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SPORTIFS de haut niveau et CHAMPIONS en affaires

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Performance, défi, passion, rebond... Un vocabulaire commun à l'entreprise et au sport. La passerelle est-elle pour autant facile à franchir? D'aucuns l'ont fait avec succès.

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Wilfrid Forgues, en démonstration avec son ex-coéquipier, Frank Melisson, lors du championnat de France 2006 de canoë-kayak.

Wilfrid Forgues, en démonstration avec son ex-coéquipier, Frank Melisson, lors du championnat de France 2006 de canoë-kayak.

«Gagner des parts de marché ou des médailles, c'est un peu pareil.» Entre son métier de «patron» et ses défis sportifs, Daniel Kurbiel a assuré sur les deux tableaux. Champion de France de voile olympique en 2000, il crée Polaar en 2004 pour commercialiser une crème de soins pour homme à base de micro-algues polaires, Skin Ethics. Une aventure risquée, certes, mais qui n'a rien d'un caprice de star. Plutôt l'aboutissement d'une longue préparation. Avant de collectionner les médailles, Daniel Kurbiel est avant tout bardé de diplômes. En parallèle de la pratique de la voile de haut niveau, il a suivi des études à HEC Montréal et décroché un MBA à Aix-en-Provence. Autant dire qu'il n'a pas attendu la fin de sa carrière sportive pour préparer sa reconversion. «Les athlètes ne prennent pas toujours cette précaution, regrette André Camilli, responsable des programmes pour sportifs de haut niveau à l'EM Lyon. Et, à 30 ans, reprendre le chemin de l'école n'est pas une démarche facile.» Car le sportif en reconversion qui peut justifier d'une solide formation initiale part avec un avantage. «Pour convaincre mon banquier, mon MBA en management m'a été plus utile que mon titre de champion», confie Daniel Kurbiel. D'ailleurs, certaines grandes écoles concoctent des cursus sur mesure pour aider les athlètes à concilier la compétition sportive et la course universitaire. Et décrocher le précieux sésame qui assurera le succès de leur reconversion dans la vie «normale». Les athlètes de haut niveau sont d'ailleurs très courtisés par les entreprises, qui voient en eux des «employés modèles».

MTD FINANCE» Repères

- ACTIVITE: Conseil en gestion de patrimoine
- VILLE: Paris
- FORME JURIDIQUE: SA
- DIRIGEANT: Mathieu Toulza Dubonnet, 42 ans
- ANNEE DE CREATION: 1997
- EFFECTIF: 22 salariés
- CA AU 30/06/07: 3,2 MEuros
- RESULTAT NET AU 30/06/2007: 200 KEuros

Travailler ses points forts. Endosser un costume de salarié après la gloire du podium et le feu des projecteurs? Une perspective un brin étriquée pour des champions dont la carrière sportive s'essouffle alors qu'ils sont dans la force de l'âge. «Créer leur propre entreprise est donc un débouché naturel pour ces amateurs de sensations fortes», souligne Christophe Inzrillo, codirecteur du pôle formation de l'agence de marketing sportif Koroibos, qui formalise les pratiques du monde du sport pour les appliquer à l'univers de l'entreprise. Et selon lui, les analogies sont légion: «Pour atteindre l'excellence, un athlète de haut niveau concentre son travail sur ses points forts, au lieu de disperser ses efforts pour être, au final, moyen partout.» Idem pour un chef d'entreprise, qui doit savoir capitaliser sur ses atouts. «La transposition de cette «théorie des points forts» en entreprise trouve pourtant ses limites dans l'exigence de polyvalence du dirigeant, qui ne peut se permettre d'occulter ses faiblesses», convient Christophe Inzrillo. L'expert met aussi en garde contre les généralisations hâtives: tous les sportifs de haut niveau ne sont pas faits pour diriger une entreprise. «Certes, les athlètes ont une capacité de travail hors du commun et savent repousser leurs limites, mais, paradoxalement, ils sont souvent peu autonomes», pointe, de son côté, André Camilli (EM Lyon). Assisté par sa fédération, entouré en permanence par son coach et une équipe aux petits soins, un ancien champion peut se sentir bien seul dans le quotidien d'un patron... et perdre pied.

TEMOIGNAGE
Un sportif de haut niveau doit savoir encaisser les coups et rebondir, tout comme un dirigeant
MATHIEU TOULZA DUBONNET,
p-dg de MTD Finance

