La Cité Digitale, un nouveau domaine dédié au numérique

Il y a quelques années encore, avant les premiers coups de pioche, se tenait la cave coopérative viticole de Le Soler, petite bourgade proche de Perpignan. Les raisins ont laissé la place aux caméras, les cuves aux studios d'enregistrement, les pépins aux pépinières ; seule la structure en béton du bâtiment principal évoque l'esprit brut de l'endroit, tel qu'il était avant. Autrement, le gap est énorme, car c'est désormais la Cité Digitale, ensemble dédié au numérique de 12 000 m², qui fait vivre le coeur de Le Soler.

Cédric O, ministre de la transition numérique, a fait le déplacement pour l'inauguration officielle, le jeudi 21 octobre 2021. " Cet établissement est représentatif de deux choses : non seulement le numérique est partout, mais il est une histoire de territoires. C'est pourquoi il est nécessaire de créer les bonnes structures qui forment des emplois d'avenir et changent l'image que le territoire a de lui-même, développe-t-il auprès de la presse présente ce jour-là. Il y a une forme de promotion sociale à travers le numérique. Il faut enlever la barrière des gens qui se disent que ce n'est pas pour eux. De tels endroits permettent d'abolir ces barrières. "

40 millions de chiffre d'affaires

La structure en question a nécessité 7,5 millions d'euros d'investissements. Plus de 70% ont été subventionnées par les pouvoir publics. Les autres 30 % sont financés par les loyers payés à la commune par l'Idem, l'école supérieure des métiers créatifs et numérique.

La Cité Digitale doit en effet réunir plusieurs organisations : le campus de Idem donc (soit 650 étudiants par an), l'espace culturel François Calvet, mais aussi, pour les entreprises, deux pépinières, la Maison des start-up et le Pôle Action Media. Ce dernier réunit plus de 80 entreprises des industries créatives, culturelles et numériques d'Occitanie et de Catalogne. " En tout, cela correspond à 40 millions d'euros de chiffre d'affaires cumulés ", glisse Flavien Noel, coordinateur du " Pam " qui ne comptait que 15 entreprises actives il y a 4 ans. Sur les 80 actuelles adhérentes, un quart est hébergé au Soler. " Notre ambition est de déployer nos entreprises au-delà de ce territoire, tout comme nous voulons attirer des entreprises qui ne sont pas d'ici ", ajoute Flavien Noel.

Exode sudiste

Une troisième pépinière devrait voir le jour en 2022, année de lancement également du Media Lab, pour des passerelles encore plus efficaces entre jeunes et entreprises. " C'est une expérience modélisable, elle peut se créer sur d'autres secteurs, d'autres territoires ", ajoute de son côté Pierre Roca, cofondateur de l'Idem.

Une quinzaine de start-up sont venues s'installer au Pam/Le Soler en 2021. D'après les responsables, elles sont nombreuses à vouloir les rejoindre. Pourquoi ? Des parisiens en mal de qualité de vie, une diaspora catalane qui rentre au pays et l'envie générale, encore une fois, de valoriser les régions. Le Soler bénéficie d'une position stratégique à deux heures de Barcelone, tout en proposant une certaine proximité avec la mer ou la montagne. Elle ne pèse pas encore autant que Montpellier ou Toulouse et c'est peut-être là l'avantage : il y a tout à y faire. Pour Cédric O, la Cité Digitale est " un modèle qui doit se développer ". Autrement dit, il faut le dupliquer, s'en servir comme d'une impulsion pour tout un espace. " Pour cela, il faut qu'il y ait la volonté politique et les infrastructures adéquates, convient-il. Il faut aussi de l'énergie et une vision du territoire ! " A la clé ? " Un récit positif de création d'emplois, de portée à l'international, de dynamisme ", assure-t-il. Cet écosystème du numérique, rendu possible avec la Cité Digitale, devrait y parvenir.