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Réformes : les patrons de PME en veulent toujours plus

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Réformes : les patrons de PME en veulent toujours plus
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De la réforme du marché du travail à la présentation de la loi Pacte, les réformes en faveur des entreprises ne cessent de bouleverser le quotidien des dirigeants. Mais qu'en pensent les patrons de PME présents lors de l'Université d'été du Medef mardi 28 et mercredi 29 août 2018 ? Témoignages.

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20 ans, l'âge de raison ? Pour les nombreux chefs d'entreprise présents lors de la vingtième édition de l'Université d'été du Medef qui se tenait mardi 29 et mercredi 30 août 2018 sur le campus HEC à Jouy-en-Josas, le temps est-il désormais venu pour saluer l'action du gouvernement ?

Le Premier ministre, Edouard Philippe, le 29 août 2018 à l'université d'été du Medef

Le Premier ministre, Edouard Philippe, le 29 août 2018 à l'université d'été du Medef

Fiscalité des entreprises, réforme du marché du travail, loi sur la formation professionnelle et l'apprentissage, loi Pacte, autant de réformes entreprises depuis 14 mois que n'a pas manqué de rappeler le Premier ministre Édouard Philippe lors du discours d'ouverture.

Chaleureusement applaudi par une assemblée déjà convaincue, il a défendu la politique de son gouvernement, sans pour autant tracer de nouvelles perspectives. Un discours en forme de bilan d'étape guidé par la volonté de l'Exécutif de réformer dans un contexte de contrainte budgétaire.

Il n'empêche, la dynamique entreprise depuis 14 mois semble satisfaire les patrons. "Ce gouvernement assume une vision, il n'a pas honte d'aimer les entreprises, le Premier ministre l'a redit, retient Frank Bonnot, dirigeant de Simpac, une PME de quinze salariés en Guadeloupe. L'environnement réglementaire et légal est simplifié. C'est une bonne direction".

Mikael Fock Yee

Mikael Fock Yee

Un avis positif partagé par Mikael Fock Yee, artisan torréfacteur et cofondateur de Mister Bean, une PME de dix salariés située dans les Yvelines : "C'est très positif. Ce n'est pas tant dans l'action, ni dans les mesures prises depuis l'élection mais plutôt dans les mentalités. On sent très clairement que le moral des gens est plus positif avec cette équipe gouvernementale pro-business".

Néanmoins, certains restent encore sur leur faim. "On avait beaucoup d'attentes lors de l'élection d'Emmanuel Macron", explique Paola Fabiani, fondatrice de Wisecom, un centre d'appel "nouvelle génération" qui compte 150 personnes et réalise 7 millions d'euros de chiffre d'affaires. Elle déplore le manque de moyens notamment alloués à l'innovation ou encore aux "difficultés de recrutement et à la formation".

De même, la baisse des seuils, une des mesures emblématiques de la loi Pacte - discutée à l'Assemblée nationale à la rentrée - et qui était demandée par les organisations patronales ne convainc pas suffisamment. "Il y aura des exonérations dans les cinq années qui viennent. Quid des autres années ? Le véritable gain serait d'avoir leur suppression totale. C'est une aberration de les avoir, fait savoir Isabelle Longchampt, dirigeante de deux PME dans le gros oeuvre et la charpente-couverture d'une dizaine de salariés chacune à Gardanne (Bouches-du-Rhône). Les contraintes sont multipliées par dix dès lors que vous franchissez 50 salariés. Rien d'étonnant à ce que la France soit championne du monde des PME de moins de 49 salariés".

Prélèvement à la source : inquiétude majeure

Prévue pour le 1er janvier 2019, le prélèvement à la source est aussi une source d'inquiétude pour les patrons interrogés. "Cette mesure nécessitera le recrutement d'une personne supplémentaire dans mon entreprise, essentiellement pour faire de la pédagogie avec les salariés. En plus, l'entreprise prend l'image du percepteur. Elle en devient ternie", déplore Paola Fabiani.

Un travail de médiation qui s'ajoute aux difficultés déjà présentes, selon Isabelle Longchampt : "Ils ne s'attendent pas à avoir une baisse de leurs revenus à partir de janvier. Il est dommageable que ce soit les entreprises qui fassent l'intermédiaire, explique-t-elle. Les PME ont déjà beaucoup de contraintes et nous allons devoir gérer cette inquiétude supplémentaire."

Par ailleurs, quelques jours après l'annonce par Bruno Le Maire du report à octobre 2019 de la mise en place de la baisse de quatre points des charges patronales au niveau du SMIC pour économiser deux milliards d'euros, Frank Bonnot relativise. "On n'est plus à quelques mois près. Le vrai sujet est d'aborder, ligne par ligne, l'équilibre budgétaire".

Paola Fabiani

Paola Fabiani

À l'inverse, Paola Fabiani regrette cette mesure qui va "inciter les entrepreneurs à payer leurs salariés au Smic. Est-ce cela qu'on recherche ? Je ne suis pas sûr. On reste sur un goût d'inachevé. Les mesures du gouvernement sont décalées et modifiées en permanence", dit-elle.

Pour Mikael Fock Yee, la transformation du CICE en baisse de charges pérennes est, elle, bienvenue : "Cela va nous donner de la visibilité même s'il faudra attendre octobre 2019 pour que tout soit en place".

La marotte de l'équilibre budgétaire

Sauf que le Medef ne serait pas le Medef si quelques voix n'en attendaient pas encore davantage. "Le sujet de fond, c'est l'emploi, avance Frank Bonnot. On est dans un contexte budgétaire contraint donc l'emploi passe par le développement des entreprises". Un enjeu qu'il souhaite voir davantage mis en avant. "Pour développer l'emploi, il faut le rendre attractif", argue-t-il.

D'autant qu'un autre enjeu, et non des moindres, semble mobiliser certains patrons : les dépenses de l'État. "La dépense publique est anormalement élevée, abonde Frank Bonnot. On ne peut pas cautionner que l'État dépense près de 60 % de son PIB par ses administrations. C'est inefficace. Imaginez si une entreprise faisait la même chose..."

Et Isabelle Longchampt d'affirmer : "Les mesures qui ont été prises depuis un an ne peuvent pas avoir d'effets immédiats. Les annonces de ces derniers temps sont des 'mesurettes' (sic). On n'a pas mis le bon coup de pied dans la fourmilière pour réduire le déficit public".

Une détermination que n'avait pas manqué de rappeler la veille, Geoffroy Roux de Bézieux devant le Premier ministre : "Il y a 20 ans, la dette représentait 40 % du PIB, elle en représente presque 100 % aujourd'hui. Il y a 20 ans, les dépenses publiques représentaient 52% du PIB, c'est 57 % aujourd'hui." Pour le président du Medef, la transformation du pays doit se poursuivre et passer par un effort sur les dépenses.

 
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