REJOIGNEZ UN RESEAU, vous avez tout à y gagner
Associations, club d'affaires, syndicats, il existe une multitude de structures dédiées aux chefs d'entreprise. Quelle que soit leur vocation, les réseaux permettent aux dirigeants de sortir la tête du guidon.
Je m'abonneBouffée d'oxygène ; échange d'informations avec des pairs ; confrontation d'idées. Les mots ne manquent pas lorsque les chefs d'entreprise expliquent les raisons qui les poussent à adhérer à un réseau professionnel. Car, quels que soient l'association, le club d'affaires ou le syndicat choisi, le besoin de confronter sa situation à celle vécue par d'autres dirigeants est nécessaire. A la tête de Phythea, société spécialisée dans les compléments alimentaires et membre du Réseau entreprendre, une association d'aide à la création et à la reprise d'entreprises, Jean-Philippe Christoph parle même de «passion».
Aider et accompagner les entrepreneurs en herbe, telle est, justement, la vocation de certains réseaux. Ici, l'engagement peut être perçu comme une forme de bénévolat, le dirigeant consacrant une partie de son temps libre à aider de jeunes pousses à se développer. C'est le cas du Réseau entreprendre auquel adhère Jean-Philippe Christoph depuis 2002, date où il en a été lauréat et a obtenu un coup de pouce financier pour la création de sa société. Depuis, sa PME compte 45 salariés et le dirigeant donne de son temps pour accompagner de nouveaux entrepreneurs. «Je les écoute et les aide. Mon objectif ? Qu'ils trouvent, par eux-mêmes, les réponses à leurs questions», explique-t-il. Quentin Renard, dirigeant de Servyr, une entreprise de courtage en assurance de 75 salariés, et président du Réseau entreprendre 92 le concède volontiers : «Mon engagement a une vocation sociétale car les jeunes entrepreneurs sont des créateurs de valeurs, non seulement pour aujourd'hui mais surtout pour demain. » L'implication du dirigeant a donc un but précis : développer le tissu économique de sa région.
Dans le même esprit, France Initiative ou bien, à Paris, l'Institut du mentorat entrepreneurial proposent à leurs membres de parrainer de jeunes entrepreneurs afin que ces derniers profitent de leur expérience. La plupart du temps, une cotisation symbolique, de l'ordre de quelques centaines d'euros, est demandée aux membres. En revanche, il faut faire preuve d'une forte implication, y consacrer un peu de temps (environ une journée par mois) et jouir d'une certaine légitimité. Comprenez par là, avoir fait ses preuves en tant que dirigeant.
Un épanouissement personnel.
Dans un registre proche, d'autres réseaux professionnels mettent l'accent sur le développement personnel. C'est notamment le cas du mouvement Entreprises de taille humaine indépendantes et de croissance (Ethic), du Centre des jeunes dirigeants (CJD) ou bien de l'Association progrès de management (APM). Ces réseaux s'adressent principalement aux dirigeants en quête de sens dans leur démarche entrepreneuriale. Au programme : des débats sur des sujets d'actualité ou encore un questionnement sur la place de l'entreprise dans notre société. Caroline de la Marnierre, présidente de Capitalcom, une société parisienne de conseil en communication économique et financière, est membre d'Ethic depuis 2008 : «Nos réunions nourrissent ma réflexion, confie-t-elle. Elles m'apportent des éclairages et des points de vue différents sur des thématiques d'actualité. » Ce qu'elle cherche dans ce type de réseau ? «Comprendre les problématiques propres à des secteurs d'activité très éloignés du mien comme, par exemple, celui de l'industrie», affirme-telle. Des échanges entre dirigeants facilités par l'instauration d'une règle tacite : ne pas chercher à faire du business. C'est d'ailleurs cet état d'esprit «qui permet d'aboutir à des débats passionnants », précise Caroline de la Marnierre.
Si les réseaux évoqués plus haut ont pour vocation de permettre aux dirigeants de sortir de leur solitude, d'autres associations ou clubs ont un but plus pragmatique : faire du business.
