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[Demain] La connaissance du microbiote, cap vers cette nouvelle industrie qui révolutionne la médecine

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Peau, nez, système digestif… Les pouvoirs de ces univers microbiens sont immenses et représentent un champ d’exploration foisonnant pour une révolution médicale déjà en marche.

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Point de vue d’expert et vision d’entrepreneur avec Ariane Voyatzakis, Responsable secteur agroalimentaire Bpifrance et Hervé Affagard, Co-fondateur de MaaT Pharma, start up pionnière en immuno-oncologie.

 

QU’EST-CE QUE LE MICROBIOTE ? QUELLES NOUVELLES PERSPECTIVES THERAPEUTIQUES EN FONT UNE REVOLUTION POUR LA MEDECINE ACTUELLE ?

Hervé Affagard (MaaT Pharma) : Le microbiote est une communauté écologique constituée de micro-organismes « qui nous veulent du bien ». Il comprend les bactéries, les champignons, les levures… Un bon microbiote se caractérise par une grande diversité bactérienne, en moyenne 250 espèces. A contrario, une personne ayant un microbiote altéré aura une moins bonne diversité bactérienne et sera dominée par certaines espèces ayant une activité inflammatoire. C’est dans le traitement de ces affections que réside le changement de paradigme pour la médecine. Il ne s’agit plus de tuer le microbe avec des antibiotiques mais d’utiliser le microbiote comme une source de médicaments.

Ariane Voyatzakis (Bpifrance) : La connaissance du microbiote ouvre des perspectives dans nombre de domaines dont les principaux sont la santé, l’agroalimentaire et la cosmétique. Dans le secteur de la santé, de nombreux liens de causalité entre plusieurs maladies (autisme, maladie d’Alzheimer, cancer, obésité…) et microbiote ont été mis en évidence et en font un champ d’exploration énorme pour de nouveaux traitements.

AV : Les enjeux de la filière microbiote sont à la hauteur de la valorisation de ce marché mondial estimé à 60 milliards de dollars. L’enjeu principal repose sur la recherche. C’est à ce niveau que doivent se situer les principaux investissements afin d’enrichir la connaissance, booster l’innovation et faciliter le développement et la mise en production des traitements.

HA : En complément de la recherche, il y a un enjeu de souveraineté. Ces technologies totalement nouvelles vont permettre de soigner des maladies que l’on ne soigne pas encore. Nous devons donc être maîtres de notre destin et mettre en place un cadre réglementaire adapté. Autre enjeu fondamental, c’est le développement de la capacité industrielle. Les produits microbiotes ont certaines spécificités. Par exemple, on ne peut pas les produire avec de l’oxygène ce qui nécessite des équipements spéciaux. En Europe, seules 2 sociétés (dont une en France) maîtrisent la production de ce type de produits.

AV : Il faut investir massivement dans la recherche. C’est une des priorités de l’Etat, dont Bpifrance est un opérateur, au travers de stratégies pour accélérer la recherche publique ainsi qu’en investissant dans des start up pour soutenir leur développement. La filière microbiote fait d’ailleurs partie du projet Demain qui porte la vision de Bpifrance sur les grands enjeux d’avenir.

HA : Depuis 2018, il y a une perte de leadership au niveau européen en raison de la baisse de la production scientifique et de l’arrivée de nouveaux acteurs. C’est pour reconquérir cette place de leader que j’ai co-fondé l’Alliance Promotion Microbiote qui fédère les acteurs publics et privés de la filière. La France a déjà pris des positions, notamment sur le plan réglementaire, et ces positions doivent être portées au niveau européen.

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