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JO de Rio : un terrain de jeu marketing pour les PME françaises

Publié par Pierre Lelièvre le - mis à jour à
JO de Rio : un terrain de jeu marketing pour les PME françaises

Les 396 athlètes français ne seront pas les seuls à représenter leur pays lors des Jeux Olympiques de Rio à partir du 5 août 2016. De nombreuses entreprises françaises participent également à l'événement : PME et start-up s'investissent pour la plus grande manifestation sportive mondiale.

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Deux ans après avoir organisé la Coupe du monde de football, le Brésil accueille les Jeux Olympiques du 5 au 21 août, à Rio de Janeiro. Si le gouvernement brésilien espère 1 % de croissance supplémentaire, l'événement permet également à des sociétés étrangères de s'investir dans l'organisation. C'est le cas de PME et start-up françaises qui s'engagent depuis des mois dans les Olympiades brésiliennes.

Gagner en visibilité

Exceptés les grands groupes français d'ores et déjà parties prenantes dans l'organisation, tels qu'Atos, GL Events, Adecco ou encore la RATP, de plus petites entreprises s'apprêtent à relever le défi des Jeux olympiques. Une opportunité qui s'appuie principalement sur la visibilité importante que procure l'événement. Inscrite dans une stratégie de communication, la participation d'entreprises aux Jeux leur permet de se positionner comme un acteur incontournable de leur domaine d'activité.

C'est le cas de la start-up lavalloise de 8 salariés AR+, spécialisée dans l'audiovisuel qui interviendra en coulisse. Son dirigeant et cofondateur Pascal Gautier fournit à France Télévision deux bras robotisés - équipés d'une caméra et pilotés depuis la régie - afin d'assurer les images des plateaux de commentateurs installés à Rio. Une opération qui s'est établie après une visite de France Télévision chez des concurrents équipés de sa technologie.

Bras robotisé Arcam développé par la start-up AR+


"Notre système Arcam est déjà utilisé chez Canal + et iTélé. France Télé a été convaincu par la technologie et a souhaité disposer de deux systèmes Arcam pour équiper ses plateaux du stade d'athlétisme et de la piscine olympique", détaille Pascal Gautier. Si habituellement AR+ ne fait pas de prestations et vend seulement ses produits, son dirigeant se rendra, malgré tout, à Rio de Janeiro, former les équipes de production du diffuseur.

D'un point de vue économique, "ce n'est pas une opération rentable, c'est une démarche financièrement blanche", reconnaît-il, avant de préciser que l'intérêt se situe ailleurs pour la start-up. "L'opportunité de montrer aux autres diffuseurs la technologie Arcam constitue une formidable opération de communication pour faire connaître notre produit", évoque Pascal Gautier. Déjà bien implanté en France et dans certains pays étrangers, il espère s'ouvrir aux prestataires du monde entier, notamment grâce au partenariat qu'il va prochainement signer avec Panasonic. La firme japonaise n'est autre qu'un des partenaires officiels des Jeux Olympiques.

Prospection

Sur un autre aspect de l'événement, des entreprises épaulent les athlètes en amont de la compétition. L'ancien champion du monde Elite de BMX, Thomas Hamon, a fondé en 2012 la société ProTracks qui conçoit et réalise des pistes de BMX. Après avoir notamment achevé la piste des championnats du monde 2015 de Zolder (Belgique), l'ancien professionnel - réserviste pour les Jeux de Pékin en 2008 - a été chargé de la piste d'entraînement de l'équipe de France de BMX en vue des Jeux de Rio.

Implantée au sein du Centre de ressources, d'expertise et de performances sportives (Creps) de Bourges, la piste est une réplique à 50 % de celle qui attend les riders à Rio. "On a répondu à un appel d'offres de la région Centre, qui a financé le projet", présente Thomas Hamon. Pour un coût global de 400 000 euros, la piste comporte toutes les difficultés auxquels les cyclistes français vont être confrontés, "de la grille de départ aux différentes bosses".

Réplique de la piste olympique de BMX au Creps de Bourges réalisée par ProTracks


Avec 270 000 euros de chiffre d'affaires en 2015 et un résultat net de 35 000 euros, l'entreprise basée à Calais se positionne principalement sur le marché des pistes de BMX. "Cela correspond à 80 % de notre chiffre d'affaires aujourd'hui", dévoile le dirigeant. Unique salarié de son entreprise, Thomas Hamon dispose cependant d'un vivier de 6 à 7 personnes, prestataires dans la construction, qui l'aident sur ses chantiers.

Si ce marché de niche ne lui assure pas un développement pérenne, le dirigeant confirme réfléchir à "de nouveaux axes de développement pour son activité". "Il faut que l'on se diversifie", admet-il.

Cependant, cette opportunité constitue, pour l'essentiel, une démarche de prestige et dont la finalité est de décrocher de nouveaux chantiers. "C'est une excellente opération de prospection, le bouche à oreille marche tout seul ensuite. L'objectif, sous dix ans, est de construire une piste olympique", indique-t-il. Et d'ajouter, confiant : "Et pourquoi pas dès 2020 pour les Jeux de Tokyo !"

