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DossierLa fresque industrielle des Bullier et de leurs pinceaux Léonard

Publié par Marion Perroud le

2 - L'export dès ses débuts

Distribués partout en France via un réseau de revendeurs spécialisés dans les beaux-arts et le bâtiment, les pinceaux Bullier sont également exportés à travers l'Europe, mais aussi de la Prusse aux États-Unis.

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À l'instar certainement de leur aïeule, Gabrielle Bullier par qui tout a commencé. En 1840, lorsqu'elle rachète seule la Maison Cherion & Samuel, fabrique parisienne de pinceaux créée avant la Révolution française, elle sort d'un divorce, situation exceptionnelle pour l'époque. À 39 ans, cette mère de famille issue d'un milieu bourgeois reprend son nom de jeune fille et " se fait passer comme veuve pour sauver les apparences, raconte Stéphanie Bullier. Nous ne savons pas dans quelles circonstances exactes elle a repris l'affaire. Vu la notoriété de la Maison Cherion & Samuel, il semblerait plus probable que ce soit la mort de son dirigeant dépourvu d'héritier qui ait provoqué la mise en vente. Quant à mon aïeule, elle a certainement investi dans la société pour maintenir son niveau de vie et s'assurer des revenus suffisants ", suppose l'actuelle dirigeante. L'atelier compte alors une grosse centaine de salariés. Puis, Jean-Pierre Gabriel Bullier succède à sa mère à la tête de la société après avoir fait faillite dans l'horlogerie pendant la Révolution de 1848.

Distribués partout en France via un réseau de revendeurs spécialisés dans les beaux-arts et le bâtiment, les pinceaux Bullier sont également exportés à travers l'Europe, mais aussi de la Prusse aux États-Unis. Le savoir-faire de la fabrique est récompensé à plusieurs reprises aux Expositions universellesde 1855, 1878, 1889 et 1900. Profitant de l'extension du réseau ferré français, Jean-Pierre Gabriel transfère la production à Saint-Brieuc dès 1866, tout en conservant la boutique parisienne. En Bretagne, il recrute de nombreuses ouvrières qualifiées et issues du secteur de la manufacture du lin, alors en déclin. " Le choix de Saint-Brieuc était stratégique. À l'époque, les salaires pratiqués dans la région et le coût des terrains étaient nettement plus bas qu'à Paris. L'arrivée du train permettait, par ailleurs, d'expédier aisément les pinceaux fabriqués vers la capitale et le reste de l'Europe ", explique la présidente de l'entreprise. Ce qui permet à la société de poursuivre son ascension. Si bien qu'une usine de plus de 4 000 m², inaugurée en 1909, est construite non loin de la première fabrique.

La marque Leonardo da Vinci (simplifiée par la suite en Léonard) voit le jour en 1926. L'entreprise tourne alors à plein régime et emploie plus de 300 personnes. Une croissance brisée en plein vol par la Seconde Guerre mondiale, qui porte un coup d'arrêt brutal à l'activité. " Mon grand-père, Marcel Bullier, a catégoriquement refusé de collaborer avec les Allemands qui l'ont obligé à fermer l'usine. Malgré tout, il a continué à faire travailler secrètement ses ouvrières et à les rémunérer à perte. Une partie de la fortune de sa femme y est passée, le reste ayant été utilisé pour maintenir l'activité jusqu'à l'arrivée de mon père, Michel, en 1966. Ils étaient alors ruinés et la société au bord du dépôt de bilan ", détaille Stéphanie Bullier.

Son père restructure alors la société. Il ferme le magasin parisien, abandonne la fabrication des brosses pour le bâtiment " complètement obsolètes et pas du tout rentables ", pour se recentrer sur le pinceau d'art. Il opte pour la diversification en produisant dès 1967 des pinceaux de maquillage pour l'enseigne américaine Max Factor.

Une activité qui prend véritablement son envol dans les années quatre-vingt pour représenter 50 % du chiffre d'affaires aujourd'hui.

Marion Perroud

Marion Perroud

Journaliste

Entre 2012 et 2016, Marion Perroud a suivi, au sein de la rédaction de Chef d’Entreprise, l’actualité des TPE (artisans du bâtiment et [...]...

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