Un accélérateur de business. Il s'agit essentiellement des clubs d'affaires tels que le club Réussir, implanté dans les Midi-Pyrénées, le Club d'affaires Atlantique, Business Network International (BNI), ou bien encore le Club d'affaires Ange- vin. Mais des réseaux plus transversaux, comme les Dirigeants commerciaux de France (DCF), peuvent aussi vous permettre de faire croître votre chiffre d'affaires. «En rejoignant de tels groupements, un chef d'entreprise gagne un avantage concurrentiel sur les dirigeants qui sont seuls », souligne Alain Bosetti, cofondateur du site Place des réseaux. C'est d'ailleurs ce que confirme Jean-Charles Duplaa, gérant d'Afib, une société bordelaise de formation informatique. Membre des DCF de Bordeaux depuis vingt-deux ans, il a déjà profité de son réseau pour démarcher des prospects : «La vocation de l'association n'est pas de permettre à ses membres défaire du business entre eux. Cependant, nous n'hésitons pas à échanger des informations. Il nous arrive même de mettre nos ressources en commun pour répondre à des appels d'offres. » Pour rejoindre l'un de ces réseaux, rien de plus simple. Dans un premier temps, adressez-vous aux Chambres de commerce et d'industrie (CCI) ou aux Chambres de métiers et de l'artisanat (CMA) de votre région. Celles-ci vous communiqueront la liste de différents réseaux d'affaires. Ensuite, une cotisation vous sera demandée. Elle est généralement comprise entre 350 euros et 800 euros par an, selon le club.
Dans un autre registre, certains dirigeants de PME décident de rejoindre des syndicats patronaux, tels que la CGPME, le Medef ou l'UPA. Le but ? Obtenir des conseils et un soutien. Ces structures disposent, en effet, d'une branche juridique qui informe et aide les dirigeants à se mettre en conformité avec la loi. L'organisation peut également intervenir lors des procès aux prud'hommes. «Des actions de lobbying sont parfois organisées, par exemple auprès des préfets, pour débloquer des situations concernant des permis de construire ou d'exploitation», ajoute Sébastien Horemans, dirigeant de Sebdo, une société de bâtiment basée près d'Amiens, et président de la CGPME de la Somme. L'entrepreneur souligne également que l'organisation défend les intérêts des petites structures lorsque l'Etat émet des appels d'offres. Parallèlement, ces syndicats peuvent vous aider à développer votre chiffre d'affaires. «Des speed meetings et des réunions d'information sont organisés. Ces rendez-vous m'ont permis d'accélérer ma croissance», souligne le dirigeant. La cotisation n'est pas très élevée. Elle dépend essentiellement de la taille de votre PME. Par exemple, l'adhésion d'une TPE sera de quelques centaines d'euros, tandis que celle d'une entreprise de 200 salariés atteindra plusieurs milliers d'euros.
Trouver le bon réseau. Face à cette multitude de réseaux - environ 10 000 en France -, comment faire le bon choix ? La première question à se poser est la suivante : «Quelles sont mes attentes ?» « Un chef d'entreprise se fixe des objectifs quand il met au point un plan commercial ou marketing. Il doit avoir la même démarche lors du choix de son réseau», soutient Alain Bosetti (Place des réseaux). Ensuite, vous devez vous demander si vous êtes capable de donner de votre temps sans rien attendre en retour. Surtout, n'oubliez pas que c'est sur le principe de confiance que fonctionnent les réseaux. Vous devez donc privilégier la transparence. Et ce, même lorsque vous abordez des sujets confidentiels. C'est ainsi que vous pourrez partager vos réussites, tout comme vos échecs. Par ailleurs, en consacrant un peu de temps à une activité annexe, vous prendrez du recul sur votre quotidien bien souvent stressant. Enfin, n'oubliez pas non plus qu'investir du temps dans son réseau, c'est aussi en gagner. C'est en effet un lieu privilégié pour nouer des contacts lesquels pourront devenir, à terme, des prospects ou des clients.
