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La machine industrielle française sur la voie de la relance

Publié par Maëlle Becuwe le - mis à jour à
La machine industrielle française sur la voie de la relance

Depuis la création du ministère du Redressement productif, les mesures du gouvernement se succèdent en faveur de la reconquête industrielle. Elles redéfinissent le futur visage de la France industrielle. Un écosystème au sein duquel les entreprises ont leur carte à jouer.

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Le comité de pilotage de la Nouvelle France industrielle a validé, le 18 juin 2014, les feuilles de route de cinq nouveaux plans de reconquête industrielle, portant leur nombre à 21, sur les 34 qui doivent être dotés d'un plan d'actions, d'ici à la mi-juillet. Ces initiatives, censées dessiner les contours de l'industrie de demain, illustrent la volonté du gouvernement de relancer la machine industrielle française. Tout comme ces propos du président de la République, François Hollande, tenus lors de leur lancement, en septembre 2013 : "La Nouvelle France industrielle présentée aujourd'hui, c'est l'économie de demain, c'est la France dans dix ans."

Pourtant, selon les chiffres de l'Insee, l'industrie française ne représentait, en 2012, que 13,7 % de l'emploi et 12,5 % de la valeur ajoutée globale par branche. Une contribution à la baisse puisqu'en 2000, ils s'élevaient respectivement à 28 et 18 %. Ces chiffres sont toutefois à relativiser. Selon la direction générale du Trésor, 70 % des pertes d'emplois industriels observées entre 2000 et 2007 peuvent être imputés aux gains de productivité particulièrement importants réalisés dans l'industrie et à la réaffectation d'activités industrielles vers les services, comme le nettoyage des locaux, la restauration ou la comptabilité, désormais sous-traitées à des prestataires de services.

"C'est plus une évolution logique qu'une fatalité, tempère Vincent Charlet, directeur du think tank La fabrique de l'industrie. En revanche, on observe un phénomène plus inquiétant de perte de compétitivité de l'industrie française." Pointée du doigt par le rapport Gallois (Pacte pour la compétitivité de l'industrie française) en novembre 2012, cette perte de compétitivité trouverait sa source dans une industrie française restée bloquée sur un milieu de gamme, non différenciant, et incapable de rivaliser avec les industries haut de gamme ou les industries à bas coûts.

Face à cette nécessaire montée en gamme, l'industrie française doit donc s'orienter vers des produits à plus forte valeur, améliorer sa profitabilité et sa productivité. Une reconversion d'ores et déjà entreprise par les branches professionnelles, les ­entreprises et l'État. En effet, des mesures mises en place comme le CICE, le CIR, les investissements d'avenir, l'installation du Conseil national de l'industrie, le développement des pôles de compétitivité ou encore la politique des filières témoignent d'une volonté de réorganiser le paysage industriel.

La difficulté à recruter bloque la croissance

" Ces problèmes structurels de désindustrialisation et de perte de compétitivité peuvent être résolus dans 20 ans, mais pour réaliser cette transition, certains leviers vont devoir être actionnés ou renforcés ", assure Vincent Charlet. Le premier d'entre eux : la formation. La difficulté à recruter du personnel qualifié est un frein important qui bloque la croissance des entreprises industrielles.

La modernisation de l'appareil productif émerge comme le deuxième enjeu majeur de l'industrie française. Selon l'International federation of robotics, le parc français de robots industriels s'élevait à 33 624 unités en 2012, contre 161 988 en Allemagne. Un effort d'investissement des entreprises est ainsi nécessaire pour prendre le train de l'usine du futur et du digital et pérenniser leur activité. "Ce qui fera la compétitivité de l'industrie sera sa capacité à innover, à saisir les opportunités offertes par l'informatisation des processus de production et la mobilité du capital, et à utiliser les avantages compétitifs de la France comme ses infrastructures, ses institutions et son capital humain", détaille Sarah Guillou, économiste au département innovation et concurrence de l'Observatoire français des conjonctures économiques.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter l'article suivant:

- 30 millions d'euros collectés pour renforcer les entreprises industrielles

Trois questions à

Jean-François Pilliard, délégué général de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM)

L'UIMM a publié, en mars 2014, les résultats de son dernier baromètre de l'image de l'industrie. Que montrent-ils ?

Ils montrent, d'abord, que l'image de l'industrie progresse régulièrement depuis 2012. Sur l'ensemble des sondés, elle obtient une note de 6,94 / 10. À travers ces résultats, on observe également que l'industrie est associée, pour 55 % des répondants, à de bonnes conditions de travail et pour 54 % à un meilleur niveau de rémunération que dans les services, ce qui est vrai.

Quels sont les enjeux d'une telle image dans l'opinion publique ?

L'enjeu, c'est l'emploi. Il y a en France une situation paradoxale : d'un côté, on connaît un haut niveau de chômage, de l'autre, des chefs d'entreprise ne sont pas en mesure de satisfaire leurs clients, par manque de compétences en interne. C'est particulièrement vrai dans les PME à haute valeur ajoutée, qui s'exportent et cherchent à attirer des talents, mais qui souffrent d'un manque de visibilité, voire d'une image négative dans l'opinion. Or, cette question est centrale pour leur compétitivité.

Quels leviers peut-on activer pour changer cet état de fait ?

Il faut faire aimer l'industrie par le plus grand nombre. Cela passe par des actions de communication auprès du grand public. Ensuite, il faut adapter les outils de formation, qu'elle soit initiale ou continue, pour répondre aux besoins des industriels.


Évoluer avec la technologie et se développer à l'étranger

Si cette dynamique est encore un lointain futur pour certaines ­entreprises, d'autres misent sur ces leviers depuis plusieurs années et en récoltent aujourd'hui les fruits. C'est le cas de l'aéronautique, dont les carnets de commandes sont pleins pour les dix prochaines années, ou des énergies marines renouvelables.

En revanche, celles qui sont sur un marché saturé sont vouées à être rationalisées. " Si aucune filière n'est menacée de disparition, quel que soit le secteur, les entreprises qui se développeront dans les prochaines années devront évoluer avec la technologie, offrir plus de services et aller chercher les marchés là où ils se trouvent, c'est-à-dire à l'étranger ", estime Jean-François Pilliard, délégué général de l'Union des industries et métiers de la métallurgie.

En définitive, c'est bien la capacité de chaque entreprise à s'engager dans une vision moderne de l'industrie et de ses enjeux, et à y consacrer l'énergie et les moyens humains et financiers nécessaires, qui contribuera à dessiner le paysage industriel français de demain. Comme l'a souligné Jean-François Roubaud, président de la CGPME, lors du salon Planète PME, en juin dernier : " La France ne peut pas se passer de l'industrie. À l'inverse, penser que l'industrie peut continuer sur la lancée de la révolution industrielle serait également une erreur. "


Pour aller plus loin, vous pouvez consulter l'étude suivante:

- Enquête de l'INSEE sur les investissements dans l'industrie - Avril 2014

 
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