Le Medef au chevet de la filière agroalimentaire
Avec des restaurateurs qui ont tiré le rideau, comment se portent les revendeurs de viandes, fromages, légumes et autres produits agroalimentaires ? C'est la question qu'a posée Geoffroy Roux de Bézieux aux acteurs du secteur, lors d'une visite au Min de Rungis le vendredi 18 décembre 2020.
Je m'abonneDans les allées du marché international de Rungis, il est beaucoup question de restauration. Et plus particulièrement en ce matin du vendredi 18 décembre 2020. L'interdiction d'exercer des restaurateurs impacte-t-elle l'activité du plus grand marché de produits frais au monde ? A première vue, le rythme semble à peine ralentir.
A une semaine de Noël, les acteurs de l'agroalimentaire s'activent, mais surtout ils s'adaptent. Plus précisément, l'effervescence générale témoigne d'une " situation contrastée ", selon les mots de Geoffroy Roux de Bézieux. Le président du Medef a réuni une délégation de l'organisation patronale à Rungis, justement. L'objectif : s'enquérir de l'état d'esprit des professionnels du secteur agroalimentaire. " Certains produits dépendent beaucoup de la restauration comme par exemple le pavillon de la viande, qui souffre énormément. D'autres sont moins touchés comme les fruits et légumes qui vendent essentiellement aux marchés ou à la grande distribution, indique le patron des patrons. Mais dans l'ensemble, j'ai trouvé des entrepreneurs assez combatifs. "
Un impact encore difficile à estimer
D'un pavillon à l'autre, les professionnels s'accordent sur ce point de vue. A la marée, l'ostréicultrice Véronique Gillardeau déclare : " Les restaurateurs manquent terriblement. Heureusement, les poissonniers sont là. Tout le monde essaie de faire des efforts. "
Du côté des volailles, Gino Catena, directeur général d'Avigros préfère ne pas s'avancer et parle d'un " impact Covid sur l'année 2020, qui ne peut encore être quantifié. " A la boucherie, Francis Fauchère président d'Eurodis cherche d'autres axes de valorisation pour redorer le blason de son entreprise, comme par exemple la traçabilité de la viande. " Il faut créer un climat de confiance. Je ne suis pas l'Abbé Pierre de la viande, je suis un chef d'entreprise, qui a besoin de la production, des fournisseurs. Et ce n'est pas la faute du producteur si le marché est mauvais ", commente-t-il.
Le plus discours le plus optimiste est entendu au pavillon des fromages et produits laitiers, c'est celui de Bruno Borrel, président du groupe Odéon : " Nous sommes avant tout un produit plaisir et nous vendons peu aux restaurateurs. Les gens veulent retourner vers le terroir : cette année, nous n'avons jamais autant vendu de raclette ! "
L'écueil du Brexit
Stéphane Layani, président du Marché International de Rungis le confirme : en période de confinement, les Français plébiscitent leurs commerces de proximité. A défaut de se rendre au restaurant, ils ont besoin d'avoir un tiers de confiance, un prescripteur qui les conseillera dans le choix des produits. " Clairement, ils ont basculé vers les marchés de plein vent et les commerces locaux, qui ont gagné d'énormes parts de marché pendant le deuxième confinement ", insiste-t-il. Mais une autre ombre se dessine : le Brexit.
Rungis exporte dans le monde entier, fort d'un chiffre d'affaires d'un milliard d'euros par an à l'international. La Grande-Bretagne représente son principal marché. Et les conséquences pour les professionnels du Min se feront forcément ressentir. " Nous sommes inquiets des nouvelles formalités administratives pour l'exportation, des files de camions aux frontières ", confie Stéphane Layani. Reste donc à préparer le Brexit.
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Quant à Geoffroy Roux de Bézieux, il appelle de ses voeux de nouvelles mesures concernant la restauration, mais qui pourraient aussi s'appliquer au sport ou à la culture. " On attend de passer d'une interdiction générale d'ouverture à de la microchirurgie. " Et d'espérer pouvoir rouvrir les établissements à l'aube de 2021, dès que l'épidémie de Covid-19 aura atteint un niveau satisfaisant.