IA: sans juniors, qui sont les seniors de demain ?

Depuis l'irruption et la démocratisation des outils d'IA générative, les entreprises ont trouvé un allié formidable pour automatiser une grande partie des tâches chronophages et répétitives autrefois déléguées aux profils juniors.
Je m'abonneAujourd'hui, les équipes qui respirent, avec plus de temps pour se concentrer sur des missions stratégiques. Ces gains sont positifs, et il ne s'agit en aucun cas de revenir dessus, car entreprises comme talents y gagnent en efficacité et en qualité de vie au travail.
Les juniors d'aujourd'hui sont les seniors de demain
Pour autant, une dimension de ce changement entraîne un paradoxe que le monde de l'entreprise n'ose pas encore regarder en face. Les profils juniors d'aujourd'hui sont les seniors de demain - et si ces premiers sont remplacés, du moins en partie, par des IA, avons-nous finalement malgré nous renoncé à former les leaders de demain ?
Aristote fait de la mimesis, c'est-à-dire de l'imitation, l'un des fondamentaux de l'humanité : dans tous les contextes, on apprend en imitant. Plus encore, on apprend en répétant, dimension clé de l'acquisition de comportements et des compétences. Si cette tâche est dévolue à un outil, c'est toute la chaîne de transmission du savoir-faire qui risque d'être fragilisée.
Un métier ne se transmet pas par injection de compétences, mais par frottement, par le contact avec le réel, l'erreur, le brief mal compris, les idées qu'on affine à plusieurs. Un profil débutant ne monte pas en compétence en corrigeant une sortie générée par IA.
En coupant l'accès aux premières briques du métier, on crée une génération de profils sans socle. À long terme, c'est tout le marché de l'emploi qui se trouve menacé. Qui seront les seniors de demain si plus personne n'apprend à faire ni n'apprend en faisant ?
Sans tirer un trait sur les progrès majeurs, présents et à venir, de l'intelligence artificielle en entreprise, il est temps de se poser la question de la façon de l'intégrer de façon pérenne dans le monde du travail. Laisser de côté voire moins recruter de profils juniors serait une erreur.
En réalité, l'intelligence artificielle est une chance pour leur permettre d'accéder directement à des tâches stratégiques, à forte valeur ajoutée, et formatrices. Elle permet de dégager du temps humain, pour des tâches qui demandent des idées fraîches, de l'analyse, et par là même, permet aux profils débutants de gagner en compétence à une vitesse nouvelle. Encore faut-il penser à son intégration réfléchie.
Car l'intelligence des leaders de demain est humaine, et pas artificielle.
Maxence Vanderswalmen est ancien CMO de Tikamoon, poste qu'il a décroché à 25 ans, où il a fait passer le chiffre d'affaires de 2 à 60 M€, sans levée de fonds. Il est enseignant en marketing digital à l'IESEG, et fondateur de l'agence de marketing digital et e-commerce Make Sense 4 Digital.
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