MAHOU AMBIANCE & RENOVATION >> repères
ACTIVITE : Bâtiment
VILLE : Guingamp (Côtes-d'armor) FORME JURIDIQUE :EURL
DIRIGEANT :Stéphane Drobinski, 42 ans
ANNEE DE CREATION : 1964
EFFECTIF : 13 salariés
CA 2009-2010 : 780 kEuros
RN 2009-2010 : 31 kEuros
TEMOIGNAGE: Le CJD est un lieu d'échanges et de formations STEPHANE DRONBISKI, gérant de Mahou Ambiance & Rénovation
Membre du Centre des jeunes dirigeants (CJD) des Côtes-d'armor depuis 2003, Stéphane Drobinski en a même été le président de 2006 à 2008. S'il a souhaité s'investir dans l'association, c'est pour deux raisons. Tout d'abord, parce que le CJD propose à ses membres des formations à l'entrepreneuriat. «J'ai fait Sciences-Po et une école de commerce, mais ce n'est pas sur les bancs de l'école qu'on apprend à devenir chef d'entreprise », explique-t-il. La seconde raison : l'échange d'expériences. «Mes discussions avec d'autres membres de l'association m'ont permis de valider mes projets ou, plus simplement, d'exposer mes problématiques liées à la gestion quotidienne d'une entreprise», souligne Stéphane Drobinski. Parler à ses pairs permet en effet de confronter ses pratiques à celles des autres. Et de s'ouvrir à différents points de vue : « Lors de nos réunions, les différents chefs d'entreprise prennent conscience qu'ils n'ont pas toujours raison », poursuit le dirigeant. au total, il consacre un jour par semaine à son réseau. Du temps «investi». Le gérant avoue en effet vivre «son engagement comme le prolongement de sa vie professionnelle». Ses conseils aux personnes qui voudraient rejoindre le CJD ? «Etre humble et connaître les valeurs véhiculées par le mouvement : mettre l'économie au service des hommes. »
Je suis engagé dans la vie économique et sociale de ma région. EDOUARD DE PENGUILLY, président de DFC
«Mon appartenance à un réseau est une forme d'engagement», affirme sans détour Edouard de Penguilly, dirigeant de DCF, une société de promotion immobilière. Le chef d'entreprise est aussi président d'Ile-de-France initiative, un réseau de 23 associations membres de France initiative, dont la vocation est d'aider les porteurs de projets à créer ou reprendre une société. « Ce qui m'a poussé à rejoindre le mouvement en 2008, c'est cette volonté d'aider et d'accompagner les jeunes entrepreneurs», confie-t-il. Concrètement, les membres du réseau interviennent à toutes les étapes de la création d'entreprise. «En amont, nous aidons les entrepreneurs à mettre au point leurs business plan et leur prodiguons des conseils sur leur stratégie de développement», détaille Edouard de Penguilly. En aval, France initiative attribue des prêts d'honneur à taux 0 %. Les membres de l'association suivent aussi les jeunes entrepreneurs pendant trois ans, via un système de parrainage. «C'est un appui personnalisé. Nous apportons notre expérience et notre réseau relationnel, ainsi qu'un soutien moral. » Le dirigeant consacre, au total, un tiers de son temps à son réseau. «C'est conséquent, mais je peux me le permettre. Mon directeur général fait bien son travail», avoue le chef d'entreprise. Un temps qui n'est pas perdu, puisque cet engagement peut avoir, dans certains cas, des retombées commerciales : «Ma société joue un rôle important sur son territoire économique. Un argument qui peut favoriser mon entreprise lorsque je réponds à certains appels d'offres, car je travaille exclusivement avec des villes.» L'art d'allier l'utile à l'agréable.
DFC Repères
ACTIVITE : Promotion immobilière
VILLE : Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)
FORME JURIDIQUE : SA
DIRIGEANT : Edouard de Penguilly, 62 ans
ANNEE DE CREATION : 1994
EFFECTIF : 9 salariés
CA 2009 : 60 MEuros
RN 2009 : 3 MEuros
COMPRENDRE: Les trois erreurs à ne pas commettre lorsque vous rejoignez un réseau
Vous venez de rejoindre un réseau professionnel et vous souhaitez vous y investir ? Voici les impairs à ne pas commettrepour éviter que l'expérience tourne court.
1 ETRE RETENTIEUX
Pour Alain Bosetti, cofondateur du site Place des réseaux, un dirigeant qui vient d'arriver dans un club professionnel, quel qu'il soit, doit être humble. «Il n'y a rien de pire que le patron qui sait tout sur tout et a déjà tout vu», affirme-t-il. Dans un premier temps, l'expert conseille donc d'être à l'écoute et dans une démarche de partage des expériences.
2 VOULOIR FAIRE DU BUSINESS À TOUT PRIX
Le faux pas lors d'un cocktail ? Vouloir absolument mettre en avant votre société et vos produits. «Et ce, même dans un club d'affaires !», tonne Alain Bosetti. il y a un temps pour tout. Tout d'abord, présentez-vous aux autres membres de l'association. Car, quel que soit le réseau, les dirigeants préfèrent travailler avec les personnes qu'ils connaissent déjà et en qui ils ont confiance. « Il faut apprendre à se connaître. Ensuite, les affaires se feront d'elles-mêmes », assure Benoît Yakoven ko, cogérant de Coliwest, une société de transport, et membre du Club affaires atlantique depuis 2008. il se souvient d'ailleurs d'un nouveau membre qui l'avait démarché au bout de quelques jours seulement : «Une méthode que j'ai trouvée agressive et déplacée», témoigne le chef d'entreprise.
3 DONNER DES LEÇONS
Evitez de juger la façon dont est organisé le réseau. Même si certains points peuvent faire l'objet d'améliorations comme, par exemple, le nombre de réunions ou le choix des horaires. «Les donneurs de leçons sont toujours mal vus par les anciens membres. Faites vos preuves et montez dans les échelons, vous aurez alors tout le loisir d'améliorer le fonctionnement du réseau», conclut alain Bosetti.