sevezan. Deux expériences d'entrepreneure : d'abord à partir de 2006 avec un service de décoration d'intérieur pour les particuliers et entreprises. Puis en 2015, elle se lance dans le projet Forever Living sur le secteur en plein boom de la vente à domicile de produits bien-être. En 2021, elle rejoint l'association des Rebondisseurs Français dont elle devient déléguée générale.




 
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