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Les Chinois à l'assaut des PME françaises

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Les Chinois à l'assaut des PME françaises

Décidées à ne plus rester les usines du monde, les sociétés chinoises rachètent des PME françaises pour bénéficier de transferts de technologies. Cet afflux massif d'investissements encourage les uns et effraie les autres. Explications.

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Les rachats ou prises de participation de groupes chinois dans des hôtels prestigieux (Marriott des Champs-Élysées), des châteaux, des vignobles bordelais, des groupes de tourisme (Club Med, Pierre & Vacances...) ou des clubs de football (FC Sochaux-Mont­béliard) font régulièrement les gros titres de la presse. Pourtant, on sait moins que les investisseurs chinois s'intéressent aussi, et même beaucoup, aux PME françaises.

Des ambitions fortes

Avec le ralentisse­ment de l'économie chinoise et l'essoufflement de sa consommation intérieure, la stratégie de l'Empire du Milieu est claire : chercher des relais de croissance à l'étranger. Le gouverne­ment central chinois a ainsi donné pour mot d'ordre aux entreprises publiques et privées d'investir en Europe. La Chine ne veut plus rester l'usine du monde et recherche les opportunités de transfert de technologies qui leur permettront de devenir des acteurs inter­nationaux. Les entreprises chinoises, jadis spécialisées dans les biens à faible valeur ­ajoutée, entament désormais une montée en gamme. Investir dans des PME qui ­maîtri­sent certaines technologies leur permet ­d'éco­nomiser des coûts de recherche. "Les ­repreneurs chinois cherchent à acquérir des ­compétences techniques et industrielles qu'ils ne possèdent pas encore", explique Antoine Brunet, économiste et président d'AB Marchés. Et Jean-François Di Meglio, président de l'institut de recherche Asia Centre, de compléter : "Les rachats concernent aussi des PME disposant de technologies qu'ils maîtrisent déjà, mais sur lesquelles ils peuvent superposer des brevets ou des améliorations ­particulièrement adaptées au marché chinois". Avant de s'intéresser à la France, les ­entreprises chinoises avaient mené la même ­stratégie auprès des PME allemandes.

En France, les investissements chinois se dirigent majoritairement depuis 2014 vers le tourisme, l'agroalimentaire et, surtout, l'industrie. "La Chine a beaucoup développé ces dernières années les secteurs des machines-outils et de la mécanique et continue d'investir dans ces domaines", précise Shi Shiwei, directeur de recherche de l'Université de commerce international et d'économie de Pékin. En 2012, le groupe d'imprimerie chinois Suzhou Kingswood a ainsi racheté le fabricant d'encres français Brancher, implanté à Tremblay-les-Villages, en Eure-et-Loir. Cette PME de 130 salariés aux 19 millions d'euros de chiffres d'affaires souffrait de la hausse des prix des matières premières. En l'échange de la sauvegarde des emplois et de l'activité, elle a apporté au groupe chinois un outil industriel très développé et performant.

Un impact en deux temps

Pour les PME rachetées, l'arrivée de ces nouveaux investisseurs chinois est souvent synonyme de maintien voire de création d'emplois, ce qui n'est pas négligeable en temps de crise. Au début de cette vague de rachats, les salariés craignaient une délocalisation de l'outil de production ou l'arrivée de managers chinois aux méthodes pas toujours adaptées à la culture française... Pourtant, avec le recul, les inquiétudes s'estompent peu à peu. Dans la plupart des cas, les investisseurs chinois maintiennent en poste les employés et les cadres de l'entreprise qu'ils rachètent, afin de conserver une main-d'oeuvre locale et bien formée. Lorsque le fabricant de tracteurs McCormick France Sas a été placé en liquidation judiciaire, le racheteur chinois Yto a ainsi effectué la transition sans aucune suppression de postes pour les 200 salariés basés à Saint-Dizier (Haute-Marne).

"La France est un pays qui vous attend."

Manuel Valls s'adressant aux investisseurs chinois lors de sa visite en Chine en janvier 2015.

Mais si ces rachats représentent une opportunité pour le maintien de l'activité des PME rachetées, ils ne constituent pas pour autant une garantie de croissance et de survie, et peuvent aussi parfois se solder par des échecs. En outre, en regardant la situation sur le long terme, le bilan de ces rachats sur le tissu industriel français risque de ne pas être aussi positif qu'à court terme : les transferts de technologies croissants en direction de la Chine pourraient un jour amener ces PME à se retrouver concurrencées par leurs propres produits, fabriqués moins cher, sur le marché international. "Nos entreprises industrielles se retrouvent filialisées et répondent plus à la stratégie de Pékin qu'aux ambitions de notre collectivité nationale. Peu à peu, nos PME et nos start-up voient leur développement asphyxié par la surcompétitivité qui émane des produits made in China", s'alarme Antoine Brunet (AB Marchés). Entre bouffée d'oxygène salvatrice pour les PME et menace pour le tissu industriel français, les avis restent aujourd'hui partagés... Une chose est sûre : malgré la récente dépréciation du yuan, la monnaie chinoise reste la deuxième du monde et, associée à des réserves financières importantes, elle va permettre aux Chinois d'investir ­massivement en France et en Europe pendant encore plusieurs années.

 
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