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Pour ou contre la réforme des stages?

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Demain, les stages seront peut-être obligatoirement rémunères et strictement encadrés par la loi. En élaborant ce projet de loi, le gouvernement entend donner un statut aux stagiaires. Mais ne risque-t-il pas de décourager certains employeurs?

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«Une hérésie.» C'est ainsi que Didier Corpet qualifie le projet de décret rendant obligatoire la gratification financière attribuée aux stagiaires à partir du quatrième mois de stage. «Les entreprises n'ont pas attendu le gouvernement pour rétribuer leurs stagiaires», tempête le président du fabricant d'équipements de maintenance havrais TCEM. Comme d'autres, ce dirigeant souhaite garder sa liberté en la matière: «Je veux pouvoir décider de gratifier les bons éléments et, au contraire, de ne rien donner à ceux qui m'ont déçu...» Décision que les chefs d'entreprise n'auront bientôt plus le loisir de prendre. Le ministre du Travail, Xavier Bertrand a, en effet, présenté, le 17 octobre dernier, un projet de décret qui rendrait obligatoire la gratification des stages étudiants en entreprise, et lui fixerait un plancher de 380 euros mensuels (29,6% du Smic) à partir du quatrième mois de stage. En vertu d'un décret paru l'an dernier, l'entreprise ne paie pas de cotisations sociales sur ce montant. Ce texte complète la loi sur l'égalité des chances du 31 mars 2006, qui contraint l'entreprise, l'école et le stagiaire à signer une convention tripartite, limite à six mois la durée des stages «hors cursus scolaire«et définit le périmètre des tâches qui peuvent être confiées aux jeunes. Exit les stages pour pallier un surcroît d'activité ou pour un remplacement de congé maternité. Les chefs d'entreprise qui s'y risquent pourraient être convaincus de»travail dissimulé«. Mais alors, où placer la frontière entre stage et emploi? «Lors d'un stage, l'étudiant doit effectuer des missions qui ne sont pas des travaux réguliers exécutés par un salarié permanent», explicite Sophie Bonnefond, auteur de l'ouvrage Le statut des stagiaires Editions SEFI, 2006 . D'après cette dernière, ce nouveau statut va assainir et faciliter les relations entre les entreprises et les étudiants: «Chacun a, désormais, un cadre juridique auquel se référer.» De fait, Katia Blanc, responsable des relations avec les recruteurs à l'école de commerce Euromed Marseille, constate un regain de sérieux dans la rédaction des conventions de stages: «Sans parler de révolution, cette loi a remis le sujet au coeur des discussions, observe-t-elle. Les entreprises et les étudiants font plus attention aux contours et à la qualité des stages.» Car les sociétés qui bravent la loi s'exposent à ce que les stagiaires aillent frapper à d'autres portes... Un vrai risque pour des PME en mal déjeunes talents. «Le stage allonge la future période d'essai en vue d'un possible recrutement, analyse Nathalie Olivier-Bichard, dirigeante du cabinet parisien RH conseil PME Auteur de La boîte à outils RH de l'entrepreneur, Dunod, 2006 . En outre, il permet à l'entreprise d'avancer sur des dossiers laissés en jachère faute de temps. Un étudiant peut, par exemple, refondre une plaquette commerciale ou mener un audit en ressources humaines.» Selon la dirigeante, la réussite d'un stage tient au processus de recrutement du stagiaire. «Comme pour un CDI, le dirigeant doit définir un profil de poste et s'interroger sur les compétences et les missions visées et les moyens mis à la disposition du stagiaire. Rien de pire qu'un jeune qui débarque sans savoir où s'installer ni que faire...»

LAURENT DURGEAT, gérant de PRFormance

LAURENT DURGEAT, gérant de PRFormance

POUR

Cela devrait assainir le marché


Marqué à vie par une mauvaise expérience de stage dans un comité départemental du tourisme, Laurent Durgeat estime que la réforme du statut des stagiaires est une excellente avancée.
Le gérant de l'agence»de conseil en communication» PRFormance salue tout particulièrement le projet de décret sur la rémunération: «Je sais qu'il existe des abus. Cette réglementation devrait un peu assainir le marché. Si l'on veut un stagiaire de qualité, il faut être prêt à le payer pour les efforts accomplis.» Pour sa part, Laurent Durgeat verse aux jeunes qu'il accueille une rétribution de 370 euros par mois.
De plus, au-delà de la gratification, il estime normal de consacrer du temps au stagiaire. Aussi évite-t-il de prendre des stagiaires pendant les périodes de forte activité. «Je n'aurais pas le temps de m'en occuper...», reconnaît-il. S'en occuper, cela signifie, pour lui, élaborer un plan de stage. «Leur mission est toujours déconnectée des tâches quotidiennes et récurrentes. Je peux leur proposer, par exemple, un audit de notre marque ou un bilan des actions de l'année. Dans tous les cas, une mission circonscrite dans le temps.» Côté management, Laurent Durgeat prend son rôle de tuteur très au sérieux. De fait, il opère un suivi régulier de l'avancée des travaux mais reste assez souple sur le temps de travail: «Lorsque les stagiaires s'investissent sérieusement, à défaut de leur octroyer une prime, je leur donne des jours de congé...»

PRFORMANCE - Repères

- ACTIVITE: Conseil en communication et formation
- VILLES: Paris (Xe)
- FORME JURIDIQUE: SARL
- ANNEE DE CREATION: 2007
- DIRIGEANT: Laurent Durgeat, 37 ans
- EFFECTIF: 3 salariés
- CA 2006: 465 KEuros
- RESULTAT NET: 19 kEuros

PIERRE-OLIVIER CARLES, cogérant de Stonfield InWorld

PIERRE-OLIVIER CARLES, cogérant de Stonfield InWorld

CONTRE

Je ne veux pas trinquer pour les autres


Dans les faits, la nouvelle loi ne changera rien pour Pierre-Olivier Caries: cela fait bien longtemps qu'il offre à ses stagiaires une gratification de 380 euros par mois. Mais la perspective que cette pratique devienne obligatoire lui fait monter la moutarde au nez: «Si c'était le cas, je ne recruterais plus de stagiaires!», tempête-t-il. Ce partisan de la flexibilité veut pouvoir décider librement de sa politique salariale, y compris s'agissant des stagiaires. A ses yeux, l'argent ne devrait pas être le ressort principal du stage: «La rémunération d'un stagiaire, c'est avant tout la richesse d'expérience que lui apporte l'entreprise. Au début, il ne sait rien faire...»
De même, le chef d'entreprise critique l'idée d'une convention de stage décrivant de façon exhaustive le contenu de la mission: «Un stage, c'est en quelque sorte un troc dans lequel chacune des deux parties fait confiance à l'autre. Pour cela, nas besoin Ode contrat écrit. D'autant que dans les conventions, quelques-uns continueront à jouer sur les mots. En guise de stage en «optimisation commerciale», certains étudiants feront de la télévente...»

STONFIELD INWORLD - Repères

- ACTIVITE: Conseil en communication et formation
- VILLES: Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) et Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées Atlantiques)
- FORME JURIDIQUE: SARL
- ANNEE DE CREATION: juillet 2007
- DIRIGEANT: Pierre-Olivier Carles, 37 ans
- EFFECTIF: 7 salariés
- CA PREVISIONNEL 2007: 1 MEuros

 
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Sylvie Laidet

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