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[Interview] Taïg Khris : "Je suis un serial challenger"

Publié par Céline Tridon le - mis à jour à
[Interview] Taïg Khris : 'Je suis un serial challenger'

Ancien champion du monde de roller habitué aux plateaux de télévision, Taïg Khris est aussi un entrepreneur dans l'âme. Après sa start-up Onoff, spécialisée dans la téléphonie dans le cloud créée en 2014, il lance au printemps 2021 Albums, sorte de réseau social de la photo.

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Après votre carrière sportive, l'entrepreneuriat était une évidence pour vous ?

J'ai toujours eu une casquette d'entrepreneur en parallèle de ma vie de sportif.

Dans le roller, le potentiel est faible, alors que dans le foot ou le tennis, ce n'est pas le cas. On peut être le premier en roller et gagner moins que le millième footballeur. J'ai donc essayé d'être proactif. J'ai créé des entreprises : d'abord autour de mon sport, à travers un magasin de rollers ou des skateparks, puis en me diversifiant. J'ai commencé à réaliser des gammes de papeterie pour les enfants à mon image que je vendais à Carrefour, avant d'acheter également l'image de Tony Parker, M. Pokora, Christophe Maé, etc.

Vous êtes donc un serial entrepreneur ?

Complètement ! Je dirais même que je suis un " serial challenger " , parce que je choisis parfois des projets qui n'ont rien à voir avec le monde de l'entreprise et que, dans tous les cas, j'avance pas à pas pour atteindre mon objectif, aussi fou soit-il. Par exemple, je me suis enfermé pendant un an et demi chez moi pour écrire un long métrage... J'espère bien le produire un jour.

Pourquoi avoir choisi les télécoms, avec Onoff ?

Je ne voulais pas rester dans une industrie petite, comme celle des sports extrêmes. Pour être connu, avoir des financements et pour en vivre tout simplement, j'ai opté pour une grande industrie, quitte à démarrer en bas de l'échelle.

Aujourd'hui, Onoff est une entreprise rentable qui emploie 60 collaborateurs. Elle réalise 10 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020, atteindra probablement les 20 millions fin 2021 et 35 millions en 2022. Nous espérons doubler tous les douze à dix-huit mois.

Donc la crise n'a pas eu d'impact sur votre activité ?

Nous sommes passés au travers. Pourtant, j'ai failli fermer l'entreprise de nombreuses fois. Il a fallu apprendre le métier, j'ai fait des erreurs comme tout le monde. Durant les premières années, le produit ne fonctionnait pas très bien. Mais avec du temps et de nouveaux investissements, c'est rentré dans l'ordre.

Vos échecs précédents vous ont-ils aussi servi d'expérience ?

Je ne m'avoue jamais vaincu quand un projet me plait beaucoup. S'il ne fonctionne pas, je le mets dans un tiroir dans ma tête et j'essaye de trouver, en fin stratège, une autre manière de le monter. Mais il est vrai aussi que j'ai énormément appris de tous mes échecs. Par exemple, je sais que dès que de l'argent rentre dans une boîte, les associés se crispent. C'est pour cela que j'ai créé Onoff sans cofondateur.

J'ai même listé (et écrit !) une sorte de formule magique en huit points que j'applique à Onoff, comme soigner l'expérience client, aller sur l'ubérisation, privilégier une industrie à la distribution mondiale et inventer quelque chose d'inédit.

Puis vous avez créé Albums... comment le décrire ?

J'ai voulu, en quelque sorte, concevoir un WhatsApp de la photo, une application sécurisée pour partager les milliers de photos qui dorment dans nos téléphones.

Ici, il n'est pas question de followers, il n'y a pas de vitrine publique, les partages se font avec sa famille ou ses proches.

Pour que la sécurité soit la meilleure, nous sommes en train de construire un chiffrement de bout en bout avec une validation auprès de l'Anssi, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information. Notre promesse ? Les photos ne seront pas analysées comme sur Google ou Facebook. Il s'agit en quelque sorte d'un outil plus éthique, loin des échanges artificiels.

Votre ambition est-elle aussi de créer un champion français des réseaux sociaux ?

Bien sûr, les réseaux sociaux changent le monde et il est frustrant de voir que ni les investisseurs français et européens, ni les politiques n'ont saisi leur importance. Ils ont laissé passer le train et nous avons probablement perdu la bataille pour les cent prochaines années.

