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Bernard Tapie, un entrepreneur au parcours surprenant

Publié par Sandrina Gomes Teixeira le | Mis à jour le
Bernard Tapie, un homme d'affaires aux mille facettes.
© Anne Thybert-Zaïonz
Bernard Tapie, un homme d'affaires aux mille facettes.

Vous le connaissiez sûrement, que ce soit via la télévision ou les journaux. Cela fait plus d'un an que cette personnalité surprenante est morte. Bernard Tapie était un homme d'affaires aux mille facettes, ayant touché un peu à tous les domaines.

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Télévision, chant, business ou encore politique, cet entrepreneur atypique a réussi en partant de rien. Cependant, son parcours et sa carrière ont toutefois été ponctués d'obstacles et de quelques problèmes. Retour sur le parcours de Bernard Tapie, sa vie et ses aventures dans cet article.

Bernard Tapie : une enfance modeste

Bernard Tapie est né le 26 janvier 1943 dans le 20ème arrondissement de Paris. D'un père ouvrier frigoriste et d'une mère aide-soignante, il a manifesté très tôt une grande énergie. Il était même intenable à l'école, au point qu'une de ses professeures ait dû l'attacher à sa chaise. C'était un élève moyen, ni trop bon ni trop mauvais, ce qui lui permettait de passer les classes de justesse. Ayant grandi dans un milieu modeste, il témoigne avoir été très bien entouré, surtout au niveau de l'éducation et de l'affection reçue par sa mère. Il travaillera l'été de ses 13 à ses 17 ans pour pouvoir se faire un peu d'argent de poche.

Il fera son service militaire au 93ème régiment d'infanterie au camp de Frileuse dans les Yvelines. Bernard Tapie se rend compte que seules les valeurs comptent dans l'armée et non plus le statut social : il se démarque grâce à sa forte personnalité et devient rapidement sous-officier, malgré son objectif de devenir officier. Il est libéré de ses obligations militaires en octobre 1963.

Le rêve d'être sous les projecteurs

Passionné par la musique, le jeune homme fait 4 ans de violon et joue un peu de piano. C'est également là qu'il se rend compte de sa passion pour le chant. Bernard Tapie s'essaie au théâtre et au cinéma sous le pseudonyme Bernard Pascal, mais malheureusement pour lui, cela n'aboutira pas. De même pour le chant, sous le pseudonyme Bernard Tapy. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il aura plus de succès dans ces domaines bien plus tard.

Les débuts du businessman

Bernard Tapie se met à faire de la vente au porte à porte pour une société appelée Télé Confiance. Il vend donc des téléviseurs après avoir été repéré par un vendeur qui lui disait que ses affaires ne fonctionnaient pas si bien. Il réussit à redresser ce business grâce à son baratin de vendeur.

Déterminé à réussir, il fera ses débuts dans l'entrepreneuriat en ouvrant plus tard un magasin d'équipement pour maison en 1966, Cercle n°1. C'est un premier échec cuisant car le magasin fera faillite en seulement quelques années. Il fonde en 1969 Club bleu, un groupement d'achats destiné aux achats en gros pour les comités d'entreprise. Il revendra Club bleu peu de temps après.

En 1974, il fondera avec Maurice Mességué l'entreprise Coeur Assistance qui propose grâce à un abonnement payant, un boîtier portable déclenchant une alarme lors d'un arrêt cardiaque, ce qui appelle immédiatement une ambulance. Cependant, le projet ne pourra pas suivre son cours dû à une plainte de l'ordre des médecins pour défaut de consultation. C'est ensuite le début des ennuis, où Bernard Tapie est condamné à un an de prison avec sursis pour publicité mensongère. En effet, il a déclaré que sa société avait cinq ambulances tandis qu'elle n'en avait que deux.