«J'ai toujours voulu être dirigeant d'entreprise. Ma carrière sportive m'avait préparé à cela.» Mathieu Toulza Dubonnet a connu deux vies de champion et deux vies d'entrepreneur. En 1989, il crée sa première entreprise dans l'industrie vestimentaire. Il a 24 ans et cinq titres nationaux de judo à son actif. «J'ai arrêté la compétition quand j'ai su que je ne pourrais pas devenir champion du monde.» Ce bourreau de travail investit alors toute son énergie dans le développement de son entreprise. Un échec cuisant: sous-capitalisée, celle-ci connaît de graves difficultés et laisse son créateur sur la paille. «C'était une réussite marketing et commerciale, mais je n'avais pas les reins assez solides pour en financer le développement», résume-t-il. Il ne jette pas l'éponge pour autant: «Un sportif de haut niveau doit savoir encaisser les coups et rebondir, tout comme un dirigeant d'entreprise.» Pour retrouver sa confiance ébréchée, l'ex-judoka se remet à la compétition sportive en 1992, mais en changeant de discipline. Ce sera le kung-fu, cette fois. Cinq titres de champion de France plus tard, l'infatigable athlète repart à la conquête du monde des affaires en créant MTD Finance, une entreprise de conseil en gestion de patrimoine: «Cette reconversion ne doit rien au hasard. J'ai suivi une formation de fiscaliste et fait du conseil en tant qu'indépendant pendant quatre ans, avant de me lancer.» Ses adieux au sport de haut niveau se feront un an plus tard: le temps de décrocher un dernier titre de champion d'Europe en 1998, et Mathieu Toulza Dubonnet peut enfin quitter l'arène. Enfin, pas tout à fait. Le p-dg de MTD Finance n'hésite pas à recruter ses collaborateurs dans les rangs des athlètes: sur ses 22 salariés, quatre sont d'anciens judokas, à commencer par son directeur commercial.

Le passage par le salariat se révèle alors une excellente transition avant de prendre les rênes de sa propre entreprise. C'est la voie qu'a choisie Wilfrid Forgues, qui a mené de front ses carrières de kayakiste et d'ingénieur. Son palmarès n'en a visiblement pas souffert: huit fois champion de France, trois fois champion du monde, médaillé d'or aux JO d'Atlanta et de bronze à Barcelone. Malgré la difficulté de concilier vie active et carrière de sportif de haut niveau, Wilfrid Forgues tient à préserver cet ancrage dans le monde professionnel, comme un précieux équilibre: «Le travail a toujours été un exutoire, presque un hobby, qui me permettait de sortir de la pratique exclusive de mon sport», témoigne l'ex-kayakiste. Chargé de projet à France Télécom de 1995 à 2000, il bénéficie d'un contrat aménagé afin de pouvoir continuer la compétition sans négliger sa carrière d'ingénieur. Un poste confortable, mais qui engendre une certaine frustration chez le jeune cadre: «Dans une grande entreprise, on n'arrive pas à palper l'impact de notre travail», regrette Wilfrid Forgues. En 2000, il crée donc sa société, Kelern- rebaptisée, depuis, Media Broadcast Technology -, qui propose des interfaces informatiques aux régies audiovisuelles. Aujourd'hui, sa société réalise 1,5 MEuros de CA et compte parmi ses clients Canal+, Radio France, TF1 et France Télévisions. Une reconversion réussie mais qui a aussi apporté au jeune homme son lot de désillusions. «Dans le milieu du sport, c'est le meilleur qui gagne et les règles du jeu sont les mêmes pour tous. L'univers des affaires n'a pas du tout la même éthique», regrette l'ancien champion, qui a dû apprendre à ses dépens l'importance des réseaux relationnels et du lobbying pour conclure des affaires.

Un précieux carnet d'adresses. La compétition dans le business serait-elle donc plus impitoyable que dans le sport? Guy Tisserant n'est pas de cet avis: «Un athlète de haut niveau ne peut pas exister en dehors du podium. En revanche, une entreprise peut trouver son marché sans être leader.» Autre sportif à la double casquette, Guy Tisserant est ingénieur de formation et champion handisport de tennis de table. Son palmarès est édifiant: quinze fois champion de France, quatre médailles d'or aux JO entre 1984 et 1996, quatre fois champion d'Europe et enfin champion du monde en 1998. Une carrière à la longévité exceptionnelle qui ne l'a pas empêché de s'investir dans son job d'informaticien. «20 heures d'entraînement hebdomadaires cumulées à 50 heures de travail, ça ne fait pas des semaines de 35 heures, s'amuse l'ancien pongiste. Mais ce rythme exigeant apprend aussi à hiérarchiser les priorités.» Et c'est avec cette même rigueur d'athlète que Guy Tisserant dirige TH Conseil, l'entreprise de conseils RH pour handicapés qu'il a créée en 2004. «En compétition sportive, on n'a pas le droit à l'erreur. Si on rate une finale olympique, il faut attendre quatre ans pour se refaire, raconte l'ancien champion. J'applique la même pression dans la gestion de mon entreprise, même si on a beaucoup plus de chances de rebondir dans le milieu des affaires.» L'apport du sport a eu aussi des traductions plus concrètes: au fil de ses rencontres et de ses voyages, Guy Tisserant s'est constitué un précieux carnet d'adresses, dans lequel il n'a pas hésité à puiser quand il a lancé son entreprise. Une recette qui porte ses fruits puisque TH conseil prévoit de doubler son chiffre en 2007 et compte parmi ses clients de prestigieuses références, telles SFR ou BNP Paribas.

 
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Houda El Boudrari

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