Aujourd'hui toute la data du monde est gérée par des serveurs et des acteurs américains, qui politiquement pèsent lourd. Sans être pro-Trump, il est quand même incroyable de voir que des entreprises comme Facebook et Twitter peuvent supprimer le compte d'un président en exercice. Leur pouvoir est énorme. C'est pour cela qu'il faut arriver à créer des réseaux sociaux français et européens. Je ne prétends pas y parvenir, mais j'ai l'ambition d'essayer pour, au moins, lancer la machine et peut-être amener les investisseurs à aider d'autres entrepreneurs.

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Votre principale source d'inspiration ?

Mes rêves.

Si vous deviez explorer un autre métier ?

Comédien.

Votre meilleur souvenir professionnel ?

Le saut de la tour Eiffel.

Ce que vous recherchez le plus chez vos collaborateurs ?

Qu'ils soient passionnés par le projet et leur métier.

Le meilleur conseil que l'on vous ait donné ?

Mandela : " Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends."

Le manager que vous êtes ?

Je suis au début, j'ai encore beaucoup à apprendre.

L'entreprise que vous auriez voulu inventer ?

Space X ou Instagram.

Un entrepreneur que vous admirez ?

Elon Musk.

En matière de numérique, la France tourne-t-elle au ralenti ?

Il y a clairement un problème de mentalité, qui vaut pour le secteur des start-up et de la tech en général. Beaucoup d'investisseurs manquent d'ambition. Or, nous sommes dans une guerre du numérique.

Les pièces sont en train de se placer partout et il sera de plus en plus difficile de prendre des cases. Un Google, par exemple, est trop puissant pour être concurrencé. Pourtant, il y a encore des choses à faire. Pour cela, la France doit devenir meilleure dans son approche, plus diversifiée et plus compétitrice.

L'accès au financement est justement l'une des difficultés que vous avez rencontrées ?

Évidemment, il a fallu quelques années pour que les fonds rentrent dans mon entreprise. Je suis très content de les avoir, mais je n'ai levé finalement que 10 millions d'euros, en 2018. J'espérais accélérer le business en réunissant trois fois plus. Onoff serait alors déjà valorisée à 500 millions d'euros et serait leader dans le secteur de la téléphonie... Cela viendra.

Le fait d'avoir été médiatisé, connu du grand public, a-t-il été une aide ou un frein ?

Au début, c'était un énorme frein. Si je m'étais lancé dans une boîte autour des sports extrêmes, on m'aurait écouté. Et encore, on m'aurait peut-être demandé d'avoir un associé, un cofondateur...

Quand je travaillais sur les débuts de Onoff et que je me rendais dans un dîner, on me demandait : " qu'est-ce que tu fais maintenant ? " Je répondais que j'étais en train de créer une entreprise de télécom. Les gens explosaient de rire autour de la table et renchérissaient : " mais sérieusement tu fais quoi ? " Après tout, c'est normal, on se colle une étiquette. J'avais cette étiquette de sportif alors que je m'attaquais à un métier très compliqué.

J'ai dû prouver que l'on pouvait me faire confiance, en devenant un vrai expert technique : c'était le seul moyen de convaincre les gens.

Et ensuite, c'est devenu un atout ?

Passé ce cap, en effet, le fait d'avoir été connu donne une force incroyable. À la différence d'autres entrepreneurs, grâce à la télévision, je suis devenu un communiquant. Il ne m'est pas compliqué de parler et de présenter mon entreprise. Et mon histoire interpelle : je ne suis pas né dans cette industrie, mais je compte bien m'y faire une place.

Envisagez-vous de créer une troisième entreprise ?

J'ai plein d'idées encore, comme ce film que j'ai écrit. J'ai envie aussi de créer une école pour transmettre une façon de penser 'out of the box', qui sort des sentiers battus, car n'ayant jamais été scolarisé, je suis devenu un ultra-débrouillard.

Dans la vie de tous les jours, il est plus important d'être autonome que d'avoir appris de façon très scolaire. Après tout, le monde change et l'école a été construite sur un modèle qui est déjà dépassé, et qui le sera encore davantage dans dix ans. Il faut être flexible psychologiquement pour s'y adapter.

Enfin, je rêve d'aller dans l'espace. Un jour, je ferai un projet en ce sens.

Biographie

1975

Naissance à Alger (Algérie).

1996

Est repéré par la marque Rollerblade et débute le roller pro.

2010

Établit le record du monde de saut dans le vide depuis la tour Eiffel.

2014

Crée Onoff.

2018

Lève 10 millions d'euros.

2021

Crée Albums.

 
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