Son passé de repreneur d'entreprises

Bernard Tapie devient par la suite repreneur d'entreprises dans les années 80. Il achète des sociétés en faillite à moindre coût pour les revendre bien plus chères. Accompagné de deux équipes dont l'une analyse l'entreprise, les dettes et les bilans et l'autre audite les équipes en place, il cherche des entreprises au bord du dépôt de bilan. Il s'appuie sur une filiale du Crédit Lyonnais pour son financement. Il commence tout d'abord en 1977 avec la papeterie Duverger. L'entrepreneur français enchaîne ensuite la reprise d'entreprises : Teraillon, Look, La Vie Claire, Testut ou encore Donnay. Il reprend notamment en 1984 les entreprises Wonder et Mazda, deux fabricants de piles grâce à l'aide de Francis Bouygues. On retiendra la publicité culte où il apparaît plein d'énergie grâce aux piles Wonder.


Dix mois plus tard, il doit fermer une usine Wonder et laisse 244 employés à la rue. Cependant, les actions de l'entreprise bondissent de 560% et en 1989, il revend l'entreprise à un groupe américain pour 480 millions de francs, soit 72 millions d'euros aujourd'hui.

Bernard Tapie n'hésite pas à reprendre un tas d'entreprises pour un euro symbolique pour les relancer, mais ce n'est pas toujours un franc succès. En 1985, le Groupe Bernard Tapie possède 42 entreprises pour un chiffre d'affaires de 5 milliards de francs. Malgré ses nombreux échecs, comme notamment la société Coeur assistance, il réussit tout de même à devenir 7ème fortune de France en 1986.

En 1990, Bernard Tapie devient dirigeant et propriétaire de la marque Adidas, à ce moment au bord de la faillite concurrencée par d'autres marques telles que Nike. Pour l'acheter, il emprunte 1.6 milliards à une filiale du Crédit Lyonnais, puis revend la société en 1993 pour plus de 2 milliards de francs à un ensemble d'investisseurs.

Bernard Tapie, un amoureux du sport

En 1985, Bernard Tapie rachète le club de l'Olympique de Marseille pour un franc symbolique. Il est déterminé à propulser le club jusqu'au sommet, et il souhaite embaucher les meilleurs à n'importe quel prix. Il gère le club avec Michel Hidalgo, ancien footballer, avec qui il réussira à faire briller l'Olympique de Marseille. L'OM devient le club phare de la France et obtient quatre fois le titre de champion de France, une Coupe de France et devient le premier club français à remporter la Ligue des champions. Bernard Tapie est ravi de cet investissement et continue ses efforts pour faire vivre le club et son titre.

En 1984, Bernard Tapie fonde une équipe de cyclisme avec la Vie Claire. Son équipe remporte deux fois le tour de France, mais cette aventure prend fin en 1988. Il revendra La Vie Claire au groupe Distriborg de Régis Pelen en 1996.

Après son échec à Marseille, il revient à ses premiers amours, et se lance un grand défi sportif : faire la traversée de l'Atlantique le plus rapidement possible en voilier. Il décide alors de racheter le voilier Phocéa au navigateur Alain Colas et lors de sa deuxième tentative en juin 1988, il réussit à battre le record de la traversée de l'Atlantique nord en monocoque avec équipage, avec un temps de 8 jours, 3 heures 29 minutes et 32 secondes.

Une success story entrepreneuriale ponctuée de quelques scandales

Bernard Tapie tente d'acheter les châteaux de l'ancien président centrafricain Bokassa, en lui assurant que ses châteaux allaient être saisis par les autorités françaises. L'entrepreneur français lui dit qu'il n'y a qu'un seul moyen de les garder : les le lui vendre. Pris dans un scandale médiatique pour cette fraude, Bernard Tapie se sentira emporté par cette affaire. Il s'enfuira aux États-Unis pour essayer d'y échapper. Une fois là-bas, il se rendra au siège de l'ONU où il déclarera donner tous les fonds récoltés à une association humanitaire. Il se forge une réputation de véritable « Robin des Bois » lors de cette affaire Bokassa, qui prend aux riches pour donner aux pauvres. Cependant, à cause d'une plainte de Bokassa, la vente n'aura pas lieu. C'est un véritable coup de bluff de la part de Bernard Tapie, qui profitera de ce scandale afin de se forger une bonne réputation : il finit par faire la une du New York Times en 1979 grâce à l'affaire Bokassa.