Développer son activité à l'export

Certaines entreprises bénéficient également des égards des institutions sportives françaises. Implantée dans les équipements sportifs de haut niveau depuis de nombreuses années, la société artisanale stéphanoise BV Sport a été sélectionnée par la commission médicale du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) pour équiper l'ensemble de la délégation olympique française.

En fournissant des chaussettes de récupération et de confort ainsi que des manchons d'effort, la société de 35 salariés de Salvatore Corona poursuit sa stratégie de développement auprès des athlètes de haut niveau. 2 500 sportifs sont aujourd'hui équipés de ces équipements médicaux brevetés selon son dirigeant. "En tant que partenaire officiel de la Fédération Française d'Athlétisme, les médecins du CNOSF ont souhaité qu'on équipe la délégation française pour les Jeux de Rio comme nous l'avions fait lors des Jeux de Londres en 2012", explique son président.

Leader sur le marché français, l'entreprise BV Sport exporte ses produits médico-sportifs dans 35 pays et se positionne comme un acteur important face à ses concurrents. "La confiance que nous accorde le CNOSF est importante d'un point de vue de l'image que l'on renvoie et cela nous sert pour notre communication. Les Jeux sont une belle vitrine et cela nous pousse à travailler davantage à l'export", précise Salvatore Corona. Si l'entreprise basée à Saint-Étienne réalise 20 % de son chiffre d'affaires à l'international, l'objectif est d'atteindre les 50 % à l'horizon 2019 selon son président.

Pour atteindre son but, l'entrepreneur mise sur les grands événements sportifs pour conquérir de nouveaux clients, notamment à l'étranger. "Les clients sont très influencés par notre implication dans ce type d'événements. S'implanter dans le sport de haut niveau nous permet d'approcher le grand public grâce à la visibilité que l'on en retire", détaille-t-il. Et le dirigeant d'aspirer à étendre son influence dans le monde entier et notamment sur le marché brésilien.

Un marché du sport attrayant

Pour faciliter l'implantation d'entreprises françaises lors des grands événements sportifs à l'étranger, l'agence française d'aide à l'export, Business France, a accompagné des entrepreneurs dans les démarches d'exportation et a souhaité les mobiliser "sur un marché de plus d'un milliard d'euros". Business France a par ailleurs ouvert un bureau au Brésil pour s'adresser directement aux PME et ETI qui souhaitent s'investir dans le projet olympique de Rio.

Depuis 2010, près de 70 entreprises issues de tous les secteurs ont été accompagnées par Business France selon le chef de Pôle Brésil, Jean-François Ambrosio. Un marché aux perspectives indéniables qui se prépare à l'avance du côté des entrepreneurs. Des ateliers d'informations et des rencontres B to B ont été organisés dès 2014 par l'agence dans le but d'inciter les entreprises à se positionner sur les appels d'offres organisés par le comité organisateur Rio 2016.

Leader mondial de l'équipement de ball-trap, la société de 80 salariés Laporte, basée à Biot dans les Alpes-Maritimes, a été choisie par le comité Rio 2016 pour fournir 53 robots lanceurs et 800 000 pigeons d'argile pour les épreuves de tir. Guy Basso, directeur de la communication de l'entreprise azuréenne, explique que "des relations ont été établies avec l'agence Business France au début de notre implication", mais précise que l'essentiel des échanges s'est fait avec "le fournisseur officiel d'équipements des Jeux, la société Oméga, qui a la charge de tous les équipements techniques pour l'événement".


Toutefois, la société Laporte n'en est pas à sa première participation. "C'est la huitième fois que nous équipons le site de ball-trap lors des Jeux", indique Guy Basso, qui met en avant l'excellence des produits français : "Nous avons les machines au déclenchement le plus rapide au monde et nos pigeons, cette année, seront écologiques. Une première pour les Jeux Olympiques".

L'entreprise Laporte surfe sur la vague des Jeux en profitant des retombées économiques et de sa réputation, mais elle n'oublie pas d'innover pour se maintenir dans l'élite du ball-trap et participer au développement de la discipline. "En parallèle de nos innovations de produits, nous développons par exemple un réseau social pour élargir la communauté autour de la discipline du tir", poursuit-il.

Une cible qui vise à faire croître le nombre de licenciés et donc les commandes de matériels. En attendant une expansion des ventes auprès des particuliers, la société Laporte peut se targuer d'augmenter son chiffre d'affaires de 30 % grâce au Jeux de Rio.

Une cible que Business France promeut dans son accompagnement des entreprises françaises au-delà de l'échéance olympique. Avec une croissance de 5,9 % entre 2000 et 2010, le marché est présenté comme incontournable par l'agence française qui martèle que la demande en équipements sportifs est en constante augmentation, malgré la crise économique.

Pour confirmer ces intentions, le cabinet d'audit et de conseil PricewaterhouseCoopers estimait, dans une étude datée de 2012, que la croissance du marché du sport avait augmenté jusqu'à 12,5 % lors des années olympiques, entre 2006 et 2012. Une opportunité pour les entrepreneurs français de transformer l'essai en or.

 
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