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Fusion nucléaire : vers une révolution énergétique ?

Publié par le | Mis à jour le

La fusion nucléaire et sa promesse d’énergie propre sont l’un des 9 enjeux du projet Demain. Ce projet porté par Bpifrance est une démarche collective de réflexion qui vise à préparer les entreprises aux révolutions en cours.

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Coup de projecteur sur la fusion nucléaire avec Marie-Anne Bechereau, Déléguée Innovation Bpifrance et Diego Cammarano, Chef de projet Renaissance Fusion, première start up française lancée dans cette course.

 

Qu’est-ce que la fusion nucléaire ? Pourrait-elle être l’énergie de demain ?

 

Marie-Anne Bechereau (Bpifrance) : La fusion nucléaire n’est pas la fission nucléaire. La fission est la réaction physique que l’on exploite actuellement dans les centrales. La fusion est la réaction opposée. Lors de la fission un noyau lourd se scinde en 2, quand pour la fusion ce sont 2 noyaux légers qui fusionnent. Cette réaction est celle qui se produit dans le soleil. Ses atouts : pas d’émissions de CO2, pilotable et programmable, pas de risque d’explosion, peu de déchets radioactifs.

Diego Cammarano (Renaissance Fusion) : Bien sûr ! Aujourd’hui, nous ne sommes pas suffisamment avancés pour que la fusion nucléaire puisse être utilisée mais d’ici 5 à 10 ans, l’objectif est de pouvoir mettre en place les premières applications en se connectant au réseau et en ayant un premier réacteur en marche.

 

 

Cet été 2021 a été marqué par une avancée majeure aux États-Unis. Où nous mènent ces annonces récentes ?

 

Marie-Anne Bechereau (Bpifrance) : Cette actualité est liée à un record qui utilise la méthode de confinement inertiel (lasers). Le 8 août dernier, aux États-Unis, le laser National Ignition Facility est parvenu à se rapprocher du seuil d’ignition, c’est-à-dire de la rentabilité énergétique (énergie créée > énergie utilisée). Des résultats similaires avaient déjà été obtenus par la méthode de confinement magnétique (aimants) en 1997. Toutefois, à ce jour, aucune des 2 méthodes n’est parvenue à atteindre ce fameux seuil d’ignition.

Diego Cammarano (Renaissance Fusion) : Les résultats de ce record sont encourageants. Le fait que l’on avance sur les 2 méthodes, confinement inertiel et magnétique, représente un espoir pour maximiser les chances de lever des verrous technologiques. Il y a 2 cartes à jouer donc 2 fois plus de possibilités. Il ne faut également pas perdre de vue que toute avancée technologique, même si elle n’atteint pas les résultats escomptés, peut être reprise pour d’autres applications ou secteurs.

 

 

Quelles sont les perspectives d’une exploitation industrielle de cette énergie ?

 

Marie-Anne Bechereau (Bpifrance) : Les perspectives se situent plus dans le champ du confinement magnétique. Le plus gros projet, porté par 35 pays, c’est ITER. Situé dans le sud de la France, ITER n’est pas un prototype de réacteur mais un laboratoire. L’idée est d’y faire des expériences qui permettront de construire un démonstrateur, DEMO. Celui-ci attestera de la faisabilité industrielle à horizon 2040. Il n’est cependant pas réaliste de compter sur la fusion nucléaire pour la transition énergétique et l’objectif de neutralité carbone à 2050.

Diego Cammarano (Renaissance Fusion) : L’une des premières applications industrielles pourrait être la production d’électricité. Dans les centrales à fission, à gaz et à charbon, la fusion pourrait prendre le relais. Ce ne serait pas la source d’énergie unique mais une composante d’un mix énergétique avec les énergies renouvelables. Générant de la chaleur, la fusion nucléaire pourrait aussi intervenir dans la production de béton ou d’acier. Générant de la chaleur, la fusion nucléaire pourrait aussi intervenir dans la production de béton ou d'acier.

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