Un autre scandale aura eu raison de Bernard Tapie : malheureusement, un match truqué contre Valenciennes lui ternit un peu sa réputation. Certains joueurs comme Christophe Robert ou encore Jorge Burruchaga déclarent avoir eu le droit à une certaine somme d'argent (environ 250 000 francs) s'ils laissaient passer les joueurs de l'OM lors du match. Le club est relégué en Ligue 2 et fait presque faillite, ce qui causera le départ de Bernard Tapie.

Une carrière médiatique enfin réussie

Bernard Tapie est très médiatisé : il passe à la télé, dans les journaux et il est même élu homme de l'année en 1984 par les médias.

C'est en 1985 que l'entrepreneur se remet à la musique. Il sort une chanson appelée « Réussir sa vie » qui rencontre un franc succès. puis il reprend à la télé française plusieurs chansons de variété. Ces apparitions répétées font de lui une véritable star du petit écran dans les années 80. Il fait quelques apparitions que ce soit dans des films, dans des émissions de télé ou encore des séries. Plus tard, en 2003, il tourne une série culte appelée Commissaire Valence, où il occupe le rôle principal. Il jouera également dans des théâtres pour plusieurs pièces où il incarnera des rôles souvent mis en lumière. Il anime également une émission à la radio sur RMC, appelée Allô Bernard où il répond aux questions des auditeurs.

Il présente sur TF1 l'émission Ambitions, qui a pour but d'aider de jeunes entrepreneurs dans leurs ambitions de création d'entreprise.

Et pourquoi pas faire de la politique ?

Sport, musique, divertissement, entrepreneuriat, il ne manquait que la politique pour faire carton plein. Bernard Tapie a réussi à se frayer une place dans la politique.

Lors des élections législatives, souhaitant s'ouvrir à de nouveaux horizons pour son quinquennat, François Mitterrand recherche des profils non politiques. Bernard Tapie semble être l'homme idéal pour la situation : il est élu député des Bouches du Rhône en 1989. Cette même année, il affronte dans un débat politique Jean Marie Le Pen, débat qui deviendra culte en France.

François Mitterrand décide de remplacer sa première ministre, Édith Cresson par Pierre Bérégovoy en 1992. Ce dernier veut imposer la présence de Bernard Tapie au gouvernement, et créé pour lui un poste inédit : ministre de la Ville. François Mitterrand le met en charge des quartiers difficiles mais à une seule condition : qu'il abandonne les affaires, incompatibles avec la politique. C'est ce que fera Bernard Tapie, non peu fier d'avoir ce nouveau poste. Il deviendra également député européen auprès de François Mitterrand.

Un cancer médiatisé

La vie de Bernard Tapie aura été pleine de rebondissements et d'événements marquants que ce soit au niveau politique, médiatique ou entrepreneurial.

En 2017, Bernard Tapie est diagnostiqué d'un cancer de l'estomac. Il souhaite médiatiser sa maladie. Il commence une chimiothérapie, mais son cancer s'étend. En 2018, il touche son oesophage puis arrive jusqu'à ses poumons en 2019. En 2021, son cancer atteint ses reins et son cerveau. Bernard Tapie s'éteint le 3 octobre 2021 dans le 7ème arrondissement de Paris. Beaucoup d'hommages lui seront rendus, notamment à l'Orange Vélodrome, le stade de l'OM.

Bernard Tapie était un homme aux mille facettes qui a réussi à se faire un nom et une carrière tout seul. Il laisse son empreinte sur le monde : il a été adoré mais aussi détesté. Cet entrepreneur français qui était parti de rien, a réussi à se créer une carrière dans de nombreux domaines, que ce soit dans la télé, le cinéma, le sport, la politique mais surtout l'entrepreneuriat.

 
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