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La Turquie, un filon à exploiter !

Publié par Charles Cohen le - mis à jour à
La Turquie, un filon à exploiter !

La Turquie. Voilà un pays émergent autour de la Méditerranée oublié par bon nombre de patrons de PME. Pourtant, vous auriez tort de sous-estimer le potentiel de ce pays, qualifié de "petite Chine de l'Europe". Focus.

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Environ 500. C'est le nombre d'entreprises faisant du business en Turquie. " Un score bien en deçà des potentialités qu'offre ce pays-clé du bassin méditerranéen, à trois heures de vol de Paris ", constate Inane Gurbuz, manager chez Azkan Group, société d'accompagnement à l'international. Pourtant, force est de constater que, avec les 36 000 entreprises étrangères implantées sur son territoire, la Turquie s'impose comme un pays attractif pour ceux qui savent tirer profit de ce marché émergent, presque ­mature. Et pour cause : " Véritable pont entre l'Europe et l'Asie, la Turquie affiche une performance économique presque similaire à celle des Bric(1). De quoi séduire nombre d'entreprises allemandes, anglaises ou néerlandaises, qui s'y implantent déjà les yeux fermés, surtout dans l'ouest du pays, Istanbul en tête ", confirme le mana­ger. Pour faire valoir les atouts de la Turquie, les chiffres parlent d'eux-mêmes : un PIB oscillant entre la 15e et la 17e place mondiale, un taux de croissance de 3,5 % et une popu­lation majoritairement jeune, de 75 millions d'habitants.

Occidentalisation prononcée

Alors pourquoi les sociétés françaises n'y investissent-elles pas encore en masse ? " À cause de l'image floue ou inexistante dont dispose ce pays en France, reléguant trop souvent aux oubliettes son attractivité pour les PME ", explique Raphaël Esposito, direc­teur de la chambre de commerce française en Turquie. Si franchir la Méditerranée pour aller au Maghreb s'impose comme un réflexe plus rassurant pour nombre d'entre­preneurs, c'est sans compter le potentiel sous-estimé de la Turquie, un marché deux fois et demie plus gros que l'Algérie, le Maroc et la Tunisie réunis. " Y faire du ­business est d'autant plus aisé que le code de commerce s'inspire des modèles européens. Sans oublier une occidentalisation prononcée des habitudes de consommation, avec l'émergence d'une large classe moyenne et la présence d'élites francophones formées dans la dizaine de lycées français du territoire ", détaille Éric Fajole, direc­teur d'Ubifrance Turquie. À quoi s'ajoutent deux avantages de taille : une fiscalité attrac­tive et une exonération des droits de douane (sauf pour les produits agricoles), puisque la Turquie est membre de l'Union douanière de l'Union européenne.

Plateforme de réexportation

Si la "petite Chine de l'Europe" a longtemps attiré les grands comptes, Renault en tête, à la recherche de coûts de production minimes, le pays a désor­mais dépassé le seul credo du low cost. " Certes, les coûts y sont 20 % moins élevés qu'en France, mais les entreprises vont moins en Turquie pour délocaliser leur production que pour profiter du vrai savoir-faire industriel de sa main-d'oeuvre qualifiée ", indique Inane Gurbuz. Au-delà de l'automobile et du textile, le pays est friand de technologies à valeur ajoutée dans des secteurs-­clés subventionnés par le gouvernement, " à l'instar de l'aéronautique, de la défense ou du ferroviaire, marché qui va bénéficier dans les dix prochaines années du plus gros poste d'investissement ­public et ce, pour doter le pays de lignes à grande ­vitesse ", souligne Éric Fajole, en citant d'autres créneaux porteurs : les biens d'équipement, l'énergie ou le luxe. Forte d'un positionnement géostratégique avantageux, la Turquie s'impose enfin comme une excellente plateforme de réex­portation de vos produits vers les pays turcophones limitrophes ayant signé des accords de libre-échange (Azerbaïdjan, Kazakhstan...), ou encore ceux du monde arabo­-musulman, avec lesquels l'ex-Empire otto­man entretient des liens religieux et ­économiques forts.

Approche partenariale

" D'une manière générale, l'offre française est très bien perçue, mais pour s'imposer sur le marché turc, encore faut-il satisfaire une condition sine qua non : trouver, en amont, le bon relais ou partenaire et ce, pour proposer une offre compétitive propre à capter la clientèle turque dans un ­marché ­concurrentiel ", développe Raphaël Esposito. Si l'année 2013 a été " celle de la croissance du nombre de PME françaises oeuvrant en Turquie, comme le rappelle Éric Fajole, la grande tendance, pour certaines, a donc été de faire le choix d'une acquisition ou d'une joint-­venture. Nous les avons assistés pour favo­riser les meilleures alliances ".

Pour pénétrer ce pays émergent, n'hésitez donc pas à mutualiser votre savoir-faire avec celui d'acteurs locaux. " Il faut privilégier une approche parte­nariale à long terme et, surtout, nouer une rela­tion de proximité, en vous rendant régulièrement sur place ", conseille Raphaël Esposito. De quoi favoriser la confiance avec vos partenaires turcs, " des business­men chaleureux offrant un accueil à l'orientale, mais aussi de fins négociateurs. Ils sont cependant parfois hésitants dans leur communication et n'osent pas toujours dire non ", conclut Éric Fajole. Alors, prêts à exploiter le filon turc ?

(1) Brésil, Russie, Inde, Chine.

Pour aller plus loin, vous pouvez lire l'article suivant : Les PME qui partent à l'export ne le regrettent pas.

 
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