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L'homme qui veut devenir patron des patrons

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En 2013, Hervé Lambel, gérant de la TPE HLDC et président de l'association d'entrepreneurs Créateurs d'emplois et de richesses de France (Cerf), se lance à l'assaut de la présidence du Medef. A 47 ans, cet entrepreneur atypique s'appuie sur sa pugnacité et son héritage familial pour faire la différence.

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Un petit patron à la tête du Medef? Hervé Lambel, gérant de la société de production audiovisuelle et de spectacles vivants HLDC (lire l'encadré, p. 77), est décidé à prouver que c'est possible. En effet, à 47 ans, il annonce, fin août, sa candidature à la succession de Laurence Parisot. Refiscalisation des heures supplémentaires, Banque publique d'investissement, compétitivité de l'économie française... Pugnace, l'entrepreneur compte bien faire entendre une autre voix dans le débat d'ici à l'élection de juillet 2013. Derrière une barbe poivre et sel, l'homme ne mâche pas ses mots. Le regard déterminé, voilé par de fines montures, il déroule point par point un discours sans ambages, rodé par plus de 12 ans de militantisme syndical pour les TPE-PME. Si sa candidature est atypique, son parcours l'est tout autant. De la gestion de filiales pour une brasserie suisse à la création de son entreprise en 2009 en passant par l'organisation de tournages pour le cinéma, la gestion du service livraison d'un grossiste à Rungis ou encore une collaboration à un projet de start-up dans le numérique... En 1985, il intègre l'Ecole des praticiens du commerce international (EPSCI) rattachée à l'Essec Business School de Cergy-Pontoise (Val d'Oise). Avant de décrocher son diplôme en 1988, il effectue notamment l'un de ses stages au service international de la Chambre de commerce de Dallas au Texas. « C'est ainsi que j'ai découvert le «Small business act» à l'américaine. Une expérience qui m'a beaucoup inspiré par la suite, dans le cadre de mes différentes missions syndicales », note-t-il. Hervé Lambel cumule les casquettes professionnelles - parfois plusieurs à la fois - et n'a clairement pas connu un parcours linéaire. « Je suis passé par des fonctions et des secteurs d'activité très différents mais cela m'a permis de m'adapter, de repousser mes limites, d'explorer l'étendue de mes capacités et de mes ressources. »

L'empire familial

Une carrière hétéroclite à mettre en perspective de son histoire familiale. « Comme Obélix et la potion magique, je suis tombé dans l'entrepreneuriat quand j'étais petit », plaisante-t-il. Chez les Lambel, la soif d'entreprendre est en effet une tradition qui se transmet de génération en génération. Le jeune Hervé participe d'ailleurs dès son plus jeune âge aux activités du groupe familial créé par son père Louis Lambel, aujourd'hui disparu. Parti de rien, son père, véritable serial entrepreneur, bâtit un empire au coeur de la capitale. A la tête du Restaurant du Havre, dans le quartier de la gare Saint-Lazare, il diversifie ses activités dans le commerce de vêtements, de chaussures, de jouets et de caoutchouc. «Je me revois à 11 ans, à Rungis allant faire les achats du restaurant avec mon père. Je participais aux discussions qu'il avait avec d'autres chefs d'entreprise. Cette culture-là est pour ainsi dire dans mes gènes », analyse Hervé Lambel. Un héritage entrepreneurial de taille dont les actifs sont cédés en 1992. C'est également sur les traces du syndicaliste Louis Lambel que s'engage son fils. Investi dans le syndicat des hôteliers, restaurateurs et limonadiers (SHRL), Lambel père confonde notamment la CGPME Paris... Un engagement dans le monde patronal qui s'exprime sur le tard pour Hervé. Sur la proposition de son père, il rejoint, en 2000, la section du IXe arrondissement de la CGPME... et la quitte deux ans plus tard, toujours à ses côtés. «Je ne peux pas me satisfaire de la non prise en compte de problèmes majeurs pour les entreprises sans tenter de trouver des solutions, insiste le militant. A l'époque, le monde patronal n'arrivait pas à se positionner sur la question cruciale des 35 heures. Nous avons essayé en vain de faire bouger les lignes en interne.» Insatisfaits, ils relèvent leurs manches et créent le Cerf, une association où ils vont pouvoir porter haut et fort leurs valeurs et idées. Neuf ans plus tard, l'organisation revendique environ 3000 adhérents, surtout des dirigeants de TPE-PME. De la défiscalisation des heures supplémentaires à la refonte du système de financement des organisations patronales, le porte-parole du Cerf s'illustre par des prises de position sans concessions, notamment lors du krach boursier de 2008 (lire l'encadré ci-contre). Quoi qu'il advienne de sa candidature à la présidence du Medef, on peut compter sur ce passionné et adepte de ski acrobatique pour retomber sur ses pattes.

SES PREMIERES FOIS

Ses premiers pas dans l'entreprise
Dès l'adolescence, Hervé Lambel travaille pour le compte des différentes entreprises familiales. Son premier job? Gardien du gigantesque parking souterrain (11 étages) construit par son père dans les années soixante au coeur du quartier de la gare Saint-Lazare, à Paris. Par la suite, il endosse successivement les costumes de caviste, garçon de salle, gérant et directeur du restaurant du Havre mais également vendeur dans la Maison du caoutchouc, boutique gérée par sa mère. « J'ai toujours travaillé sans m'en rendre compte. La meilleure école pour apprendre! »
Son premier projet entrepreneurial
Entre 1995 et 1997, il investit dans un projet de création d'entreprise liée à la commercialisation de films en streaming sur Internet auprès du grand public avec un volet B to B. Mais les grèves massives de 1995 et les freins technologiques liés aux faibles performances de l'ADSL à l'époque ont finalement raison de cette initiative. « Entre-temps, devenu père, mes obligations familiales ont accéléré mon désengagement du projet. »

SES DERNIERES FOIS

Sa dernière fierté
«En février 2008, j'attirais l'attention du gouvernement sur l'urgence de la situation économique. Au mois d'avril, le Cerf alertait les médias sur la gravité de la crise. Au mois de mai, j'apportais des propositions pour un premier plan de relance, raconte Hervé Lambel. Certaines de nos propositions, comme la défiscalisation des heures supplémentaires, ont été reprises par le gouvernement. »
Sa dernière entreprise
Hervé Lambel crée en juin 2009 HLDC, société de production audiovisuelle et de spectacles vivants, «pour porter des projets qui [lui] étaient propres». Après avoir produit une pièce au Festival d'Avignon, en 2011, la SARL (CA de 30000 euros en 2011) investit en 2012 dans L'Arche part à 8 heures, une pièce d'Ulrich Hub, jouée à Paris au Théâtre du Petit-Saint-Martin (Xe arr.)

BIO EXPRESS

17 avril 1965
Naissance à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).
1988
Diplômé de l'EPSCI.
2000
Intègre la CGPME Paris.
2003
Création du Cerf.
2009
Décès de son père, Louis Lambel. Création de sa société de production HLDC.
2012
Candidature à la présidence du Medef.

 
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MARION PERROUD

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